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SPARKS - Kimono My House (1974)
Par ARP2600 le 18 Décembre 2014          Consultée 6038 fois

Chaque amateur de musique a son année fétiche et la mienne est incontestablement 1974. On ne va pas refaire ici la liste des grands albums qui y ont été publiés en rock et en musique électronique mais c'est quand même incroyable : presque à chaque fois que je découvre un groupe actif à l'époque, il s'avère que leur livraison de 74 est redoutable. Enfin bref, c'est en particulier le cas pour les SPARKS, cet étrange groupe américain de souche mais à tendance nettement britannique. Leur troisième album Kimono My House est souvent considéré comme leur meilleur. Court et impeccable, il propose un rock intègre, nerveux, un peu glam, un peu pompeux, fort humoristique, aux mélodies à tomber.

Les SPARKS, donc... si les deux premiers albums avaient été publiés aux États-Unis par un ensemble de cinq personnes, ce sont indiscutablement les frères Mael, Ron et Russell, qui mènent le projet. La constitution du groupe a souvent changé, seuls les Mael étant inamovibles. Ron, le claviériste moustachu, auteur-compositeur de grand talent : un cerveau. Russell est le beau chanteur avec sa voix de fausset virtuose. Entre les deux, une complicité de toujours et un contraste très étudié ayant d'ailleurs permis quelques pochettes assez amusantes. N'ayant guère de succès aux États-Unis avec leurs premiers albums un peu poussifs, le line-up originel s'est séparé en 1973 et les frangins ont décidé de tenter leur chance dans cette Angleterre qu'ils admiraient. Ayant recruté guitaristes et batteur sur place, ils n'ont pas ménagé leurs efforts pour écrire une musique de meilleure qualité et ont enregistré Kimono My House.

Le titre est déjà une parodie, de la chanson «Come on-a my house» (quelque chose du genre «Viens à la maison»). La pochette verte figure logiquement deux japonaises en kimono, grimaçant de façon assez déplaisante. La musique est donc un genre de glam rock, plus proche de ROXY MUSIC que de David BOWIE mais... en fait, le style de Ron Mael est quand même fort personnel. On pourrait classer ceci en pop rock, tout simplement, c'est fort authentique et divertissant, un rock à cent lieues du hard rock bien qu'il y ait quelques beaux traits de guitare, et du rock progressif même si l'intelligence n'est pas en défaut. En fait, la meilleure comparaison qui me vient à l'esprit pour qualifier la musique des SPARKS est... QUEEN. Même si ceux-ci sont plus proches du hard, ce côté burlesque, l'énergie, la virtuosité du chant, le piano (et même la période disco des deux groupes quelques années plus tard), les rendent assez semblables. Je ne suis pas le seul à faire le rapprochement, de toute façon... il suffit de comparer «This town ain't big enough for the both of us» ou «Hasta Mañana Monsieur» avec un «Death on two legs», par exemple.

Non seulement Kimono My House est un superbe album, mais ce qui est réconfortant est qu'il contient également leur plus grand tube. Ils ne sont pas venus à Londres pour rien, car ils ont tapé juste d'emblée avec cet étonnant «This town ain't big enough for the both of us» qui reste encore de nos jours leur chanson emblématique. Elle alterne un faux refrain où est assénée cette phrase-cliché avec des couplets à la mélodie compliquée (dont il faut bien reconnaître que SIOUXSIE sera incapable de l'interpréter telle quelle dans l'album de reprises des BANSHEES). Toutes les mélodies de l'album sont de toute façon remarquables, d'une variété savoureuse et bien mises en valeur par le talent de Russell Mael. Un autre grand exemple est la virevoltante «Here in Heaven». Et puis il y a «Hasta Mañana Monsieur» qui dépeint de façon désopilante l'embarras d'un séducteur ne connaissant pas la langue de sa cible. Et puis ce génial «Talent is an asset» qui parle des proches d'Albert Einstein sur un rythme proto-disco. Ou encore le final surréaliste et décontracté «Equator» où un couple a rendez-vous sur l'équateur, mais l'un des deux arrive en retard. Dommage que le chant soit un peu difficile à encaisser à la fin, mais c'est un défaut minime à l'échelle de l'album. Citons encore les faces B «Barbecutie» et «Lost and found», toutes deux excellentes et ajoutées sur les éditions actuelles.

On pourrait parler longtemps des différents titres délicieux de l'album... Il n'y a aucun remplissage, toutes ces compositions montrent le même charisme naturel. Kimono My House est un grand moment de rock authentique, où on voit que l'humour n'est pas incompatible avec la qualité d'écriture et le plaisir direct d'écoute. L'influence des Sparks est plus grande qu'on le pense. Comme tous leurs confrères du glam rock artistique, leurs idées ont fait leur chemin, en particulier en musique pop rock, et cela vaut surtout pour ce disque et sa suite Propaganda sortie la même année, dans un style encore plus délirant. Si on ne doit écouter qu'un seul album des Sparks, que ce soit Kimono My House.

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- Ron Mael (claviers)
- Russel Mael (chant)
- Dinky Diamond (batterie)
- Adrian Fisher (guitare)
- Martin Gordon (basse)


1. This Town Ain't Big Enough For The Both Of Us
2. Amateur Hour
3. Falling In Love With Myself Again
4. Here In Heaven
5. Thank God It's Not Christmas
6. Hasta Mañana Monsieur
7. Talent Is An Asset
8. Complaints
9. In My Family
10. Equator



             



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