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POP-ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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- Membre : Genesis

Tony BANKS - A Curious Feeling (1979)
Par BAKER le 22 Novembre 2019          Consultée 713 fois

Certains albums ont plus d'importance pour ce qu'ils représentent que pour ce qu'ils sont. Avec le premier album solo du "pianiste de GENESIS" (selon l'autocollant de la version française), c'est clairement l'inverse. Ce disque se suffit à lui-même en tant que chef-d'oeuvre absolu d'un style particulier, difficile à définir mais si aisé à adorer, le romantisme néo-pré-prog-punk. Quoi ? Ma diatribe est stupide et incompréhensible ? Toutafé. C'est idiot de vouloir qualifier un tel bijou.

En 1979, GENESIS prend quelques vacances bien méritées. Les 5 dernières années n'ont pas été de tout repos. Tandis que leur ancien acolyte (voyageur) Steve HACKETT a solidement débuté sa carrière solo, et Peter GABRIEL itou, les then-there-were-three commencent à regarder dans leur coin si l'herbe est plus verte dans le pré d'à côté. Le premier à dégainer son album solo est Tony, au coeur de ce que l'on peut clairement appeler son âge d'or, débuté avec Wind & Wuthering (voire une partie de l'album précédent, cf "Mad Man Moon") et qui culmine ici avant un Duke qui montrera de fort jolis restes. Que vous évoque Tony BANKS à la fin des années 70 ? Le spleen, la nostalgie, le romantisme (au sens SCHUBERTien du terme), et l'automne. Surtout l'automne.

La magie opèrera donc, c'est extrêment rare, dès le PREMIER accord du disque. Ce son... caverneux et brillant à la fois... cette expressivité qui doit bien plus à BEETHOVEN qu'à YES... ces accords majestueux, cette façon de tourner autour des harmonies, d'envelopper l'auditeur dans un cocon sonore dont on ne sait s'il est moelleux et accueillant ou simplement requis pour survivre à l'hiver qui s'approche. Dès "From the Undertow", le charme scintille : le piano est excessivement brillant, les synthétiseurs glacés et pétris d'un symphonisme exacerbé. Puis vient la première chanson, et le paysage est définitivement posé : la voix est chaleureuse et toute en finesse, avec un léger accent. La frappe de Chester Thompson est impeccable et autour BANKS s'en donne à coeur joie. Piano, synthés, solos, guitares 12 cordes voire électrique (l'ombre de son pote HACKETT est plus que présente sur "The Waters of Lethe"), c'est un festival, mais jamais gratuit. Tout est dans la mélodie, l'ambiance, le sentiment. Titre après titre, BANKS déroule un tapis musical d'une richesse et d'une générosité hors du commun.

La qualité d'écriture est simplement fantastique. "You" qui débute timidement avant de lâcher les chiens, le binôme "Lie" à la fois prog et tubesque, le très engageant "Lucky Me", les essentiels instrumentaux, pratiquement chaque minute est un régal. Même les deux derniers titres, beaucoup plus légers et optimistes, possèdent ce petit côté "destinée" (la fatalité, pas la chanson de Guy MARCHAND) qui rend le tout un peu plus amer que prévu, avec ce retour à l'innocence de l'enfance, pas par émerveillement, mais par maladie. D'autant que le disque est un album-concept qui en tant que tel, tant musicalement que textuellement, se tient admirablement. Seule, "Somebody Else's Dream", par ailleurs la plus longue plage du disque, a du mal à captiver l'auditeur jusqu'au bout, de par son côté un peu pataud et trop appuyé - quoique BANKS y arrive très bien à faire passer le sentiment de plongée dans la folie et les abysses de l'oubli.

En tant qu'album de rock (semi) progressif intelligent et émotionnel, A Curious Feeling est une absolue réussite, un modèle du genre, dont la production aux sons très datés finit par en devenir, justement, intemporelle. Mais au-delà du chant sensible et universel, des arrangements, des textes, on pourra aussi apprécier cet album en tant que concerto pour piano. La sensibilité de BANKS à cet instrument, électrique ou pas, est telle qu'il se hisse par moments aux sommets jadis atteints par CHOPIN ou RACHMANINOV. Il y a plus que de l'intelligence dans ces constructions alambiquées d'accords soyeux, il y a aussi une formidable créativité et une générosité mélodique frisant l'insolence. Déjà sublime en 33 tours d'origine, ce disque est ressorti dans un 5.1 étonnamment réussi, plaçant l'auditeur au coeur de ce foutu piano CP-70 dont le son n'a jamais été égalé. Très loin des épopées "princesses et licornes" des keyboard-heros de l'époque, A Curious Feeling est l'apogée d'un être humain racontant une histoire humaine à travers un art humain. Un essentiel de la pourtant si riche décennie 70.

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   MARCO STIVELL

 
   BAKER

 
   (2 chroniques)



- Kim Beacon (chant)
- Chester Thompson (batterie, percussions)
- Tony Banks (claviers, guitares, basses, percussions)


1. From The Undertow
2. Lucky Me
3. The Lie
4. After The Lie
5. A Curious Feeling
6. Forever Morning
7. You
8. Somebody Else's Dream
9. The Waters Of Lethe
10. For A While
11. In The Dark



             



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