Tous les artistes au cours de leur vie essaient de décrire la Beauté.
Ils façonnent, ils dessinent, posent des couleurs, inventent des mots, créent des rythmes pour tenter de s’en rapprocher. Il y a des artistes qui s’y épuisent toute une vie et il y en a d’autres qui réussissent à toucher du doigt cette Beauté avec aisance.

Dans ce lot de génies, il y a MOONDOG, un nom qui semble venir d’un autre monde. L’esprit s’échappe immédiatement dans l’évasion, dès les premières notes de "Theme", le morceau ouvrant son album éponyme Moondog. Le monde bascule d’ores et déjà et ce n’est que le début. La suite, c’est une avalanche de bangers intemporels, une alchimie secrète des notes, un équilibre parfait entre la rigueur de mélodies savamment orchestrées et une singularité déroutante. "Stamping Ground" en est l’exemple parfait : la Beauté s’exprime parfois sans aucun mot et quand on la rencontre, on sait que demain ne sera jamais plus pareil.

Les symphonies 1, 3 et 6 ("Portrait Of A Monarch", "Ode To Venus" et "Good For Goodie") sont à la fois divines et simples, MOONDOG nous invite à la rêverie et on l’imagine sans peine comme un roi, un architecte du son qui compose des royaumes mystiques où la Beauté est reine.

J’aime la pulsation répétitive et planante de "Minisym #1" et la douceur beaucoup plus féerique qui s’en suit, de la même manière que sur "Witch Of Endor" que l’étrange splendeur urgente rend délicieusement captivante. Au-delà de la technique immense, il y a une âme, une aura, quelque chose d’indéfinissable, qui transcende clairement les époques et élève vers l’invisible. C’est certain, "Bird’s Lament" résonnera longtemps dans mes os, parce que MOONDOG n’est pas qu’un compositeur, c’est un poète du son magicien qui nous permet à nous aussi d’être touché par la Beauté.

La question ne se pose même pas, comment donner moins que 5 à un tel chef-d’oeuvre ?
Parce que cet album n’est pas juste un album, c’est une rencontre, une étincelle dans le noir.