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1980 Killing Joke
1981 What This For... !
1985 Night Time
1994 Pandemonium
1996 Democracy
2003 Killing Joke 2003
2006 Hosannas From The Bas...
2015 Pylon
 

- Style : Alaric
- Membre : Jaz Coleman
- Style + Membre : Ministry, Prong
 

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KILLING JOKE - Pandemonium (1994)
Par STREETCLEANER le 2 Février 2010          Consultée 6071 fois

Après avoir été une référence pour de nombreux groupes d'Indus (GODFLESH, MINISTRY, PRONG, FEAR FACTORY, NIN entre autres) sans en être alors un lui-même, il était presque logique que tôt ou tard KILLING JOKE se confronte à ses héritiers qui se revendiquent -en partie- de lui. C'est chose faite sur ce Pandemonium dans lequel le combo n'hésite pas à investir le champ de la musique Industrielle, et pas d'une manière trop retenue comme sur l'album précédent. Car KILLING JOKE n'y va pas de main morte tant il est capable de délivrer des riffs lourds et imposants, comme sur le morceau d'ouverture "Pandemonium", ou le titre à succès radiodiffusé aux Etats-Unis, le fameux "Millenium", qui sera d'ailleurs repris par FEAR FACTORY sur son album Transgression. C'est dire là qu'on joue dans la catégorie "poids lourd" question gros son. Et KILLING JOKE a de quoi rivaliser au passage avec bon nombre de groupes de Metal. Mais de quoi aussi effrayer la partie de la « fan-base » ayant découvert le combo avec l'album Night Time et son fameux "Love Like Blood", plus New-Wave (enfin celle qui a survécu à Extremities, Dirt And Various Repressed Emotions). Mais il en est ainsi : lorsqu'on ouvre les portes du pandémonium il ne vaut mieux pas jouer les petits bras. Et faire une entrée fracassante est recommandé !

On va vite s'en rendre compte : ce Pandemonium constitue un album à la fois déroutant et incontournable dans la discographie de KILLING JOKE. Pas seulement déroutant à cause de cette orientation plus Metal Indus. Mais aussi parce que le pandémonium de KILLING JOKE est très subtil et fichtrement travaillé. Il est d'une richesse incroyable. Il regorge de mille et une choses très différentes et de mille et un arrangements toujours assemblés avec intelligence et bon goût (bien que certains y voient une surcharge inutile, un argument qui peut se comprendre et être recevable). Un album varié, un album d’alchimiste, qui pratique donc les mélanges hétéroclites, que ce soient l’ajout de parfums typiquement orientaux qui renforceront le côté mystique de l'album, des sonorités électroniques qui parcoureront elles aussi l’ensemble de l’œuvre, des riffs lourds et dévastateurs tout droit issus de la planète Metal, des réminiscences plus « New-Wave » clairement identifiables, une rage et une contestation de notre monde toujours bien installées : l'ADN originel Post-Punk de KILLING JOKE n'a pas totalement disparu contrairement à ce qu’on pourrait croire de prime abord, même s'il faut faire un effort pour aller le chercher (essentiellement dans les textes)... voilà quelques-uns des ingrédients qui constituent la recette de ce petit bijou intemporel, auquel on reprochera juste une production pas assez raw et une guitare qui perd de son identité pour sonner de manière trop générique.

Qu’en est-il justement de la rage originelle et de l’esprit contestataire du combo ? Cette contestation qui, quatre ans plus tôt, s’adressait à notre monde vendu aux businessmen ("Age of Greed", "Money is not Our God") ? Eh bien elle est toujours en partie là, un peu plus en filigrane, un peu moins explicite et principalement cachée derrière des textes occultes ou ésotériques. Elle se retrouve sur "Exorcism" par exemple, un des morceaux les plus violents et torturés de l'album, dans lequel Jaz est littéralement entouré par ses propres ténèbres. Dans ce morceau il recrache tout du long les démons qui se sont emparés de lui. Mais cette séance d'exorcisme n'est pas seulement la sienne. Ce serait une erreur de le croire. Sa haine s'adresse surtout à ce monde, à notre monde.

Ce n’est pas la première fois que Jaz nous hurle qu’il ressent de la haine (il faut réécouter justement le titre "Age of Greed") contre ce monde, que Jaz imagine volontiers sombrer dans le chaos total (l’obsession de Jaz à propos du nucléaire ne doit pas être loin), dans la douleur, dans les larmes, et en cela ce titre est peut-être le plus contestataire de ce skeud. Ce n'est au fond rien d'autre qu'un nouveau brûlot à l’encontre de nos sociétés. Voilà où se situe le pandémonium : ici même sur notre planète !

D'ailleurs, lorsque ce possédé de Jaz crache, ses raclements de gorge sont identiques à ceux qu'il produisait lorsqu'il prononçait par exemple le mot "money" dans ses concerts. Et en cela on ressent ici une rage dans la veine de celle de l'album de 1990 (Extremities, Dirt and Various Repressed Emotions) même si la sauce est ici plus industrielle. Et ses démons sont tenaces. Ce n'est pas étonnant diront les chrétiens, il ne fallait pas s'amuser à les provoquer au sein du monde occulte égyptien (quelques passages et quelques invocations auraient été enregistrés dans la Chambre du Roi, au cœur même de la grande pyramide de Khéops -après avoir soudoyé un fonctionnaire égyptien pour la petite histoire). Et seule l'eau purificatrice (celle d'une bénédiction ?) dont il est question à la fin du titre "Exorcism", et que l'on entend couler, pourra semble-t-il, en venir à bout, purifier et nettoyer cette colère.

Une colère qui parcoure vraiment tout cet album, comme par exemple sur "Millenium", dans lequel Jaz évoque 2000 années d'effets (néfastes) de l'homme sur la planète, et le fait que l'extinction de la race humaine semble être l'issue la plus probable (une humanité sans avenir, sans futur finalement ? Mais Jaz semble croire le contraire et en ce sens il est plus Post-Punk que Punk). Et on retrouvera là aussi la référence à l'eau salvatrice. Mais Jaz ne fait que confirmer ce qu'il dit, ce qu'il nous hurle en fait depuis fort longtemps : les valeurs de cette civilisation lui sont étrangères (paroles de "Labyrinth"), il veut s'échapper de ce monde où se côtoient les faux dieux, les affaires, les forces du marché. Il veut fuir ce "cul-de-sac" (en français dans le texte) dans lequel s'est fourvoyé notre monde. Notre monde, ce pandémonium ...

Toute cette rage exprimée dans des habits Metal dont se pare KILLING JOKE a donc de quoi faire peur ou dérouter. Il faut voir dans le cas présent une incursion sur ce territoire Metal, une incursion avec un pied certes bien appuyé. Mais KILLING JOKE ne franchit pas pleinement la porte. La génétique du combo n’est en réalité pas Metal même si certains ont pu évoquer le terme de "quasi-Metal" à propos de son Post-Punk des débuts. KILLING JOKE n’est pas du genre à se laisser enfermer dans un style trop bien identifiable, en témoigne sa discographie variée, tellement particulière, à la croisée de tant de chemins, et parfois à la limite de l’inclassable. KILLING JOKE reste KILLING JOKE. Et il ira là où Jaz souhaite déposer son navire, selon ses humeurs (en réalité, une seule direction est revendiquée par Jaz : atteindre l'état d'hypnose).

Et comme je le disais précédemment ce disque subit de multiples influences. Ces divers autres ingrédients vont jouer le rôle de compensateurs. Ils vont atténuer un peu toute cette violence. Les gros riffs sont brutaux pour certaines oreilles ? Pas de problème. On va adoucir le tout par quelques touches issues de la période plus New-Wave du groupe. Les morceaux "Jana" ou "Pleasures of the Flesh" en sont de bons exemples, eux qui auraient pu figurer sans dénoter sur l’album Brighter Than A Thousand Suns ou Night Time. Et si cela ne suffit pas on se fera également plus pop sur le couplet de "Pandemonium", ou le pré-refrain de "Millenium", mystérieux et envoûtant comme le ciel étoilé du désert. Et puis on montrera qu’on aime aussi pleinement l’électronique sur "Mathematics of Chaos" ou par exemple le plus rentre-dedans "Whiteout" (et on ne peut s’empêcher de se remémorer l’électronique minimaliste mais déjà bien présente dans l’album What’s THIS For…!). Et on se souviendra enfin, sur le morceau "Black Moon", des rythmiques tribales des débuts du combo, qui s’y invitent ici momentanément.

Finalement, ce skeud demeure quand même abordable pour le commun des mortels, et tout compte fait, chacun pourra y trouver son bonheur, les metalleux, comme les fans des premières et seconde heures. Même si pour ces derniers l’acceptation d'une incursion dans la sphère metal sera un préalable pour jouir du plaisir que nous offre là KILLING JOKE. Mais si l’auditeur est prêt à entrer dans cet univers violent, rageur, barré, particulièrement occulte et mystique, qu’il sache que cette œuvre est tout bonnement génialissime. A la croisée des mondes ...

Que les étoiles s'alignent et s'ouvrent les portes du pandémonium !

Note réelle : 4.5/5.

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   (2 chroniques)



- Jaz Coleman (chant, claviers)
- Geordie Walker (guitares)
- Martin « Youth » Glover (basse)
- Geoff Dugmore (batterie)
- Tom Larkin (batterie)
- Larry De Zoete (batterie)
- Hossam Ramzy (percussions)
- Said El Artist (percussions)
- Aboud Abdel Al (violon)
- Matt Austin (programmation)
- Paddy Free (programmation)


1. Pandemonium
2. Exorcism
3. Millenium
4. Communion
5. Black Moon
6. Labyrinth
7. Jana
8. Whiteout
9. Pleasures Of The Flesh
10. Mathematics Of Chaos
- version Remasterisée En 2005 Avec Bonus Tracks :
11. Pandemonium (a Thread Of Steel In The Suspension B
12. Another Cult Goes Down (portobello Mix)



             



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