Après les deux énormes succès que furent Diesel And Dust (1987) et Blue Sky Mining (1990), puis les tournées sans fin qui s’ensuivirent, MIDNIGHT OIL temporise et s’octroie un long break (durant lequel sort l'album live Screaming In Blue). Une pause lourde de conséquences pour le groupe puisque le disque suivant, Earth And Sun And Moon marque le début de son déclin commercial à l'international (celui-ci restant très populaire dans son Australie natale). Mais, à l’écoute de ce dernier, il y a lieu de s’interroger sur ce changement de statut, tant ce dixième album fait très bonne figure dans la discographie du groupe, et tant tous les ingrédients y sont réunis pour en faire un nouveau classique.

En effet, Earth And Sun And Moon contient sa dose de hits potentiels, à l’image de l’entraînant "Truganini" ou du plus sombre "Bushfire". Mais au-delà, le niveau général de l’album est tout bonnement excellent. Comme la production lui rend parfaitement hommage, on obtient un résultat des plus réjouissants. Pour autant, il marque la fin de l’énorme succès commercial du groupe et le début d’une période qui voit ses membres diversifier leurs centres d’intérêt (famille, politique…) ce qui les contraint à se replier sur l’Australie. Pourtant, le groupe avait mis toutes les chances de son côté en s’essayant même, pour la première fois, à composer une chanson d’amour ("Outbreak Of Love").

Restent de très beaux morceaux à l’image de "In The Valley" qui combine refrain efficace (une constante de cet album) et mélodie gorgée de Folk. Ou bien de "My Country", un pamphlet sur les conséquences de l’excès de patriotisme et sur les dérives que celui-ci peut engendrer. On peut également citer l'ambiance très 70's de "Feeding Frenzy" née de l’utilisation d’un orgue Hammond et d’un Mellotron.

Un très bon album au final, et ce n’est pas la légère polémique induite par le titre "Truganini", qui traite de la condition des aborigènes au travers du portrait de 2 natifs australiens (l’artiste Albert Namatjira et Truganini, le soit- disant dernier Aborigène de Tasmanie), dans des termes valant au disque un boycott de la part du Tasmanian Aboriginal Centre, qui pourrait en atténuer l’impact.
A classer sans aucun doute parmi les 2 ou 3 meilleurs disques de MIDNIGHT OIL.