Après l'immense succès de Like a virgin, le troisième album de Madonna était attendu de pied ferme. Allait-elle confirmer ou décevoir ? La réponse s'appelle «Papa don't preach», «Live to tell», «Open your heart» et «La isla bonita». Si ces chansons plus romantiques dénotent une absence de prise de risque, elles sont des tubes implacables qui ont achevé de bâtir la légende de la chanteuse.

True blue est certainement l'album le plus féminin de Madonna, les textes parlent surtout d'amour, en relation avec son récent mariage avec Sean Penn. Tout en gardant les qualités rythmiques et mélodiques du précédent, le côté aventureux est provisoirement mis de côté. A la composition et à la production, on retrouve de nouveau Stephen Bray, avec en plus le renfort de Patrick Leonard. Le trio réalise ici un travail tellement impeccable qu'il en est agaçant.

Et donc, la musique est très romantique ici, ce qui n'est pas forcément un défaut. Avec leur harmonie développée, «Open your heart» et «Live to tell» resteront deux des plus belles chansons de Madonna, tandis que «La isla bonita» annonçait les nombreux tubes de l'été latino qui ont fleuri dans la décennie qui a suivi. D'autre part, certaines plages pêchent par leur naïveté. Je ne suis pas certain que la chanson-titre doive vraiment être prise au sérieux, mais elle fait un single bien insipide. La conclusion «Love makes the world go round» n'est pas non plus des plus inspirées et «Jimmy Jimmy» est un peu limite. En fin de compte, il faut bien dire que la deuxième face est nettement moins frappante que la première. Sur celle-ci, il faut encore citer l'irrégulière «White heat» avec son thème policier ainsi que «Where's the party», chanson de danse simple mais au rythme irrésistible.

Un bilan très positif quand même pour ce grand classique de la carrière de Madonna. Il ne faut pas avoir peur d'entendre quelque chose de sucré et parfois kitsch, mais il serait mesquin de nier la place de True blue parmi les grands albums de la musique pop.