Hum, ça doit être l’âge. On perd de l’ouïe et du coup, on ne fait plus attention mais pour SE FAIRE ENTENDRE, ON GUEULE ! QUOI ??? Or BLONDIE a toujours eu l’habitude de se faire entendre, omniprésent entre 78 et 82, puis en 99 sur toutes les ondes avec le tube "Maria". C’est donc le coeur brisé qu’on se rend compte que ce groupe, qu’on a toujours aimé, a cédé aux sirènes du brickwall. Ça gueule, du soir au matin, et c’est idiot. Idiot parce que ça fatigue l’auditeur, voire plus (affaire à suivre), et ce d’autant que BLONDIE n’a pas besoin de ça pour faire du bruit. Le titre d’ouverture est d’ailleurs là pour nous le rappeler : et cékiki tape comme un sourdingue (on y revient) sur ses fûts ? Clem Burke. 61 ans et toujours son énergie de fou furieux. Il est heureux de jouer et ça se sent dans le moindre coup de caisse claire. C’est évidemment lui qui, tout le long du disque, drive ses petits copains qui ne déméritent pas non plus. Et d’ailleurs, si elle n’est pas exceptionnelle, cette "Doom Or Destiny" est une intro accueillante, 100% pur BLONDIE dans son interprétation.

Le souci arrive vite, dès le deuxième titre : "Long Time" ne gagnera pas l’oscar de l’originalité puisque c’est la petite soeur de "Heart of Glass" ; mais après tout, ça pourrait passer, et d’ailleurs ça passe.... derrière douze couches de gras. BLONDIE a toujours été un groupe à la prod foisonnante, et qu’obtient-on quand on brickwalle à mort une prod foisonnante ? De la merde, exactement. Et s'il est tout à fait clair que le groupe sait toujours écrire de bonnes chansons, ne vous laissez pas charmer par le chant des sirènes (ça c’est le boulot de Debbie, qui a perdu un peu de sa superbe vocalement mais reste tout à fait convenable) : toutes les bonnes chansons sont plombées par un son dégueulasse qui détruit tous les détails de production pourtant chatoyants. Passé ce souci (c’est une litote, ce n’est pas dépassable hélas), on découvre des chansons parfois charmantes ("Fun" qui ne l’est pas assez mais qui rappelle un "You’re My Heart" des MODERN TALKING... mais en version finie). Parfois pas, et en fait le disque possède un gros, très gros ventre mou où les chansons sont molles et la saturation est si immonde qu’on n’arrive même pas à savoir ce qu’on écoute ("Gravity", mais bon, on perd rien du tout). Et comme par hasard, un grand nombre de ces loupés... ce sont des reprises. Le constat est assommant : BLONDIE se loupe sur les reprises, ce sextet est fait pour écrire des chansons, et des bonnes.

Du reste, ils le prouvent avec le double titre de fin. Avec ses sept minutes, "Fragments" est un epic bien construit, généreux, impliqué, du grand BLONDIE. Il est suivi par une ghost track sépulcrale, qui met parfaitement en valeur deux éléments : le New-York nocturne dont le groupe s’est fait le chantre dès 1977, et le fait que ce titre a des chances de devenir leur tout dernier. Ce ne serait pas une fin honteuse, loin de là, surtout après 40 ans de bons et (plus ou moins) loyaux services. Dommage qu’une fois de plus, la maison de disques aie bêtement oublié que ce qu’elle vendait, ce n’était ni des carottes rapées ni des boulons...