4 années supplémentaires se sont écoulées depuis No exit. Bien sûr, ce n'est pas à 58 ans qu'on redynamise une carrière, mais ce plan de gestion doit sembler fort peu efficace aux mélomanes. Ils ont des excuses ouaip ! La maison de disque a coulé, on leur a volé leur master tape dans un aéroport, tout ce merdier incite l'équipe restante - Debbie, Stein, Burke et Destri - à appeler l'opus "La malédiction"... Rien d'étonnant finalement ! On y croit ! On notera que Debbie reste sexy malgré un âge qui avance, notre sex symbol a désormais 58 ans ! On va voir si le talent reste lui aussi en place. Une assez jolie pochette, bien flashy. On peut aborder ce huitième album sans arrières-pensées !

Un seul single va être tiré de cette livraison, il s'agit de "Good boys" qui débute tel un standard de la new wave... Parole on se croirait en 81 ! Rien de surprenant, on sait que BLONDIE n'est pas groupe à se renier. Petit morceau aux harmonies sympas, plutôt réussi, avec un chouette refrain et une performance touchante de Debbie derrière le micro. On reste interdit devant le visionnage de la vidéo, avec une blonde qui s'est teinte en noir, totalement méconnaissable donc, et avec une ressemblance frappante avec Annekke VAN GIERSBERGEN... Mais poussez donc le saphir un poil plus loin , vous y trouverez la bombe de l'opus, ce "Undone" signée BLONDIE en belles lettres dorées comme il se doit, la gratte de Chris déchire avec sauvagerie cette composition superbe, j'adore !

On notera aussi l'étonnant "Shakedown" où notre blondinette préférée rappe d'un flow pas désagréable du tout, on se souvient que le groupe était déjà coutumier du fait dans la fin des seventies, voilà de quoi boucler la boucle avec talent. La belle guitare de "Golden rod" est toute aussi remarquable, et sonne carrément Metal, rappelant par instant le style de Billy Duffy de THE CULT, un superbe refrain pour une chanson qui se laisse doucement mais surement apprivoiser. Je recommande de la même manière la compo de Destri "You're the last one", comme souvent à la fête et toujours aussi volubile. On en termine avec les titres les plus recommandables de cette malédiction sur cette petite perle qu'est "Songs of love", avec à nouveau une magnifique ligne de chant de miss Harry, qui n'a jamais chanté aussi bien. Ce slow dramatique jazzy porte en lui de belles ambiances tristounettes.

Et donc sinon, c'est du 100% BLONDIE, ça part dans tous les sens comme à l'accoutumée : alors de la pop d'obédience japonaise avec "Magic", un trip free jazzy déjanté sur "Desire brings me back", un hommage à Joey RAMONE sur "Hello Joe", sans oublier les habituels rocksteady sur "The only one" et "Background melody" et bien sur les titres rock alternatifs dont le groupe s'est toujours fait le spécialiste "End to end" ou "Diamond bridge". La plupart du temps, c'est réussi, souvent couillu, toujours agréable.

Bah, il n'y a pas à tergiverser, nous sommes toujours en face d'un des groupes majeurs de l'histoire de la musique populaire. Pas un disque majeur non, mais parfaitement maîtrisé de bout en bout par quatre musiciens de très grand talent. L'heure de la retraite est loin d'avoir sonné et Debbie est au sommet de son art de vocaliste.