AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Frégate à tribord ! Tout le monde sur le pont, lâchez vos accastillages et prenez coutelas et mousquets, le sang va couler et l’or pleuvoir. N’oubliez pas, les lâches seront jetés au Kraken !

Sentez ce vent de violence, humez ces vapeurs putrides, écoutez les sabres clinquer et surtout, ne faîtes pas de prisonniers ! Ah ! Quel spectacle, ça mérite bien un film ou deux (hum) ! Et tant qu’à faire, mettons-y le paquet. Gonfler les productions les plus prometteuses à grands soufflets de dollars est devenu notre affaire, et ne venez pas me parler de geste artistique ou je vous tranche la gorge !

Quel théâtre tout de même ! Les images sont sublimes, on ne regarde qu’elles d’ailleurs ; à nous en détourner de la musique ! Et pour parler de musique, nos cages à miel sont au fond du Moskoe-Strom. Sus aux modes subtils et aux atmosphères travaillées, tout n’y est que gros cordages et culs de porc : on s’y emmêle un peu.

Que bafouiller sur cette orchestration, mes brigands ? Du ZIMMER pur-jus : les cuivres hurlent à s’en décrocher la jambe de bois et les percussions font voler notre cache-œil ! A un film aussi imbibé (et pas de rhum) il n’en faut pas davantage. Il émerge tout de même quelques idées alléchantes (le thème de "Jack Sparrow", l’Orgue de "Davy Jones" et autres touches d’humour orchestrales), mais aussitôt écrasées par la masse sonore tonitruante et très vite rébarbative. Des tonneaux de clichés, en veux-tu en voilà, profitez-en flibustiers, c’est la tournée du capitaine !

On sombre en eaux troubles lorsqu’on perçoit cette guitare électrique apportant à la trame sonore déjà bien huileuse un quota de matière grasse supplémentaire. Et on se noie littéralement en découvrant le trésor de fin d’album : de la vieille quincaillerie maquillée en pièces d’or ! Mille sabords ! Puissent-ils brûler en Enfer, et avec du cholestérol ! J’espère que vous n’êtes pas fragiles du cœur, diantre de caillots !

Fuyez, pauvres fous ! C’est le naufrage, l’hécatombe, et ne touchez surtout pas à mes lingots, ou vous goûterez à ma poudre à canon !