Quasiment un an jour pour jour après le décès de Tom PETTY, le deux octobre 2017 sort un coffret de quatre CD, compilé par sa veuve, sa fille, avec la collaboration de son guitariste Mike Campbell et de son clavier, Benmont Tench. Le fil conducteur est de présenter des morceaux moins connus mais aussi les titres favoris de ses proches. La compilation débute en 1976, sans respecter la chronologie des dates (un CD par décade) et se termine en 2016. On retrouve toutefois des versions live d’anthologie des grands titres connus comme « King’s Road » (Inglewood 28 Juin 1981), ou « Southern Accents » (Gainesville, 21 Septembre 2006) avec un public de Floride survolté qui hurle les paroles.

Des plages moins connues comme « Gainesville », « I Don’t Belong » de Echo, ou « Sins of My Youth », tirée des sessions d’Hypnotic Eye en 2014, qui est complètement différente, et meilleure à mon goût, de la version « tango » publiée sont aussi exhumées. A l’écoute, on perçoit les deux grandes influences de Tom. Bob DYLAN et The BYRDS. Le son des guitares, la manière de poser sa voix, la mise en place des instruments sont des pistes qui amènent inévitablement vers le Zim ou les Oiseaux. On retrouve d’ailleurs Roger McGuinn sur « King Of The Hill » dans une version enregistrée le 23 novembre 1987.

On peut regretter le mélange des titres. Il eût été peut-être plus simple de proposer un CD d’inédits, un autre d’alternates, et des prises live. Toutefois, cette présentation prouve l’intemporalité de la musique du groupe, on peut passer de « Surrender » des sessions du premier album de 1976 à « Save Your Water » de Mudcrutch 2 de 2016, sans avoir l’impression d’effectuer un bond dans le temps de quarante années.

Il faut du temps, beaucoup de temps, pour apprécier les perles de cet album, ainsi cette version de « Two Gunslingers » (The Beacon Theatre, New York 25 mai 2013), acoustique et émouvante ou un alternate de « Rebels » (Southern Accents sessions 1985) plus aérée que l’originale. Tom était frustré par la version de l’album et on peut le comprendre quand on écoute celle-ci. Et on peut égrener encore ce « Lonesome Dave » (Wildflowers sessions 23 juillet 1993) fruit d’une liaison incestueuse entre les STONES et DYLAN ou « Don't Fade on Me » tirée des sessions du même opus, chanson de cow-boy sombre et acoustique.

Outre ses qualités intrinsèques, ce somptueux coffret donne une furieuse envie de se replonger dans la discographie du groupe pour comparer, écouter les grands albums qui ont jalonné sa carrière. Nous savons que PETTY était un perfectionniste à la SPRINGSTEEN, un bourreau de travail qui travaillait des heures en studio pour proposer des albums parfaitement finis et maîtrisés. Pourtant, quelquefois, il a écarté pour d’obscures raisons des titres et des versions qui auraient fait les choux gras de beaucoup de groupes.

Dommage que Tom n’ait pas sorti ces bandes de son vivant, avec ses notes, ses explications. Mais finalement, le plus important est de pouvoir profiter de ses soixante-trois morceaux, sans aucun déchet, sans faute de goût. En espérant entendre un jour toutes les fabuleuses bandes live enregistrées du côté de Frisco, de L.A., histoire de confirmer que Tom PETTY est en effet un vrai et pur trésor de la musique américaine.