Alanis MORISSETTE, déjà sur la pente déclinante du succès, publie son live acoustique enregistré par MTV au bon moment, quand c'est encore la mode, peut-être énervante par son systématisme mais néanmoins bonne sur le principe. Cependant, y a-t-il tant d'intérêt pour une artiste qui fait d'un tel son une composante essentielle de ses chansons ?

Rien n'est moins sûr lorsqu'on écoute les morceaux de Jagged Little Pill (1995), "Head Over Feet", "You Learn" et "Ironic". Evidemment, ils perdent de leur hargne et c'est l'occasion d'entendre Alanis chanter tout le long avec une voix douce, elle mettra d'ailleurs un certain temps à retrouver sa folie, y compris dans sa création. (Re-)Evidemment, ça reste beau et même fort agréable.

Cependant, et à l'inverse de l'effet causé par les morceaux de Supposed Former Infatuation Junkie (1998) qui perdent leur bidouillages pour retrouver une forme épurée (comme ils ont, sans doute, été composés), il aurait été intéressant d'entendre d'autres formes d'arrangements.

Souvent, dans les live acoustiques, les Américains se contentent d'ajouter des cordes, et on apprécie d'ailleurs "Uninvited" pour la mise en valeur d'une direction orientale mélodiquement parlant. D'où l'importance d'avoir engagé un percussionniste, et cela anticipe certaines expériences futures de la belle.

Sympathique, communicative, Alanis MORISSETTE nous surprend aussi, mieux qu'ailleurs, sur "Your Oughta Know", le titre qui bénéficie le mieux de ce revêtement acoustique. Cette version parvient à se faire aussi magistrale que l'originale, mais dans son propre univers, ô combien différent !

Le plaisir est également présent sur la reprise de POLICE, "King of Pain", évidemment moins éclatante, mais peut-être plus chaleureuse. Le public considère cette initiative avec bienveillance, dès le départ, et bien entendu, Alanis préfère changer le "roi" en "reine", avec son humour décalé habituel ! La reprise est publiée en single.

Le MTV Unplugged permet à l'artiste de présenter deux compositions qui ne figurent pas sur album, "No Pressure Over Cappuccino" qu'elle dédie à son frère jumeau, ainsi que "Princes Familiar", écrite pour son père, avec une mélodie qui change un peu, un esprit plus soft-jazz. C'est réussi dans l'ensemble.

En cette fin des années 90, le live acoustique d'Alanis MORISSETTE un peu l'album-phare de tous les nouveaux hippies, ceux qui écoutent Janis JOPLIN ou d'autres qui n'appartiennent pas à leur génération, contrairement à elle. L'image de la fille avec sa guitare, pleine de fraîcheur avec la voix d'une grande soeur, ça marque encore à l'époque, et il y a de quoi. Même si le disque aurait pu être meilleur, la nostalgie de cette pop sucrée et inspirée, comme des séries TV pleines d'innocence, on y tient.