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- Style : The Pretty Things , Them, The Rolling Stones

The J. GEILS BAND - Blow Your Face Out (1976)
Par LE KINGBEE le 6 Juin 2017          Consultée 2972 fois

En préambule, on invite les lecteurs à se pencher (voire à méditer) sur les chroniques des disques précédant ce double live. Notre excellent collègue Long John Silver vous explique en long et en large la carrière de cet énorme groupe au succès tardif. Malgré plusieurs disques d’Or, il faut attendre 1982 pour que le public français découvre enfin le sextet venu se produire au Palais des Sports lors du passage des ROLLING STONES (j’y étais) puis à l’Hippodrome en première partie de George Thorogood (deux grands concerts malgré le lieu inadéquat) et de TELEPHONE.

Nous sommes maintenant en novembre 1975, tout roule pour The J. GEILS BAND. Le chanteur Peter Wolf s’est marié avec Faye Dunaway (on pourrait trouver plus triste union) l’année précédente ; Seth Justman, le claviériste qui n’était au départ qu’un fan du band, compose de plus en plus avec le nouveau marié ; le producteur Bill Szymzyk (un ancien de la firme ABC ayant collaboré avec Quincy JONES, Jerry Ragovoy, BB King, WISHBONE ASH et THE EAGLES) couve toujours ses poulains ; l’harmoniciste Magic Dick est reconnu comme l’un des meilleurs harmonicistes blancs et contrairement à de nombreuses formations J. GEILS BAND n’est pas victime d’incessants changements de line-up, trois des membres fondateurs jouant ensemble depuis presque dix ans. Le groupe impulse donc une complicité et une cohérence évidentes tant au niveau du répertoire que de la mise en place et surtout une énergie hors du commun. C’est là le seul petit bémol qu’on peut lui reprocher : J. Geils Band est avant tout un groupe de scène.

« Blow Your Face Out » est en fait la captation de deux concerts : le 15 novembre 1975 au Boston Garden (la salle du club NBA des Celtics) et le 19 au Cobo Hall de Detroit (un complexe gigantesque accueillant entre autres l’Exposition automobile de Detroit, le club de NBA des Detroit Pistons, endroit où Martin Luther King délivra son discours « I Had A Dream »).
Trois ans auparavant, Atlantic Records avait édité leur premier album Live « Live Full House » qui témoignait certes de la vitalité scénique du groupe mais n’était qu’une mise en bouche, la durée du disque ne dépassant pas les 32 minutes et laissant quelque peu l’auditeur frustré. Et oui, un disque c’est un peu comme les cacahuètes ou le chocolat : on en veut toujours un peu plus. Si en 1976 l’existence des doubles albums n’était pas une nouveauté en soi, l’industrie du disque avait publié dès les années 60 plusieurs albums marquants sous forme de double LP (The Who, The Beatles, Jimi Hendrix, Zappa). Le concept permettait des rendus de concerts bien plus aboutis. La décennie suivante voyait l’apparition de plusieurs doubles d’anthologie. On pense irrémédiablement, et ce quel que soit le registre, à « Third » (SOFT MACHINE), « Kobaïa » (MAGMA), « Layla » (Derek And The Dominos), « Exile On Main Street » (ROLLING STONES) ou « Quadrophenia » (THE WHO). Mais rendons grâce à J. GEILS Band, « Blow Your Face Out » publié en 1976 demeure pour de nombreux amateurs de Rock et de R&B le double Live des années 70. Outre un répertoire cohérent mêlant compositions et relectures judicieuses, l’énergie communicative d’un groupe rompu au Groove et l’excellente qualité sonore due au producteur ingénieur du son Allan Blazek, déjà aux manettes des albums précédents et qui s’était fait remarquer avec Reo Speedwagon, Elvin Bishop, THE EAGLES, « Blow Your Face Out » figure incontestablement dans le peloton de tête des meilleurs double Live de l’histoire du Rock. Rien que ça !

Le nombreux public semble en ébullition bien avant l’entrée du groupe, le speaker en rajoute une petite couche sous les applaudissements d’une salle impatiente, les spectateurs n’attentent que deux choses : s’en prendre plein les oreilles et plein la vue et Peter Wolf ne va pas les décevoir. Il chauffe la salle d’entrée de jeu, avec un shuffle efficace, l’orgue diffuse une mélodie rappelant certaines intros typiques au Gospel, relayée par la guitare de J Geils. Le groupe a décidé d’ouvrir son show avec deux originaux issus de l’album « Blood Shot ». Le funky « Back To Get Ya » prend une tournure entre Rock et Blues via l’harmonica de Magic Dick qui intensifie le dramatisme tandis que la guitare s’offre un excellent solo. Le band s’attaque à « Shoot Your Shot »* une tuerie de Junior Walker & The All Stars mise en boîte pour le label Soul filiale de Motown. Les saxophones de la version d’origine sont largement remplacés par l’harmonica obsédant de Magic Dick, comme quoi la taille ne signifie parfois pas grand-chose. Deux compositions issues de l’album « Nighmares » figurent dans la set-list : « Detroit Breakdown », un Rock clin d’œil à la ville de Detroit, seconde patrie du groupe, et l’impayable « Musta Got Lost » dans lequel Wolf délivre une tirade aussi spontanée qu’habitée de près de deux minutes impliquant le public.

Le groupe se réapproprie divers titres issus de la Soul : « Where Did Our Love Go », popularisé par les Supremes en 64, sera l’objet de reprises plus ou moins enthousiastes, mais la présence de l’harmonica apporte un plus incontestable et une coloration moins naïve, peut-être la meilleure version de cette compo du tandem Holland/Dozier, en tous cas la plus punchy, à mille lieues des versions fadasses de Teresa Brewer, des Lettermen ou de celle plus tardive de Soft Cell. La formation reprend à son compte des inusités Soul dynamitant les schémas et structures d’origine : « Love Itis », gravé en 1967 par Harvey Scales & The Seven Sounds, dans lequel Wolf harangue la salle. « Lookin’ For A Love », morceau enregistré par les Valentinos de Bobby Womack durant l’été 62, subit une excellente transmutation avec son intro à l’orgue qui fait monter la tension à l’instar des prêches baptistes. Une version qui relègue bien loin celles de Steve Marriott, peut être la meilleure relecture avec celle du bluesman Preston Shannon. Autre bonnes trouvailles avec "So Sharp" une obscurité funk de Dyke & The Blazers et « Ain’t Nothin’ But A House Party » en provenance des Show Stoppers, un groupe familial de Philadelphie. Rien à voir avec les interprétations des Tremoloes ou de Cliff Richard, on est là à des années lumière. Le groupe impulse de l’énergie sur le « Raise Your Hand » d’Eddie Floyd, titre repris par Janis JOPLIN et popularisé 15 ans plus tard par les Blues Brothers.
Autre emprunt au Blues cette fois ci avec « Sno-Cone », un modeste titre d’Albert Collins dans lequel tous les membres apportent leur peps (gros passage de batterie). Une véritable tuerie ! Le groupe revisite les codes de la Country avec « Truck Drivin’ Man », un vieux standard truck fifties de Terry Fell & the Fellers rentré dans l’inconscient collectif américain (pas mal pour une face B !). Si le titre a connu des versions biens mièvres (Buck Owens, George Hamilton IV, Dick Nolan) celle du groupe se situe au niveau de Commander Cody & His Lost Planet Airmen. Un titre plein de peps, d’humour et de groove. Petit moment d'accalmie avec la ballade "Start All Over" evoquant le décès d'une amie du chanteur dans un accident de voiture.

Ce double live (l’avant dernier pour la firme Atlantic) marque d’une pierre blanche la production Rock américaine de la décennie 70. Groupe de scène par excellence, The J. Geils Band** connaitra ensuite un plus grand succès commercial orienté vers un Rock FM. Suite à des conflits internes principalement entre le chanteur Peter Wolf et le claviériste Seth Justman, les deux pourvoyeurs en matière d’écriture, le groupe disparaît en 1985.

*Aucun lien avec les titres homonymes de James Brown ni avec le titre disco popularisé par la drag-queen Divine.
** Après la dissolution du groupe, Magic Dick et Jay Geils feront équipe au sein de l’excellente formation Bluestime. Le batteur Stephen Jo Bladd s’est retiré des studios, préférant se consacrer à sa famille. Peter Wolf a entamé une carrière solo. Certains de ses albums méritent une attention soutenue. Une partie des membres se produit encore lors de concerts-réunions, une pratique contestée en procès par Jay Geils, l’un des trois fondateurs. Mais cette chronique est avant tout un hommage au guitariste John Warren Geils (alias J. Geils) décédé à son domicile du Massachusetts en avril 2017 à 71 ans. A l’arrêt du groupe, Jay, adepte de la Gibson Flying V, se trouvera une nouvelle occupation dans la restauration de voitures de sport. S’il ne jouait plus que sporadiquement depuis les années 2000, Geils se consacra au Jazz enregistrant en 2008 l’album « Shivers » au sein du groupe New Guitar Summit dans lequel figuraient Duke Robillard, Randy Bachman et Gerry Beaudouin.

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   LE KINGBEE

 
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- Jay Geils (guitare)
- Peter Wolf (chant)
- Magic Dick (harmonica)
- Danny Klein (basse)
- Stephen Jo Bladd (batterie, percussions, chœurs)
- Seth Justman (claviers, chœurs)


1. Southside Shuffle.
2. Back To Get Ya.
3. Shoot Your Shot.
4. Musta Got Lost.
5. Where Did Our Love Go.
6. Truck Drivin' Man.
7. Love-itis.
8. Lookin' For A Love.
9. Ain't Nothin' But A House Party.
10. So Sharp.
11. Detroit Breakdown.
12. Chimes.
13. Sno-cone.
14. Wait/
15. Raise Your Hand.
16. Start All Over.
17. Give It To Me/



             



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