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- Style : The Pretty Things , Them, The Rolling Stones

The J. GEILS BAND - Freeze Frame (1981)
Par LE KINGBEE le 18 Février 2018          Consultée 2100 fois

Le monde de l’industrie du disque est parfois sujet à des surprises incroyables, souvent orchestrées par des campagnes de pub et des promotions outrancières. Alors que depuis une quinzaine d’années The J GEILS BAND se démenait comme un beau diable sur les scènes américaines, multipliant ses productions scéniques pour des concerts souvent explosifs, la formation connaît un succès mondial avec « Freeze Frame ».
Ne tergiversons pas, ce super groupe mêlant R&B, Rock et Blues avait publié quelques albums hauts en couleurs qui ne rencontrèrent, hélas, pas le succès qu’ils étaient en droit d’espérer. Et oui, la vie est parfois bizarre. A l’orée des eighties, la formation du guitariste J Geils va cependant connaître une montée en puissance en Europe par l’entremise d’un concert au Rock Palast suivi d’une tournée européenne qui met le public à genoux. Certains (parmi les quinquagénaires) se rappellent leur show au Palais des Sports et celui de l’Hippodrome où le groupe mis sous l’éteignoir les Stones.
Cinq ans auparavant, la formation était l’auteure d’un des meilleurs double Live de l’histoire du Rock avec « Blow Your Face Out », un disque dit de référence. Un Indispensable !

Fin 1981, le meilleur représentant de la scène Rock – R&B de la décennie seventies vit son plus grand succès commercial avec « Freeze Frame ». Notez que j’ai pris soin d’ajouter le mot commercial. Avec ce nouvel opus, la troupe opérait un virage à 90 ° en orientant son répertoire vers un univers beaucoup plus Rock FM, Blues Power teinté de Pop. Et curieusement, le disque devient le plus gros carton du groupe, se classant sur la plus haute marche du Hot 200 en Amérique, au Canada tout en décrochant de formidables accessits en Europe. Il faut dire que MTV n’avait pas lésiné sur la production, passant en boucle plusieurs vidéo-clips. D’ailleurs, sur les neuf titres du disque (que des originaux), pas moins de quatre morceaux publiés en single font une entrée tonitruante dans les charts dont « Centerfold », numéro 1 en février 82 pendant quatre semaines.

Douzième album studio, « Freeze Frame » (traduisible par « Image Figée ») constituait une excellente alternative à la musique synthétique et à la vague New Wave qui allait déferler en Europe. Pour la première fois, le disque ne comporte que des originaux. Seth Justman reste le principal pourvoyeur avec cinq compositions, les cinq autres étant issus d’une co-écriture avec Peter Wolf. Enregistré à North Brookfield (Massachusetts) au Long Fiew Fars Studios, endroit où J Geils Band enregistrera ses quatre albums EMI, « Freeze Frame » propose une sonorité déroutante par rapport aux premières productions.

D’entrée de jeu, le virage opéré par le groupe semble évident, comme un nez au milieu de la figure. « Freeze- Frame » qui donne son nom à l’album en est le plus bel exemple. Les gros riffs bien poisseux de guitare et l’harmonica de Magic Dick sont remplacés par des nappages de claviers dynamiques accompagnés par les crépitements d’un flash d’appareil photo. Ce premier titre comporte quelques passages que ne renieraient pas Devo ou XTC. L’harmonica de Magic Dick fait son apparition sur l’énergique « Rage In The Cage », mais cette brillante intervention reste étouffée par les synthé de Justman qui a clairement pris les clefs du camion tant au niveau de la production que des arrangements. C’est simple, on croirait presque entendre un titre des CARS, autre groupe de Boston.
Plus gros succès commercial, « Centerfold » conjugue Power Pop festif et influences celtiques. Un morceau de trois minutes et demie, format idéal pour truster les programmes radios du moment. Le titre vitaminé et enjoué reste encore une fois dominé par les claviers de Justman et la voix de Peter Wolf, malgré un break en fin de morceau dans lequel les chœurs et la guitare viennent s’engouffrer comme si on était dans une Jam. Morceau intemporel par excellence, « Centefold » connaît au fil des ans diverses relectures souvent improbables. Les groupes Hayssed Dixie et Dolorean Sisters en délivrent des versions flirtant entre Blue et New Grass. Plus punchy est celle de Prydein, groupe de rock celtique, tandis que Against All Authority (AAA), groupe de Floride dans la mouvance anar-punk, en délivre une version aussi barrée que fausse mais tellement spontanée. Le pire était à venir avec une version Disco de Captain Jack, duo teuton lorgnant du côté de Boney M. Status Quo reprend lui aussi le morceau dans son album de reprises « Riff ». Mais soyons francs, malgré le charme de la version de Hayssed Dixie, aucune tentative ne parvient à faire oublier la version du J. Geils Band.
Parmi les titres acceptables de l’album, figure « Angel In Blues », balade mélancolique contant la vie d’une prostituée et mélangeant les ingrédients typiques de la balade Folk FM, une sorte de Neo Doo Wop des temps modernes. Le titre, repris plus tard par les Canadiens de Wreckhouse, bénéficiait de l’apport de Cissy Houston (maman de Whitney) et Luther Vandross s’inscrit lui dans un répertoire digne de TOTO ou de JOURNEY.
Le reste de l’album reste résolument orienté vers un éventail dans lequel s’emboîtent Pop, Rock FM et titres un peu tordus proches de la vague Wave FM avec une sonorité caractéristique du son américain. « Do You Remember When » renvoie plus à BOSTON ou CHEAP TRICK qu'aux anciens airs aussi poisseux que pêchus de la scène Blues ou R&B. Impression similaire avec « Insane, Insane Again » qui tire lui aussi vers les CARS, malgré le vocal de Wolf. « Flamethrower » se démarque quelque peu de la production FM du moment par l’entremise de l’harmonica, instrument rapidement escamoté par les montées de claviers et les chœurs. Le long « River Blindness » (plus de 6 minutes) gorgé de synthé propose un décor sibyllin dans lequel les claviers écrasent encore tout sur leur passage, la batterie faisant quant à elle penser à une détestable boîte à rythmes. L’album s’achève sur « Pis On The Wall », dans lequel la guitare tente de reprendre le premier rôle, bien aidée par un bref passage d’harmonica, mais le titre tient plus du Glam Rock que du Boogie ou du Blues des années précédentes.

Si vous êtes amateur de Blues, de Boogies fiévreux, de R&B dévastateurs ou de Rock vigoureux plein de groove, le plus gros succès commercial de J Geils Band devrait se révéler déconcertant. Presque quarante ans après sa sortie, « Freeze Frame » demeure l'échantillon d’un Rock eighties fortement superficiel. Si vous avez adoré les premiers albums, presque tous recommandables, ce disque aux antipodes de l’essence du groupe vous renvoie pour moitié à un univers où se rencontreraient TOTO, THE CARS, JOURNEY, EUROPE, BOSTON, flirtant entre Rock FM et Hard FM. A tel point que nous avons hésité à classer ce disque entre les catégories Pop et Rock. Mais il est vrai que depuis la fin de son contrat avec Atlantic, J. Geils Band avait atterri en eau trouble sous la houlette du claviériste producteur Seth Justman. Paradoxalement, le plus gros carton du groupe ne vaut pas plus qu’un 2,5.


Cette chronique provient des écoutes du vinyle pressage français distribué par Pathé Marconi en 1981 et de la réédition CD Emi America Records publiée en 1995.

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- Peter Wolf (chant)
- J Geils (guitare)
- David Klein (basse)
- Stephen Bladd (batterie, chœurs)
- Seth Justman (claviers, chant)
- Magic Dick (harmonica, saxophone)
- Alan Rubin (trompette 1-8)
- Randy Brecker (trompette 1-8)
- George Young (saxophone 1-8)
- Lou Marini (saxophone 1-8)
- Ronnie Cuber (saxophone 1-8)
- Tom Malone (trombone 1-8)
- Cissy Houston (chœurs 6-7-8)
- Tawatha Agee (chœurs 6-7-8)
- Luther Vandross (chœurs 6-7-8)
- Fonzi Thornton (chœurs 6-7-8)
- Kenny Williams (chœurs 6-7-8)


1. Frreze-frame.
2. Rage In The Cage.
3. Centerfold.
4. Do You Remember When.
5. Insane, Insane Again.
6. Flamethrower.
7. River Blindness.
8. Angel In Blue.
9. Piss On The Wall.



             



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