Incroyable destin que celui de ce petit bout de femme. Fille de deux résistants mélomanes qui l’élèvent dans la passion de la musique. Elle démarre sa carrière sur les chapeaux de roue en enregistrant avec son compagnon Michel BERGER ce premier album après deux singles passés inaperçus. Sa cuillère de platine n’est toutefois pas une excuse pour ne pas se bouger, la mignonne blondinette maîtrise son piano à la perfection, elle en tire des mélodies originales, et surtout, les enrichie par la grâce d’une voix très très spéciale pour l’époque, certains jaloux la décrivent comme « chevrotante », ne vous arrêtez pas à une première impression forcément agressive… En effet, cette manière de chanter, unique dans l’hexagone, est tout simplement Blues ou Gospel suivant les compositions, et laissez moi vous dire qu’elle arrache terriblement.

« Amoureuse » sort dans le monde entier, il est massivement distribué au Canada, et va faire un vrai flambard, puisque ce ne sont pas moins de 200 000 copies qui vont s’écouler en France… Pas mal pour un coup d’essai !

C’est le titre éponyme « Amoureuse » qui ouvre le bal des singles pour Véronique. Un piano tristounet assorti d’une guitare folk qui répond à la voix déjà si originale de l’artiste. C’est poétique, mélancolique, certes un brin daté pour aujourd’hui, mais la chanson est indéniablement belle. On y retrouve les harmonies chères à Michel BERGER, dont on imagine qu’il est le principal thème, on le retrouvera plus loin dans « Pour les Michel », étrange partage avec son amour du moment que la belle abandonnera quelques mois plus tard, de la manière la plus étonnante qui soit, et qui provoquera plus tard le dialogue entre le papillon et l’étoile .
Bien entendu c’est « Besoin de personne » et sa guitare slide qui tient lieu de grand classique pour cette cuvée 72. Elle fait d’ailleurs partie de ses sets live depuis toujours.
En outre cette profession de foi l’accompagnera à jamais sur le chemin du succès. Il faut lui reconnaître cette éminente qualité d’avoir mené sa barque de main de fer toute seule.

Dans « Tout est cassé tout est mort », Véro emprunte déjà les gimmicks rythmiques qui vont la suivre toute sa vie durant. On notera d’ailleurs le superbe refrain. Le talent naissant est sublime de limpidité. C’est un blues rapide qu’elle aime aujourd’hui à jouer beaucoup plus slow…
Ma favorite de ce premier album est toutefois une des moins connues, il s’agit de « l’irréparable », cette ode au désespoir possède un refrain de légende qui risque bien de ne jamais plus vous abandonner une fois écouté : « L’irréparable c’est aimer d’amour »… Nous avons tous été romantiques quelques années dans notre vie, avant que les sentiments les plus purs ne nous aient quittés… Cette chanson représente bien ce qu’est ce merveilleux instant du romanesque.
Evidemment, nous trouvons aussi ici « Bahia », instant de quiétude sous le soleil du Nordeste du brésil. Véronique chante Bahia sans lui donner la moindre coloration locale, mais le résultat est tout à fait remarquable.
« Dis lui de revenir » est un tout petit instant de magie, ou à nouveau, les sentiments romantiques prennent le pas sur toute autre idée. On pourrait croire qu’une chanson si courte ne pourrait avoir un tel impact… Et pourtant… Cette presque minute de musique ultime mérite à elle seule l’achat de l’opus.

Françoise HARDY le dira : « il y aura un avant et un après Amoureuse dans l’histoire de la chanson francophone ». Difficile de faire plus bel hommage. La jeune femme de 22 ans s’est imposée avec cet album en imposant le vibrato de sa voix, qui se fait ensorceleuse au grès des premières compositions de son extrême jeunesse. Toudoudou ! D'un coup d'aile, le Papillon s’est envolé...