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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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- Style : Ramin Djawadi
- Membre : Bande Originale De Film
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Hans ZIMMER - Black Rain (1989)
Par BAKER le 1er Juillet 2018          Consultée 1689 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Bien qu'il ne semble pas exceptionnel de prime abord, Black Rain a été un disque essentiel, capital dans l'histoire de la musique de film. A fortiori, on ne pourra pas en dire autant du film qu'il a accompagné. Polar noir mâtiné d'action et d'un soupçon d'exotisme, Black Rain (dont le tournage côté nippon a viré au cauchemar) est un divertissement honnête doublé d'un petit message politique bien caché, qui vaut surtout par le magnétisme de ses quatre acteurs principaux (Andy Garcia notamment) et la photographie sublime de Jan De Bont (voir cette séquence d'intro stylisée au possible).

Années 80 obligent, la bande originale s'est partagée entre des chansons de plus-ou-moins-stars et une sélection de la musique composée par le jeune autrichien Hans ZIMMER, dans une de ces "suites" musicales dont il est passé maître. ZIMMER est à un tournant de sa carrière. Il a en 1988 créé des bandes originales magnifiques pour des productions indépendantes : l'extraordinaire Paperhouse où ses synthétiseurs se déchaînent, et l'excellent A World Apart montrant son amour pour la musique Africaine. Mais c'est le thème de Rain Man qui va lui ouvrir les portes d'Hollywood : s'il ne s'agit pas de sa meilleure partition, elle a durablement marqué les spectateurs. Il se voit donc confier de plus gros budgets, et a ici pour mission de succéder à pas moins que Jerry GOLDSMITH, VANGELIS, Michael KAMEN et TANGERINE DREAM pour satisfaire l'exigeant (à l'époque...) Ridley Scott.

La face A est la sempiternelle compilation de chansons qu'on retrouve dans le film... ou pas. Et elle est hétéroclite pour le moins. Si le disque démarre fantastiquement avec une très belle chanson d'Iggy POP à la prod' monstrueusement chaude (un mix légèrement supérieur à la version qui paraîtra sur son album Brick By Brick), le reste n'ira pas sans mal. Les UB40 reprennent les TEMPTATIONS à leur façon chaloupée, limite sortie de sieste ; SOUL II SOUL mélange bons choeurs et prod' urbaine qui déjà à l'époque pouvaient faire tiquer - mais rien de bien méchant. Le duo RITA MITSOUKO / SPARKS est toujours aussi irrésistible mais évidemment son ambiance n'a rien à voir avec un polar violent se passant au Japon. D'ailleurs, côté archipel, la couleur locale est assurée par SAKAMOTO qui, fort du succès commercial de son album Beauty, propose "Laserman" qui n'est qu'un remix de "Calling From Tokyo" assez bizarre, dont le minimalisme et la modification de structure émotionnelle ne sont pas vraiment la meilleure façon de découvrir ce génial artiste.

Bilan mitigé donc : des chansons mignonnes mais qui n'ont parfois rien à voir ni ensemble ni avec le thème du film. B.O. de fin des années 80, quoi : ça s'écoute très agréablement, sans plus. Arrive la face B qui est un tourbillon des sens, un festival. C'est bien simple : en 25 minutes, vous avez le best-of Hans ZIMMER. 30 ans de carrière y sont condensés. D'abord, le monsieur a signé une chanson magnifiquement interprétée par le regretté Gregg ALLMAN. Une chanson terrifiante d'efficacité, sombre, épique, emplie de rage mais aussi de force intérieure, un tube ultime sublimé par une production bien typique des années 80 : bigger than life, toute réverb' de chacal dehors, avec un saxophone putassier au possible et des musiciens top notch. Ils peuvent : il s'agit du groupe TOTO au grand complet, nonobstant Steve LUKATHER remplacé par son copain Mike LANDAU. De quoi déjà bien redonner espoir.

Mais ce sont bien sûr les 21 minutes 35 restantes qui vont faire de Hans ZIMMER le quasi-milliardaire qu'il est désormais. Le nez plongé dans sa banque de sons qu'il triture à loisir, mélangeant allègrement percussions et instruments japonais, synthés à la VANGELIS et bruitages divers, ne reculant devant aucune audace rythmique, et pour une fois se faisant aider par des musiciens additionnels (TOTO donc) mais surtout un vrai orchestre dirigé par feu Shirley WALKER, ZIMMER donne tout ce qu'il a dans un maelström de mélodies percutantes, d'arrangements divins, de mariages sonores contre-nature, le tout rendu cohérent par le principe de "suite" qu'il maîtrise avec l'aisance d'un vieux renard du rock progressif.

En soi, cette suite qui mérite impérativement l'achat de ce petit album est l'une des plus brillantes pièces de ZIMMER, et plus largement un des meilleurs instrumentaux de toute la décennie 80 pourtant riche en ce domaine. Mais c'est surtout l'impact gigantesque de cette suite que l'histoire a retenu. Si le film a connu un succès correct sans plus, n'arrivant pas à redorer le blason de Scott après un Traqué un peu fade (et laissons Legend de côté), sa bande originale, elle, n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd.

Dans les années 90, ce ne sont pas des poignées ni des dizaines, mais des centaines de films qui utiliseront Black Rain comme temp track (ces musiques temporaires censées aider le chef monteur), voire, c'est le pire, comme musique de leurs bandes-annonces officielles. Et je parle de films très célèbres, provenant de studios différents. C'est dire à quel point ZIMMER a réussi à capter, en l'espace d'un disque, toute l'essence du scoring de film d'action. Tant et si bien que le revers de la médaille sera cruel : ZIMMER créera Media Ventures, la plupart des compositeurs de scores tenteront vainement de l'imiter, et de nos jours, Black Rain n'est plus une partition de musique, mais un genre musical à lui tout seul, désespérément pompé et repompé jusqu'à la moelle par des carbones sur pattes sans la moindre volonté d'innover.

Bref, si vous voulez savoir d'où proviennent 90% des musiques de films de ces 20 dernières années, l'achat de ce disque est essentiel, vital. Et si vous aimez le bon prog orchestral mélodique et exalté, itou.

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2. Ub40 - The Way You Do The Things You Do
3. Soul Ii Soul - Back To Life (jam On The Groove Mix
4. Ryuichi Sakamoto - Laserman
5. Les Rita Mitsouko And Sparks - Singing In The Show
6. Greg Allman - I'll Be Holding On
7. Black Rain Suite A - Sato
8. Black Rain Suite B - Charlie Loses His Head
9. Black Rain Suite C - Sugai
10. Black Rain Suite D - Nick And Masa



             



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