AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

La fin du XIX° siècle au Japon marqua la fin de l’ère des Samouraïs. Le gouvernement du Shogun qui depuis des siècles détenait le véritable pouvoir fut renversé par les armées de l’Empereur Meiji qui décida d’ouvrir le pays aux influences occidentales et notamment américaines afin de moderniser et d’industrialiser le Japon. Les Samouraïs, qui étaient en quelque sorte les gardiens de la tradition japonaise, déjà affaiblis par les guerres entourant la restauration de Meiji, souffrirent également de l’abolition du système féodal et des nombreuses réformes du nouveau gouvernement.

C’est dans ce contexte historique que se déroule l’action du film. Nathan Algren (Tom Cruise), capitaine dans l’armée américaine, est engagé par le gouvernement japonais pour former une armée de paysans afin de mater la révolte de Katsumoto, un Samouraï qui refuse d’abandonner ses traditions ancestrales. Rapidement capturé par son ennemi, le capitaine Algren découvre progressivement, jusqu'à en être séduit, le mode de vie de ces chevaliers extrême-orientaux. Le film tombe alors dans une sorte de remake de "Danse Avec Les Loups", où le militaire américain découvre la culture de « sauvages » et s’aperçoit que l’idée de « civilisation » est somme toute subjective.

Je vous passe les critiques relatives à l’ethnocentrisme ou à la vulgarisation des mœurs samouraïs, pour en venir à mon sujet, à savoir la musique qui accompagne ce long-métrage. La composition de la bande originale du film a été fort judicieusement confiée à Hans ZIMMER, dont le talent en ce qui concerne la composition de musiques extrêmement immersives n'est plus à démontrer.
Ainsi, on peut revivre les moments forts du film à travers ce disque qui, en une heure, nous fait passer du calme évoquant les paysages magnifiques du Japon ou de la méditation sous les cerisiers, aux ambiances martiales des batailles.

A travers quelques instruments traditionnels japonais et autres flûtes et violoncelles, la musique fait avant tout la part belle à l’émotion. Tantôt apaisante ("A Way Of Life"), tantôt belliqueuse ("Red Warrior"), toujours intense. C’est à la fois la mise en musique d’images, mais aussi de sentiments, de principes, plus vivants certainement à travers le travail d’Hans ZIMMER que lorsque Tom Cruise agite à l’écran son sabre en bois.

On suit le mouvement du film, du très calme et suave titre d’ouverture, évoquant à la fois la beauté de la spiritualité nippone et la mélancolie qui ne la quitte jamais vraiment ; les atmosphères prenantes, voire angoissantes, de "Specters In The Fog" ; la grandeur épique et tragique dans le même temps de "Red Warrior" et de "The Way Of The Sword", évoquant la dernière bataille des samouraïs, en même temps que la fin d’une époque. "A Small Measure Of Peace", quoique symbolisant un retour au calme, ne se départit pas de cette grandeur tragique, indissociable de l’esprit du guerrier, conscient de ses devoirs, des vies qu’il a ôtées et de la sienne qui n’est jamais qu’éphémère.

Au final, une musique superbe, épique et grandiose, peut-être ce qu’il y a de mieux dans le film. A écouter que l’on soit adepte ou non des productions hollywoodiennes, que l’on ait ou non aimé le long-métrage, en buvant une tasse de thé et en relisant le Hagakure.