Madonna est vraiment un cas à part en musique pop. Elle a pu développer une carrière commerciale ultra-médiatisée sans jamais vraiment se vendre. Au-delà de l'image, tous ses albums sont impeccablement réalisés, sans parler de son talent naturel de chanteuse qui ne lui a jamais fait défaut. Si elle n'a que rarement composé elle-même, elle a su choisir les bonnes personnes pour concrétiser ses envies artistiques. Néanmoins, il faut bien commencer quelque part. En 1983, elle avait 25 ans et sa carrière avait connu un démarrage très progressif où elle avait essayé divers styles avant de se fixer sur ce genre de dance music américaine mais influencée par la new wave qui caractérise le premier album. Le résultat est encore un peu inégal et manque d'ambition quand on connaît ses réalisations suivantes, c'est à la fois trop sage et de la poudre aux yeux, disons. Notons qu'elle a écrit elle-même la plupart des titres - dont les meilleurs - ce qui est très méritoire.

Il faut avouer que «Lucky star» est une introduction très convaincante bien que la mélodie soit un peu monotone. L'utilisation des synthés est très pertinente, donnant une brillance parfaitement en accord avec le thème stellaire. A côté de cela, «Borderline» paraît bien linéaire. Elle a été écrite par le producteur de l'album, Reggie Lucas, et est un tube incroyablement convenu. Je lui préfère encore «I know it» malgré son goût douteux. Le côté rock de «Burning up» la fait détoner un peu, mais son ambiance dramatique est étonnante. «Holiday» joue plus la carte funk – tout ceci est bien éclectique en fait – mais m'a toujours paru lassante. «Think of me» et «Physical attraction» sont de nouveau assez convenues, elles font un remplissage agréable mais pas inoubliable. Il faut donc attendre la conclusion «Everybody» pour retrouver quelque chose de plus original, qui annonce nettement la suite de sa carrière.

Si «Holiday», «Lucky Star» ou «Everybody» ont connu un certain succès et restent assez connues de nos jours, les chiffres parlent d'eux-mêmes : le succès a été modéré, si ce premier album lui a permis sans problème de continuer sa carrière, Madonna a dû faire mieux que cela pour vraiment percer au niveau international, c'est seulement avec Like a virgin qu'elle est devenue un véritable phénomène de la pop.