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RUSH - Permanent Waves (1980)
Par ARP2600 le 2 Juillet 2012          Consultée 6606 fois

Les plus courts sont parfois les meilleurs. Malgré sa durée d'à peine trente-cinq minutes, l'étourdissant Permanent Waves a tout pour être considéré comme le chef-d’œuvre de Rush, ce qui n'est pas peu dire. Tranchant comme une lame, beau comme la mer, libre comme le vent, puissant comme un raz de marée, cet album inclassable doit être considéré comme une des réalisations majeures de la galaxie rock. Il y a tant à dire en si peu de lignes...

Le titre et la date, pour commencer. «Wave» signifie à la fois vague et onde, au sens physique du terme. Ce titre est certainement un jeu de mots en réaction à la new wave : Y a-t-il une nouvelle vague ? Non, car les vagues sont permanentes. D'autre part, l'album est un manifeste de libre pensée et de scientisme dans lequel le thème des ondes s'inscrit parfaitement. La musique est également particulièrement libre, aux confins du hard rock, du rock progressif et de la new wave mais faisant fi des classifications, le tout avec des structures rythmiques compliquées voire déconcertantes. Le fait que Permanent waves soit paru le 1er janvier 1980 est également un symbole fort, tant il représente bien la transition entre les deux décennies.

La pochette de Hugh Syme, ensuite. Ce photomontage malicieux joue sur un contraste net. D'une part, la jeune femme au look années 50/60, avec une permanente – une plaisanterie intentionnelle de Syme – souriante, la jupe soulevée par le vent. D'autre part, le décor apocalyptique, résultat d'un raz-de-marée en 1961 à Galveston, au Texas. Le titre est intégré dans une fine ligne rouge représentant une onde, là encore contrastant avec les lettres hautes du nom du groupe. Il faut citer le scandale causé par le journal visible sur la gauche, ayant hélas été censuré peu après la sortie de l'album. Sur le montage originel, on pouvait lire «Dewey defeats Truman», titre d'une célèbre édition du Chicago Daily Tribune qui avait annoncé prématurément la victoire du candidat Dewey lors des élections présidentielles étasuniennes de 1948. Même trente-deux ans plus tard, ils n'ont pas apprécié qu'on leur rappelle cet épisode ridicule de leur histoire. Signalons encore la présence de Hugh faisant signe adossé à un panneau «Walk-Cross here» en arrière plan, ainsi que les enseignes Lee, Lifeson et Peart sur la droite de la dame.

Le contenu, enfin. A la différence des deux albums progressifs qui l'ont précédé, Permanent Waves n'est pas un morceau-phare bien enrobé. Ici, toutes les chansons ont du charisme, dans des ambiances variées. A l'exception d' «Entre nous» peut-être, mais elle est plus une pause salutaire au milieu de tous les moments forts qu'un véritable remplissage. Dans les paroles, l'imaginaire a définitivement été échangé contre les thèmes de la science et de la place de l'individu dans la société. «The Spirit of Radio» et «Jacob's Ladder» sont des hommages assez anodins à la technologie et à la nature. «Entre nous» et «Different Strings» traitent de la difficulté mais de l'intérêt de la découverte d'autrui. La seconde est teintée d'amour, sur un superbe ton poétique. «Freewill» est explicite, elle parle du libre arbitre. Un agnostique ne peut qu'apprécier un tel éloge, presque un manifeste de la pensée sans contraintes. Quant à «Natural Science», elle affiche une confiance en les progrès de la science étonnamment optimiste, rappelant le scientisme du XIXe siècle. Elle est néanmoins difficile à comprendre et constitue un exemple du désaveu dont sont victimes les paroles de Neil Peart.

Le plus beau est la musique elle-même, qui poursuit sur un album entier l'expérience de «La villa strangiato» et atteint un degré de focalisation rare. «The spirit of radio» est la plus folle, démarrant les festivités dans une apparente désorganisation rythmique, avec une orchestration très variable. Si les couplets sont plutôt carrés, les écarts perturbants sont nombreux. On notera le passage reggae, piste suivie par The Police que Rush reprend à son compte avec succès, ici et sur Moving Pictures. L'accélération finale avec un court solo annonce et s'enchaîne naturellement avec «Freewill».

Sur celle-ci, on est loin des rythmes binaires du punk, ils alternent des mesures diverses pour obtenir des structures à treize temps. Par contre, les mélodies chantées doublées par les guitares ne sont pas une preuve de richesse. Ce problème n'entache pas le passage instrumental central, un des grands moments de la carrière de Rush, surtout en ce qui concerne Alex Lifeson. Qui dira qu'il est moyen après avoir entendu cela ? Après ces plages pour le moins excitées, «Jacob's ladder», qui illustre ce phénomène météorologique où la lumière du soleil est diffusée en rayons étranges par les nuages, est plus contemplative. Le texte y est un prétexte à deux beaux passages instrumentaux réguliers mais toujours aussi libres et virtuoses. Ici encore, la mesure est complexe, avec des structures à onze et treize temps.

En comparaison, «Entre nous» paraît conventionnelle. Les couplets ne sont certes pas très forts, mais le côté espiègle des refrains rattrape la chanson. Le passage instrumental qui suit joue assez bien sur les synthés, présents de manière discrète depuis le début du disque et joués par le déjà bassiste et chanteur Geddy Lee. C'est un signe avant-coureur de leur époque électronique qui allait commencer deux albums plus tard. «Different strings» est très douce, le romantisme délicat de la musique s'y accordant avec la poésie en évitant le mauvais goût. Notons l'importance de la quarte montante initiale dans son intensité émotionnelle.

La dernière chanson, la solide «Natural science», démarre lentement et ne s'envole vraiment qu'après le premier couplet. Ce début présente des effets sonores de vent, d'eau, et de résonance de la voix. Pour les obtenir, l'enregistrement a été partiellement réalisé en extérieur. Il s'agit de ce fait de leur morceau le plus difficile à reproduire en concert, seule explication de son absence lors de la plupart de leurs tournées. Le tempo varie souvent, donnant une ambiance progressive. La partie centrale est la plus rapide, avec un nouveau délire instrumental très inspiré et quelques excellentes mesures à sept temps. La conclusion, nommée «Permanent waves», est plus héroïque mais sur un tempo modéré ; là ils parlent de leur espoir de conciliation des avancées scientifiques avec la nature. Le ton est certes un peu docte mais convient bien pour achever l'ensemble.

Permanent waves n'a vraiment pas volé son succès. Ayant atteint le top 5 des charts anglo-saxons et étant certifié platine, il reste logiquement un des albums les plus populaires de Rush, et un des seuls envers lequel les critiques ne peuvent pas afficher leur scepticisme habituel. Même compte tenu de l'ignorance qui règne à leur sujet dans l'Europe francophone, il va sans dire que tout amateur de rock doit impérativement connaître cet album sous peine de rater quelque chose d'essentiel.

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   (2 chroniques)



- Geddy Lee (basse, synthétiseurs, chant)
- Alex Lifeson (guitare)
- Neil Peart (percussions)


1. The Spirit Of Radio
2. Freewill
3. Jacob's Ladder
4. Entre Nous
5. Different Strings
6. Natural Science



             



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