En 1996, bien des années ont passé depuis The Hunter, le dernier opus en date de BLONDIE. Soucis financiers, abus de drogues en tous genres, petite carrière solo peu fructueuse pour Debbie HARRY... Mais les épreuves, si elles finissent par avoir raison du couple Harry/Stein, renforcent en revanche la cohésion de leur collaboration artistique. Ils enclenchent début 1996 le processus de réunification des 6 membres de BLONDIE, d’abord avec le batteur Burke et le clavier Jimmy Destri. Frank Infante et Nigel Harisson provoqueront une cassure définitive en attaquant en justice la réunion de leurs anciens collègues, hélas... Avant d'attaquer, notez que la beauté diaphane de Debbie à 54 ans est plus d'actualité que jamais, la maturité en plus.

Quelques semaines avant la sortie de l'album sort le single « Maria », le premier depuis 1982 ! Composée par Destri, la chanson est dans la totale continuité de leurs compositions habituelles, une guitare rugueuse mène le titre avec des claviers sans concessions, et Debbie, qui chante mieux que jamais, certes moins juvénile, mais sans doute aussi plus sexy qu'auparavant. Le hit va atteindre la première place du billboard britannique, BLONDIE devenant à cette occasion le second groupe US à atteindre cette place sur trois décennies après Michael JACKSON... Belle performance de bon augure pour la suite. Le single suivant est de la même qualité: « Nothing Is Real But the Girl » est un petit hommage de Destri à sa fille ; elle prend sous la conduite de Debbie une vraie identité rock de première bourre. C'est chouette, ça déménage bien, respect ! Pas la moindre tentative d'adoucir leur son ou leur style pour s'adapter aux standards de cette fin des nineties.

Le grand classique de cette livraison est pourtant sans conteste le troisième single, l'éponyme « No Exit ». Sacrée performance que ce titre, une véritable gageure qui réunit des éléments classiques, rap et métal autour de l'alternatif cher à BLONDIE. La distorsion de Chris déchire alors que les claviers de Destri redonnent vie à BACH avec la "Toccata et fugue en ré mineur" en intro. A noter également une collaboration entre le groupe et COOLIO, qui renaît à son tour des années après Gangsta’s Paradise. Les versions live de ce titre verront d'ailleurs le WU TANG CLAN les rejoindre sur scène. Sur le bridge, la guitare rugit avec « Dans l'antre du roi de la montagne » de GRIEG, et ça donne terriblement bien. Un morceau à mon sens exceptionnel, qui voit Debbie rapper comme il y a 20 ans déjà.

Pour le reste, c'est du BLONDIE dans le texte : on croise des titres ska avec « Screaming sky », reggae avec « Divine », funky avec « Happy dog ». La petite surprise country saloon qu'est la sympa « The Dream's Lost on Me », ou des titres d'obédience plus alternative comme « Under the Gun » et « Double Take », et même un peu psyché sur « Dig up the Conjo ». Bien entendu, tout n'est pas mémorable, certains morceaux – « Out in the Streets » ou « Forgive and Forget » – sont un poil en deçà, mais la musique est toujours agréable.

Au final, un album bien équilibré, qui prouve que BLONDIE n'a rien perdu ni de sa verve, ni de son mordant. Debbie règne à nouveau sur son petit monde avec cette attitude si originale qu'on lui a toujours connue. On retiendra essentiellement le titre « No Exit », une véritable explosion de saveurs très recommandée. Blondie is back !