Trois ans seulement pour refaire surface, c'est le temps que nécessite le nouvel album de SOLDAT LOUIS, plutôt éloigné de ce qui a précédé durant les années 90.

Escale Sur la Planète concentre la même équipe que Bienvenue à Bord (1999) au niveau des musiciens, mais le label et le distributeur changent (de Sony, SOLDAT LOUIS est passé chez Virgin). Pour rester dans le fond de la réalisation, Gary Wicknam se charge des deux tiers de l'écriture, capitaine Soldat fait la moitié du reste, bref, pas de quoi être dépaysé !

Tout comme pour l'ensemble des chansons, où les arrangements de Jean-Paul Barrière font la part belle aux sonorités de claviers autant que de guitares ou de bombarde. Le caractère musicien est toujours aussi appréciable, quoique moins diversifié ici, et moins flagrant en qualité. Le problème de mixage a été résolu cela dit !

Les titres "Borgnefesse" et "Le père Noé", mettant en évidence les instruments susmentionnés, se laissent porter par les riffs funk ou reggae du Soldat. Celui-ci fait une nouvelle tentative de chant pour "La Soldadance", plus cinglant et proche du rap. L'effet est à double tranchant, mais le texte, un ancien loser qui vise la célébrité, reste bien tourné ; la batterie plus présente sur la fin et les parties de bombarde qui swingue ont de quoi remporter nos faveurs d'auditeurs.

Ce disque comporte des morceaux ainsi ficelés, on reconnaît la patte SOLDAT LOUIS, mais elle séduit moins que sur Bienvenue à Bord, pour ne pas citer les efforts plus anciens. "Dans le fond les hommes" contient quelques belles pièces en paroles ("Les hommes se ressemblent dès qu'ils aiment, même les salauds, les crados ont le désir de plaire, ainsi va la race humaine"), mais son blues gras traîne la patte.

Il s'accorde avec "Le sonneur de Quimperlé" pour son côté rassembleur, destiné à être chanté haut et fort avec le public lors des concerts, mais en moins bien. Ce dernier sonne comme du TRI YANN de l'époque (Le Pélégrin), c'est un an dro de toute beauté avec basse bien en avant et synthés electro qui lorgnent vers le hip-hop, une lubie décidément. "Ce slow-là", en revanche, en dépit du contexte décrit et langoureux, laisse dubitatif ; même le solo de guitare doublée paraît superflu.

À côté, on a le chant de comptoir "Tonton Louis", la ballade épique qui donne son titre à l'album avec des arpèges splendides dont le Soldat, le second Wicknam et Michel Banuls ont le secret. "Distance" et surtout "Suis-moi" (une des meilleures du groupe) développent leurs messages respectifs, liés à l'amour et l'évasion, se fondent dans des tons folk crépusculaires splendides. Sur un mode politiquement engagé, "La balance et le glaive" est fort convaincant, titre parmi les plus rock du disque en plus. On retient "Salut" aussi, dont le discours incantatoire, pour ne pas dire cosmique (les claviers) est aussi communicatif que "Le sonneur de Quimperlé" !

Pas un grand disque, mais un bon, avec des choses très bien faites toujours. Une poignée de titres se détache et mérite le rang de classiques !