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George THOROGOOD AND THE DESTROYERS - Bad To The Bone (1982)
Par LE KINGBEE le 1er Janvier 2018          Consultée 2143 fois

Nous sommes en 1982 et George THOROGOOD et ses fidèles DESTROYERS décrochent la timbale avec ce cinquième disque studio. Le groupe vient de tomber dans l’escarcelle d’EMI America via Capitol et un titre ne cesse de passer sur MTV, « Bad To The Bone » qui donne son nom à l’album.

« Bad To The Bone », traduisible par « mauvais jusqu’à la moëlle », passe donc en boucle sur MTV, chaîne de télé lancée un an auparavant. Si l'on se souvient de différents clips agrémentant la chanson, dont celui avec le joueur de billard Willie Mosconi, c’est bien évidemment avec « Terminator 2 » que le morceau connaît une grosse piqûre de rappel. Souvenez-vous du Terminator T-800, rôle tenu par le Malabar Schwarzenegger, débarquant d’un autre temps et se retrouvant à poil dans une rue américaine et donc dans l’obligation de trouver des fringues qu’il va piquer sur le dos de pauvres loosers. Au fil du temps, le morceau est utilisé dans plusieurs films, « Talk Radio » (Conversations Nocturnes), « The Parent Trap » (A Nous Quatre), dans des séries TV, des jeux vidéo, une Pub pour une marque de vêtements et divers événements sportifs.

Curieusement, le succès de ce titre occulte quelque peu l’album, les médias préférant passer en boucle le titre phare. Une pratique en vigueur depuis de longues années, réductrice et destinée à ramener dans les mannes des maisons de disques un maximum de rentabilité à moindre frais. Mais c’est là un autre débat.

Honneur au titre « premium » du disque. « Bad To The Bone » avec son gros riff de guitare repose en fait sur une synthèse de plusieurs standards : « I’m Your Hoochie Coochie Man », œuvre de Willie Dixon popularisée dès 1954 par Muddy WATERS via un single Chess, « I’m The Man » titre de Bo DIDDLEY, variante du précédent, « Mannish Boy » de Muddy Waters en réponse à la presque copie de DIDDLEY. On pourrait ajouter d’autres moutures extrêmement similaires comme le « No Money Down » de Chuck BERRY, le plus tardif « I’m Bad Like Jesse James » de John Lee Hooker. Rajoutons-y quelques effluves du « Trouble » popularisé par Elvis dans le film « King Creole », une pointe du « Gangster Of Love » de Johnny « Guitar » Watson, une extrait du « Gangster Of The Blues » de Grady Gaines et enfin un brin du « Love Bandit » des Cadets pour le passage de sax et vous avez entre les mains une mixture captivante basée sur trois petits accords terriblement accrocheurs.

En dehors de ce titre emblématique, ce qui frappe d’entrée de jeu c’est le surcroît de production par rapport aux disques Rounder. La prise de son provient de deux ingé-son ayant déjà collaboré avec le groupe : John Nagy et Paul Mufson.
Comme à l’accoutumée, Thorogood reprend de grands classiques auxquels il incorpore des inusités avec en premier lieu « It’s a Sin » repiqué dans le répertoire de Jimmy Reed. Si la version originale (dont le titre véritable est « I Know It’s A Sin ») nous renvoyait à un mélange down home blues mêlant Chicago et Swamp Blues, Thorogood apporte une coloration nettement plus orientée vers la Nouvelle Orleans, le sax remplaçant l’harmonica de Reed. On note toutefois que le guitariste transforme une partie des paroles. Il reprend « Blue Highway », une composition obscure de Nick Gravenites gravée par le duo folk Brewer & Shipley, dans une version en droite ligne avec le Folk Blues californien. Pas de quoi sauter au plafond. Impression similaire avec « Wanted Man » une chanson écrite par DYLAN pour Johnny CASH et immortalisée par l’Homme en Noir lors d’un Live au pénitencier de Saint Quentin en février 69. Hugues Aufray en délivra dix ans plus tôt une adaptation intitulée « Le Fugitif ». La présente version n’apporte strictement rien et termine l’album sur une demi fausse note.
Cap vers le classicisme avec « As The Years Go Passing By », un slow blues accrédité à Deadrick Malone fondateur du label Duke mais œuvre probable de Peppermint Harris, a connu une floraison de pépites toutes plus belles les unes que les autres (Fenton Robinson, Albert King, Mighty Joe Young, Buster Benton, Otis Rush ou la chanteuse Shirley Johnson) et notre guitariste ne s’en tire pas trop mal, malgré un chant un brin trop rapide au début du morceau. Une version largement supérieure à celles de John Hammond ou SANTANA. Grand admirateur de Chuck BERRY, le guitariste reprend « No Particular Place To Go », variante de « Scholl Days » du même BERRY, sur un tempo boogie rockin’ lui allant comme un gant. Thorogood se montre à son meilleur niveau sur ce genre de rythme nerveux et fiévreux. Il est ardu de ne pas gesticuler sur un texte intemporel : « Riding along in my automobile-My baby beside me at the wheel … Crusin' and playin' the radio-With no particular place to go … » A noter qu’Eddy Mitchell en délivrait une adaptation réussie sous le titre « A Crédit Et En Stéréo ». Gravé en plusieurs occasions par John Lee Hooker, « Boogie Chillen » fait l’objet d’une reprise énergique sous le titre de « New Boogie Chillun ». Grand fan de Hooker, Thorogood redonne un coup de jeune à ce down home blues électrique mais perd le cachet frustre du morceau d’origine. Une version à ranger entre celles de Hooker et de Slim Harpo, inspiratrice du « La Grange » de ZZ Top.
Dernière relecture d’un gros carton avec « Nobody But Me », une tuerie des Isley Brothers gravée en 1963 par Wand Records. Propulsée par un clip video dans lequel une troupe de danseuses et de danseurs se trémoussent auprès d’une bagnole vintage, la présente version s’engouffre dans les entrailles d’un Rock n Roll surproduit et sonnant beaucoup trop eighties. Une déception au regard des versions dévastatrices de Human Beinz, des Lyres ou des Dogs rouennais.
Outre « Bad To The Bone », deux compositions viennent grossir l’album : en ouverture « Back To Wentzille », une ode à la gloire du bled du Missouri, s’annonce comme un Boogie Rockin’ aussi brouillon que trépidant hélas marqué par un chant trop véhément. Avec « Miss Luann », le guitariste nous distille un Rockin’ Blues qui partait bien avec ses coups de slide vite plombés par un sax intempestif et une mélodie qu’on aurait aimé plus accrocheuse.

Si le guitariste et ses dévoués Destroyers restent dans la droite lignée du répertoire de leurs débuts, cet album parvient à tirer les marrons du feu via le titre phare et trois reprises percutantes. La faiblesse de trois ou quatre titres et une surproduction empêchent « Bad To The Bone »* d’accéder à un 4.

*En 2007, Capitol/EMI réédita en CD une nouvelle version fêtant le 25ème anniversaire du disque. Ce CD est agrémenté d’un titre bonus et de six nouvelles versions des pistes 2-5-6-8-9-10 enregistrées à l’Ardent Studios de Memphis, sous la houlette des producteurs Mike Donahue et Jim Gaines.

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- George Thorogood (chant, guitare)
- Billy Blough (basse)
- Jeff Simon (batterie)
- Hank Carter (saxophone)
- Ian Stewart (piano)


1. Back To Wentzille.
2. Blues Highway.
3. Nobody But Me.
4. It's A Sin.
5. New Boogie Chillun.
6. Bad To The Bone.
7. Miss Luann.
8. As The Years Go Passing By.
9. No Particular Place To Go.
10. Wanted Man.



             



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