L'aspect esthétique de Liane FOLY participe grandement de sa manière de chanter. Le look de l'artiste, ses sourires et sa manière très féminine de séduire au travers même du tube cathodique sont une véritable bénédiction pour le show biz frency. Pour une fois cependant, je ne suis guère emballé par son look sur la pochette. Dommage, un début d'érection aurait été une belle mise en bouche pour débuter cette review. Nous voici donc face à son huitième opus, après avoir remonté la pente du succès avec son dernier bébé en date La chanteuse de bal. Toute la question étant de savoir si Liane va parvenir à garder ce niveau, ou retomber dans la variété basique. Art MENGO a donc été chargé de construire ce disque de toutes pièces. Le choix paraît judicieux, l'homme ayant fait ses preuves. Reste à voir si les styles vont parvenir à se magnifier.

Le premier single est « Reviens moi », et nous emmène dans la grande tradition de la chanson française de qualité. Parole, on se croirait dans la première moitié du 20eme siècle ! Très étonnant, la voix de Liane s'adapte parfaitement à ce nouveau genre. Très agréable et plaisant, sympa de retrouver la chanteuse à un si joli niveau. Avec ces superbes paroles « Je prends je laisse » sort du même tonneau et nous transporte au gré de ses humeurs avec beaucoup d'onirisme. Nous avons aussi la petite bossa nova de « On aura tout le temps », dans une ambiance inhabituelle qui s'éclaire finalement lors du refrain.

« Tout recommencer » est en revanche au niveau de ses plus grands tubes. Cette manière assez unique de chanter l'amour et le charnel appartient définitivement en France à cette artiste, pas de doutes. La belle mélodie répétitive et lancinante crée une chanson de toute beauté. Assurément, le sommet de l'album. Presque au même niveau, nous avons la rythmique impertinente de « J'm'en veux », c'est du MENGO dans le texte, et nous voyons à nouveau miss FOLY évoluer hors de son précarré, le petit côté psychédélique associé au chaud soleil caribéin domine cette chanson très réussie.

L'orchestration originale de « Chanter le blues » est à nouveau surprenante, intéressante, et s'adapte remarquablement à la voix de la Lyonnaise. Les choeurs et la slide avancent de concert dans cette chanson qui mérite d'être apprivoisée. On soulignera donc le travail assez bluffant de Mister MENGO sur cette compo. Et puisqu'on en parle, « Ame gone » est prétexte à la profession de foi de l'habitante de la capitale des gaules. Sur un ton super smooth plutôt jazzy cette fois, Liane nous tient en haleine de manière presque insolente, et c'est bon !

Même lors des titres plus secondaires, Art MENGO a la justesse d'éviter le piège de la variété et pousse Liane vers des humeurs plutôt coquines et teintées de voyage comme sur « Et même si c'est bateau » ou plus romantique sur « Ma vie sans toi ». Le second single « Aimez-vous » renoue avec ses classiques vaporeux et éthérés, sans atteindre à leur sublime. La contrebasse véloce de « Fallait-il que l'on s'aime » en fait comme un petit swing presque rock de belle allure, avec Liane qui minaude comme elle sait si bien le faire.

Incontestablement, le meilleur album de Liane FOLY depuis les petites notes, donc sa période classique. On apprécie de bout en bout le superbe travail d'orfévre effectué par Art MENGO. Pas de doute, on nage dans le luxe à l'écoute de ce bel objet. Dieu merci, Liane a abandonné toute velléité de faire de la variété de comptoir ! La superbe créature a retrouvé tout son rayonnement. Bravo Chérie ! Un 3.5 qui pousse tellement sur le 4 qu'on n'y résiste pas !