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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1973 Camel
1974 Mirage
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- Membre : Caravan, King Crimson, Matching Mole, Hatfield And The North, Asher Quinn

CAMEL - Moonmadness (1976)
Par MARCO STIVELL le 23 Mars 2010          Consultée 10483 fois

Qu'y a t-il de plus rageant qu'un album méga-émouvant qui ne marche pas bien ? Un album encore plus émouvant et qui marche encore moins bien. Et encore, on est toujours ici dans la période de CAMEL la plus connue. Après Moonmadness, ce sera une autre paire de manches. Toujours est-il que The Snow Goose (à défaut de Mirage) a marqué le début d'une longue liste de chefs-d'oeuvre, et Moonmadness en fait incontestablement partie.

"Aristillus", au titre relatif à l'un des deux seuls cratères de la lune visibles à l'oeil nu, ouvre l'ensemble d'une manière qui nous renvoie immédiatement à la pochette et au nom de l'album, avec cette idée de folie lunaire (c'est un disque fait pour être écouté les nuits d'hiver, autant le dire tout de suite). On pourrait imaginer que l'idée d'une telle ouverture a dû voir le jour après une consommation un peu trop grande de stupéfiants par Peter Bardens (en admettant qu'il en prenait bien sûr), mais non, le titre est de la seule main de Andrew Latimer, alors qu'on entend à peine la guitare ! "Song Within a Song" est la dernière des participations vocales de Doug Ferguson avec le groupe (il partira quelques semaines après la sortie de l'album). Mais cette chanson est tout simplement une des meilleures du disque, suivie de près par une autre complètement différente en tout point (même sur la longueur) sauf celui de la mélodie et de l'ambiance : "Spirit of the Water". Celle-là par contre est de Peter Bardens seul, et l'on ressent tout autant cette idée de folie lunaire, bien que cette fois-ci on n'ait pas Andy Ward pour nous répéter "Aristillus Autolycus" tout le long.

Après une première face réussie de bout en bout, Andrew Latimer ouvre la seconde avec des parties de tapping plutôt soft - encore un point commun avec GENESIS tiens, même si le guitariste de CAMEL n'en fera pas souvent usage (on est loin des futures prouesses vanhaleniennes) - suivie d'une descente délicieuse nous entraînant vers le riff puissant et propre de "Another Night", la seule chanson susceptible de pouvoir être mise en single sans trop de 'découpage'. La chanson est réellement excellente et, bien qu'il soit répétitif, on ne peut s'empêcher de savourer ce riff si simpliste, même après des centaines d'écoutes.
C'est un peu le même genre que le dernier morceau 'poids lourd' (et seul réel instrumental) de Moonmadness, "Lunar Sea", en parlant des nappes de synthé qui font toujours leur effet. Certes, ils sonnent très typés, mais encore ce n'est rien par rapport à ce que je crois reconnaître comme un Mini-Moog sur la partie centrale, qui en rebutera plus d'un. Moi-même, ce n'est pas ce que je préfère dans la musique du groupe et c'est ce qui fait que j'apprécie légèrement moins "Lunar Sea" que le reste de Moonmadness, même si le solo d'Andrew Latimer est assez réussi.

Ce que l'on peut dire dans l'ensemble, c'est que même si l'émotion est quantitativement moins présente (en termes de minutes, cela dit) que sur The Snow Goose, elle est sans aucun doute encore plus puissante. Les exemples sont nombreux, bien que caractéristiques d'une partie minime des chansons d'un album assez court.
Mais bon sang, écoutons un peu "Song Within a Song", avec ce qui fait une des spécificités du son CAMEL, ce chant approximatif mais sincère, regorgeant d'harmonies vocales pour rendre le tout plus joli. Le genre de tendresse que seuls GENESIS et CAMEL pouvaient (pourraient toujours s'ils produisaient encore) offrir. Le décollage instrumental est tranquille, mais renferme des subtilités dans lesquelles le groupe est passé maître, avec notamment ce thème si bien amené utilisé en guise de final, à la fois si simple et magnifiquement bien appuyé par les synthés. Par la même occasion, on remarque qu'Andy Ward était loin d'être un manchot. Vraiment, l'un des batteurs de rock progressif les plus lestes qui se puissent rencontrer. Quant aux claviers, encore une fois, ils sont très typés, mais on s'y fait vite, je vous rassure (à part peut-être vers le milieu de "Lunar Sea", mais là c'est vraiment extrême).

Même un titre rock comme "Another Night", ou un autre plus orienté jazz-rock comme "Chord Change" (la partie calme du milieu), dégagent une émotion à la fois urgente et veloutée, purement intense. On se laisse facilement porter par les flots d'une mer tranquille éclairée de nuit par la pleine lune.
Enfin, que dire des bijoux mélodiques que sont, d'abord, le court mais efficace "Spirit of the Water" avec sa petite ligne de piano survolée par les flûtes (à bec ?) et les petites glissades d'Andy Ward sur son vibraphone, et bien sûr le trop méconnu "Air Born" avec, là encore, un début aux piano/flûte au moins aussi magnifique, un final magistral et globalement un esprit à fleur de peau, le genre qui prend aux tripes sans plus vous lâcher, qui vous font dire "Que c'est beau".

Difficile de faire mieux que The Snow Goose dans ce genre de rock progressif seventies dont le seul qualificatif convenable, déterminant et définitif, reste le mot 'sensible'. Mais ils ont fait mieux. Puis pour reprendre une idée du premier paragraphe de cette chronique : il va falloir s'y faire, ce n'est que le début. Moonmadness complète avec brio le palmarès d'une formation jusque là solide (dite 'classique', un peu comme GENESIS mais eux étaient un quintet) pour ses premiers lancements, ce qui nous fait deux chefs-d'oeuvre (presque trois) sur quatre albums. Avec le départ de Doug Ferguson, CAMEL va connaître sa première défection, mais non la fin de ses aventures.

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   MARCO STIVELL

 
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   (2 chroniques)



- Andrew Latimer (guitares, flûtes, chant, choeurs)
- Peter Bardens (claviers, chant)
- Doug Ferguson (basse, chant)
- Andy Ward (batterie, percussions, voix)


1. Aristillus
2. Song Within A Song
3. Chord Change
4. Spirit Of The Water
5. Another Night
6. Air Born
7. Lunar Sea



             



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