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George THOROGOOD AND THE DESTROYERS - George Thorogood (1977)
Par LE KINGBEE le 20 Août 2017          Consultée 3706 fois

George THOROOGOOD voit le jour en 1950 à Wilmington, capitale du Delaware, l’un des plus petits états américains, au sud ouest de Philadelphie. Le guitariste débute sa carrière en solo en reprenant principalement Elmore James et Robert Johnson. En 1974, il enregistre une première démo qui n’intéresse personne. Un blanc adepte de la slide qui joue tout seul du blues ne figure pas parmi les priorités des maisons de disques. Cela n’empêche pas le guitariste de tracer sa route : il vivote correctement, ouvre parfois pour le duo Sonny Terry/Brownie McGhee et Hound Dog Taylor & The Houserockers dont il devient le roadie. A l’image du trio d’Hound Dog Taylor, le guitariste décide de monter un premier trio, rejoint un ancien pote de bahut Jeff Simon, batteur efficace, et un guitariste interchangeable. Le trio tente sa chance à Boston et se produit dans le circuit des bars pendant près de deux ans. C’est lors d’un concert au Joe’s Place de Cambridge, célèbre club à l’ouest de Boston, que le trio se fait remarquer par Scott Billington, l’un des patrons de Rounder Records, un label indépendant spécialisé dans le Folk, l’Old Time et le Rural Blues qui révèlera les banjoïstes Tony Trischka, Bela Fleck et plus tard Alison Krauss.
A une époque où les productions Disco et Pop avaient encore le vent en poupe sans oublier la vague Punk qui n’allait pas tarder à déferler, il fallait être sacrément burné pour enregistrer un trio blanc de boogie blues sans référence. Chez nous, Abba, Boney M, Topaloff avec « Ali Be Good », Sardou avec « La Java de Broadway » trustaient les premières places de charts, tandis que Juvet de demandait où sont les femmes ? et que la Bande à Basile « chenillait ». Burné ou visionnaire, l’avenir nous le dira. Rounder Records envoie le guitariste et ses Destroyers à deux pas du siège au Dimension Sound Studios à Boston, un studio spécialisé dans le Folk, le Bluegrass et l’Old Time, mais cela ne pose aucun problème, de toute façon George et ses deux potes jouent pratiquement en une prise, comme en Live.

George n’a composé que deux titres, se contentant pour une première de reprendre quelques classiques à sa sauce. Les morceaux ont été rôdés depuis des mois dans les clubs où le groupe se produit. Le trio frappe d’entrée de jeu avec « You Got To Lose » un inusité d’Earl Hooker, lui-même variante d’un titre fifties d’Ike Turner. Alors qu’Earl Hooker utilisait un double manche avec de la reverb, George propose un phrasé beaucoup plus abrupt, une habile combinaison entre John Lee Hooker et Hound Dog Taylor. Thorogood se révèle excellent à la slide, comme en atteste sa relecture de « Madison Blues » un inusité d’Elmore James. Une version qui nous paraît plus ambigüe que celle des Nighthawks de Jimmy Thackery, son grand ami. Mais c’est bel et bien avec « One Bourbon, One Scotch, One Beer »* popularisé par John Lee Hooker et variante d’un titre homonyme composé par Rudy Toombs pour Amos Milburn que Thorogood décroche le pompon. Par rapport à la version d’Hooker, Thorogood insère quelques strophes du « House Rent Boogie » du même Hooker. Prototype parfait de boogie blues, beaucoup plus brut de décoffrage que la version de Hooker, cette longue version de plus de 8 minutes sans piano permettra aux Delaware Destroyers de se faire connaître sur la planète. Le chant rauque, les riffs et les paroles demeurent intemporels: « Wanna tell you a story – About the house-man blues – I come home one Friday – Had to tell the landlady I’da lost my job … … One bourbon, one scotch, one beer ... ».
Les soupapes ayant parfois besoin de souffler, le trio tempère ses ardeurs sur « Kind Hearted Woman », une ballade de Robert Johnson jouée tout en slide. Même chose avec « I’ll Change My Style », ballade swamp bourrée de nuances et d’arpèges de Jimmy Reed. Thorogood ne se contente pas de nous asséner du boogie blues rugueux, il nous offre une escapade dans l’old time avec « John Hardy », un trad. appalachien délivré ici à mi chemin entre hillbilly et country blues et témoigne pour l’occasion qu’il n’est pas plus mauvais que le sieur Jagger.
L’excellent « Can’t Stop Lovin », un inusité graisseux et bien rockin’ d’Elmore James ou « Ride On Josephine » (annonciateur du futur hit « Bad To The Bone ») avec un phrasé cradingue se démarquant du diddley bow de Bo Diddley méritent eux aussi le détour. Terminons ce panorama avec les deux originaux s’insérant bien dans le ton de l’album : « Homesick Boy », un boogie nerveux à la coloration hookérienne et « Delaware Slide » une combinaison démonstrative et enjouée de boogie rockin’ à la Joe Hill Louis et de slide peut-être un peu longuette.

Pour l’anecdote, ce péquenot du Delaware ancien joueur de base-ball établi près des rives du Massachusetts fera de ce premier jet un disque d’or. En 1982, les Parisiens le découvrent à l’Hippodrome d’Auteuil. Les Destructeurs du Delaware à l’instar du J Geils Band mettront les Stones et Telephone sous l’éteignoir. Seul un manque de compositions empêche ce disque d'atteindre la note maximale. Mais pour les 40 ans de sa date anniversaire, cet album figure toujours parmi les coups de coeur de votre humble serviteur.

*John Lee Hooker a déclaré dans une interview avoir reçu un coup de fil de George Thorogood lui demandant son autorisation pour reprendre à sa sauce « One Bourbon, One Scotch, One Beer ». L’ancien pilier de bars d’Hasting Street lui a donné aussitôt son accord. Douze ans plus tard, les deux guitaristes se retrouvent en studio pour l’enregistrement de « The Healer », un disque bourré de duo dont les ventes dépassent les espérances les plus optimistes. Réédité sous la forme d’une quarantaine de pressages, le disque a fait l’objet d’un pressage français par Sonet distribué par Vogue France dès 1977. Certaines pochettes sont parfois typographiées sous le nom de George Thorogood & The Delaware Destroyers ou tout simplement George Thorogood And The Destroyers. Il s’agit bien évidemment de la même formation.

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   LE KINGBEE

 
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- George Thorogood (chant, guitare, harmonica)
- Jeff Simon (batterie)
- Billy Blough (basse)
- Ron Smith (guitare)


1. You Got To Lose.
2. Madison Blues.
3. One Bourbon, One Scotch, One Beer.
4. Kind Hearted Woman.
5. Can't Stop Lovin'.
6. Ride On Josephine.
7. Homesick Boy.
8. John Hardy.
9. I'll Change My Style.
10. Delaware Slide.



             



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