Six ans après un Era Vulgaris bien décevant, les QUEENS OF THE STONE AGE reviennent avec un Line up largement renouvelé et un album enfanté dans la douleur. Contrairement à ce que son titre ironique peut laisser entendre, tout ne va pas en effet comme sur des roulettes au pays des reines, et l’album saura parfaitement capter cette humeur en nous proposant un lot inhabituel de ballades et titres lents singulièrement torturés. A noter également l’artwork saisissant, œuvre de l’artiste britannique Boneface qui ne laisse que peu de place à l’ambiguïté quant à l’humeur du moment de Josh Homme le leader du groupe.

Au sommet de l’album, dans un registre sombre et empli de tourments, trône le fantastique "I appear missing", titre où Josh se confie et se livre comme jamais sur sa douloureuse expérience médicale, et trouve les mots et une musique stupéfiante pour l’exprimer. Mais ce n’est pas tout : les deux véritables ballades de l’album "The vampyre of time and memory" et "Like clockwork" nous révèlent un Josh hyper émouvant dans un registre inhabituel, sur des mélodies superbement mises en valeur par des claviers envoûtants et de longues parties de guitare lead de très grande qualité.

Dans un registre un peu plus mordant, le formidable "Kalopsia" nous fait planer sur un nuage de coton que la guitare au son bien saturé vient impitoyablement déchirer.
Mais il existe également un versant largement pop sur cet album, "I sat by the ocean" en est une fort séduisante illustration avec une belle mélodie et une prestation vocale surprenante mais réussie de Josh. "If I had a tail" est également un titre qui attire l’oreille avec son implacable montée en puissance et son refrain mastodonte et un tantinet racoleur. "Fairweather friends" va au bout de la démarche avec ses couplets chantés en voix de tête et son refrain fédérateur sur lequel Sir Elton John vient même poser ses chœurs et son piano.

"My god is the sun" évoque joliment la période bénie de Songs fr the deaf» et cette parfaite symbiose entre le rock furieux et la mélodie qui accroche l’oreille. "Smooth sailing" fait écho à la période nettement moins savoureuse de Era vulgaris. J’ai toujours trouvé, pour finir, le morceau d’intro "Keep your eyes peeled" un peu balourd et finalement peu représentatif de la haute tenue de l’album.

Nous tenons finalement l’opus à date le plus éloigné des racines Stoner du groupe, et certainement le moins directement agressif. Mais le génie des reines est de conserver sa sauvagerie et son aura malfaisante dans tous les registres. Like Clockwork est une formidable démonstration certes collective, mais surtout celle d’un artiste sachant évoluer à chaque album, et mettre à nu ses blessures pour enrichir son registre pourtant déjà bien étoffé. C’est remarquable et parfaitement émouvant, et cela nous offre un grand disque de QUEENS OF THE STONE AGE, un de leurs tous meilleurs.