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BOOGIE BLUES  |  LIVE

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George THOROGOOD AND THE DESTROYERS - Live (1986)
Par LE KINGBEE le 7 Octobre 2023          Consultée 374 fois

Après six albums studios (si l’on prend en compte Better Than The Rest, disque édité par la MCA et renié par George), Terry Manning et George THOROGOOD pensent qu’il est temps de sortir un album en live, là où le répertoire du guitariste prend toute sa mesure.

En 1986, la concurrence pour le fils spirituel de John Lee HOOKER et Chuck BERRY s’est accentuée. S’il remplit encore les stades, de nombreux jeunes loups, adeptes d’un Blues Rock gorgé de cascades de notes, ont débarqué et lui livrent une sérieuse rivalité. Une explication majeure à cela, le bonhomme n’a jamais voulu changer son fusil d’épaule, à l’image de ses fidèles DESTROYERS, il reste droit dans ses bottes manœuvrant toujours aussi habilement dans le registre du Boogie Blues.

La pochette en aura surpris plus d’un lors de la sortie du disque. Le nom des Destroyers disparait totalement du visuel, de même que le prénom du guitariste. C’est THOROGOOD écrit en jaune qui s’installe au milieu de l’inscription Live figurant en gros et en rouge, une manière de signaler que le guitariste est toujours en haut de l’affiche. Pour l’avoir vu plusieurs fois (la première fois à l’Hippodrome, je m’en rappelle encore !) en concert, je dois avouer n’avoir jamais été déçu par ses prestations. Pourtant on connait les ficelles, mais un concert de THOROGOOD, c’est un peu comme un assortiment de noisettes ou d’amandes pendant l’apéro, on ne peut s’empêcher d’en reprendre une pincée. Debout, éclairé par un jeu de lumières blafardes, alors que des mains se lèvent comme pour saluer le Messie, THOROGOOD met la salle à genoux dès le premier morceau "Who Do You Love?", un régal de Diddley Beat.


Enregistré le 23 mai 1986 au Cincinnati Gardens, une ancienne salle omnisports de 11000 places, les Destroyers sont constitués pour l’occasion de l’inamovible Jeff Simon (batterie), du guitariste Steve Chrismar, du bassiste Bill Blough, du saxophoniste Hank « Hurricane » Carter. Que des habitués. Mais THOROGOOD a convié un invité de choix en la personne d’H Bomb Ferguson, pianiste chanteur vétéran installé dans la ville depuis la fin des fifties. Musicien excentrique, se produisant parfois affublé de perruques colorées, bon blagueur, longtemps spécialisé dans le Jump, H Bomb tient ici les maracas.

Comme signalé plus haut, le Roi George sait y faire pour se mettre un public dans la poche. Il transforme complètement "Bottom Of The Sea", un étrange Blues Psyché de Muddy WATERS en un Boogie Rock plein de vitalité avec des riffs de gratte imparables tandis que le sax d’Hank Carter entraine tout le monde dans son sillage. Le combo récidive avec "Night Time", un Power Rock des Strangeloves passé ici à la moulinette. THOROGOOD invective l’assistance lui promettant une chaude nuit, tandis que Carter se transforme en sax hurleur, break intervention orale du guitariste impliquant le public. Le grand jeu, peut être la version la plus folle avec celle du J GEILS BAND.

Le groupe a assez de métier pour savoir faire redescendre la pression quand le besoin s’en fait sentir. THOROGOOD nous livre sa première compo avec "I Drink Alone" *, une chanson sur les méfaits de l’alcool. Si le rythme baisse d’un cran, les interventions du sax servent à faire monter l’adrénaline. Il poursuit avec « One Bourbon, One Scotch, One Beer », titre de John Lee HOOKER et Rudy Toombs, devenu sa marque de fabrique. Dès les premières notes, le public surexcité semble en transe, un public jouant le jeu sans cesse relancer par les interventions du guitariste. Un titre de 6 minutes qui semble attendu avec impatience par la salle. Une connexion, comme un lien fraternel, se crée entre les musiciens et l’assistance. Un moment fort, mais il faut dire que George met le paquet dès les premières mesures : "Want to tell you a story - About the house-man blues - Had to tell the landlady I'da lost my job- And out the door I went". L’histoire d’un pilier de comptoir qui préfère boire un coup que payer sa logeuse.

La face B débute avec l’étrange "Alley Oop", une compo du Countryman Dallas Frazier imaginée d’après le personnage tiré d’un comics, un homme des cavernes en l’occurrence. Le titre avait été repris à toutes les sauces (Doo-Wop, Bubble Gum, Rock, Surf, Folk) avant que Frazier ne décide à reprendre sa chanson six ans après les reprises des autres. Ici le titre provient après un court entracte, THOROGOOD commence à conter les aventures d’Alley Oop, homme des cavernes muni d’un gros gourdin et d’une tête pleine de cheveux, 60 secondes après l’intro de la rythmique, le genre de titre idéal pour relancer le public en douceur. En 1965, Sylvie VARTAN reprenait la chanson en anglais, une interprétation encore plus ridicule que si elle avait été chantée en français. C’est dire !
Grand admirateur d’Elmore JAMES, l’un des rois de la slide, George reprend "Madison Blues". Titre figurant sur son premier disque et devenu un véritable incontournable. Là encore ce Blues gorgé de slide se retrouve transformé en un Boogie parfaitement maitrisé. Seconde et dernière compo avec « Bad To The Bone ». Passé à la postérité via un clip vidéo de MTV et aux bandes son des films « Christine » et « Terminator 2 », ce Boogie Rock sans concession s’inspire du "Hoochie Coochie Man" de Willie DIXON et de l’impayable "I’m A Man" de Bo DIDDLEY. Le morceau sera repris par les Hickville Bombers (groupe de Rockab) et dans une version plus sensuelle par No Sinner, ancien groupe de la chanteuse Colleen RENNISON. Pendant presque 8 minutes, le groupe fait descendre la température avec un second clin d’œil à Elmore James avec "The Sky Is Crying". Si ce standard a connu de belles covers (Luther ALLISON, Fenton Robinson, Magic SLIM), THOROGOOD nous livre ici un moment intense et sincère. La soirée s’achève avec un autre clin d’œil, cette fois à Chuck BERRY avec "Reelin' & Rockin'". Le tempo trépidant emporté par un sax et une guitare en furie conclue la soirée sur un bon feu d’artifice où les frontières entre Blues et Rock n Roll paraissent encore bien minces. Eddy MITCHELL adaptera le titre avec "Rock’ n Road".

Ce premier Live de George THOROGOOD, sympathique bête de scène, reste comme une référence. Si on peut lui reprocher un surcroit de production, une regrettable marotte liée aux eighties, l’ensemble passe toujours aussi bien. Une chose parait certaine, de nombreux spectateurs ont pris un malin plaisir à être présents ce soir-là. Depuis, si plusieurs live antérieurs ont été publiés, notre préférence se porte sur la présente galette qui n’a guère pris de rides.

*Titre homonyme à celui des Cumshots.

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   LE KINGBEE

 
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- George Thorogood (chant, guitare)
- Steve Chrismar (guitare)
- Bill Blough (basse, chœurs)
- Jeff Simon (batterie)
- Hank 'hurricane' Carter (saxophone, percussions)
- H Bomb Ferguson (maracas)


1. Who Do You Love?
2. Bottom Of The Sea
3. Night Time
4. I Drink Alone
5. One Bourbon, One Scotch, One Beer
6. Alley Oop
7. Madison Blues
8. Bad To The Bone
9. The Sky Is Crying
10. Reelin' & Rockin'



             



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