C'est avec Radio-Activity que Kraftwerk trouve réellement sa voie. Pour la première fois en cinq albums, la musique sonne vraiment électronique et un concept est parfaitement illustré du début à la fin, avec une impression de cohérence indiscutable. Il n'est tout de même pas dépourvu de défauts, la qualité des morceaux est inégale et la durée totale de la musique une fois qu'on a retiré les inters est des plus réduites. Ajoutons un son assez ingrat, qui donne un caractère aussi nostalgique que daté et on se retrouve avec un album moyen mais prometteur.

Le plus curieux avec Kraftwerk, c'est que de nombreuses personnes se réclament de leur héritage, y compris dans les sphères les plus abstraites de la musique électronique. Pourtant, ce qu'ils proposent est très pop, basé sur des chansons, les paroles ne faisant que renforcer le côté très concret de leur musique, qui a d'ailleurs dès ce Radio-Activity une saveur kitsch annonciatrice de l'électropop à laquelle ils n'auront eu aucune difficulté à s'intégrer un peu plus tard. Ainsi, cet album est dominé par les quelques chansons qui occupent la première face. «Radioactivity» et «Airwaves» sont même fort accrocheuses, tandis que «Radioland» aurait mérité un chant de meilleure qualité. Sur la deuxième face, on trouve encore «Antenna», simple mais efficace.

L'ambiance est assurée tout au long du disque par des inters et des morceaux plus thématiques, offrant un remplissage assez habile. Ainsi, on passe déjà une minute à écouter un compteur Geiger au début, puis deux minutes à entendre des bruits de radio à la césure entre les faces, ou encore des voix artificielles sur «The voice of Energy» ou «Uranium». C'est inutile musicalement mais sert bien le concept de l'album vu les faibles durées. Le morceau qui me laisse plus sceptique est «Radio Stars», très monotone sur plus de trois minutes... une petite expérience trop en avance sur son temps peut-être ? Il est intéressant de retrouver chez Depeche Mode des passages très proches de ce morceau par exemple. Le ravissant «Transistor» rappelle Vangelis, avec un côté cristallin tout de même bien adapté au concept. Quant à «Ohm sweet Ohm», rien que le titre permet de comprendre qu'il s'agit d'une petite plaisanterie pour conclure. Elle rappelle en mieux «Kometenmelodie 2», avec une mélodie comme on en trouve dans les cartoons quand un personnage rentre fourbu chez soi. Commençant doucement, elle devient de plus en plus rythmée pour finir de façon assez festive, anodine mais réussie.

A tout le moins, Radio-Activity est une expérience intéressante, qui vaut la peine d'être écoutée de temps en temps, ne fut-ce que pour l'influence qu'elle a eue, et parce qu'il s'agit d'un des albums les plus conceptuels de l'histoire du rock et de la musique électronique.