Riche de multiples influences allant du Rock au Folk, du Reggae à la Soul, au Blues, en passant par le Gospel, la musique de Ben HARPER a toujours su garder l'humeur intimiste qui était la sienne à ses débuts. C’est donc sans grande surprise qu’après une période faisant la part belle au Rock, l’artiste exhume à nouveau sa nature profonde en nous proposant un Childhood Home, très dépouillé. Un retour à une stricte sobriété musicale que l'on pouvait déjà pressentir, sous d’autres formes, sur Be My Side (2012) et Get Up! (2013).

Ce nouvel album, composé et enregistré avec sa mère, présente en effet dix chansons aux accents très Folk. Une orientation qui n’est pas si surprenante si l’on considère qu’Ellen HARPER, musicienne elle-même, dirige un magasin d’instruments de musique intitulé le Folk Music Center. Le parti-pris du 'tout acoustique' dote l’ensemble d'une ambiance apaisée, en donnant presque dans la frugalité sonore. Il faut dire que le duo vocal n'est principalement accompagné que de guitares, sous de nombreuses formes : banjo, steel guitar, guitare hawaïenne. Rarement, un piano ou de timides percussions enrichissent un peu le propos, mais ils se montrent si légers et lointains qu’ils ne déposent qu’une empreinte fantomatique sur les voix des HARPER.

Le résultat est un disque de Folk music à la simplicité envoutante mais au format assez convenu, la recherche de l'originalité ne semblant en effet pas la préoccupation première des deux artistes. Nous sommes constamment en terrain connu, la musique balançant entre les univers de Bob DYLAN, Neil YOUNG, Woodie GUTHRIE et Pete SEEGER. Enfin, pour être plus exact, entre les facettes les plus paisibles de ces derniers. Difficile, en effet, de trouver le moindre petit accès de fébrilité, la moindre montée d’adrénaline. Toutes les chansons se suivent en trainant ce même sentiment de nostalgie, de tristesse et de dolence. Dans ces conditions, il est parfois peu aisé de différencier certains titres ("Heavyhearted World", "City Of Dreams" ou "Altar Of Love") tant ils sont construits sur les mêmes bases : une musique minimaliste, des voix nonchalantes et, surtout, des paroles mélancoliques centrées sur l’enfance, la douceur ou la rudesse du foyer familial. Cet égocentrisme, très américain, pourra d’ailleurs se révéler un peu pénible à la longue. Dans ce cadre, il n’y a guère que "Learn It All Again Tomorrow" et "A House Is A Home" qui se démarquent légèrement du reste de l’album en termes de musique. Le premier en se rapprochant de l’univers plus "habituel de Ben HARPER, le second en adoptant un rythme un peu moins lymphatique et une coloration légèrement plus lumineuse.

Au final, Childhood Home se révèle assez déroutant. S'il parvient, de manière assez rapide, à charmer l’auditeur, son pouvoir de séduction s'étiole avec le temps pour laisser poindre quelques failles et le sentiment que le groupe a un peu choisi la facilité, l’absence d’exigence pointant le bout de son nez.