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Amon TOBIN - Fear In A Handful Of Dust (2019)
Par SASKATCHEWAN le 29 Juillet 2019          Consultée 1994 fois

On ne s’aventure pas dans l’espace sans dommage. L’âme reste suspendue quelque part dans l’éther, et le corps qui revient à la surface fait figure d’exilé. Cette malédiction du retour à la pesanteur ne serait rien, si elle ne concernait que les quelques astronautes qui, après avoir touché du doigt l’inaccessible, titubent sur la terre ferme, vacillant sur leurs muscles engourdis. En réalité, le jour où Youri Gagarine s’est placé en orbite, c’est toute l’humanité qui s’est arrachée au plancher des vaches pour se rapprocher des énigmes qui flottent là-haut. Quelques décennies plus tard, alors que les vols habités ont perdu de leur lustre, il ne reste que l’art comme pis-aller pour retrouver les sensations éprouvées dans le vide spatial. La musique n’est peut-être que ça, un moyen de ressasser dans son for intérieur les merveilles entrevues au cours d’une existence.

Parmi les artistes restés accrochés quelque part dans la Voie lactée, Amon TOBIN s’est depuis longtemps réservé une place de choix. Les échantillons de jazz, les ambiances de film noir, les enregistrements en plein air, tout cela a toujours dissimulé un attrait pour le ciel et les étoiles, qui se manifestait de temps en temps par une envolée de synthés ou une plainte sourde des basses en arrière-plan. Enfin, jusqu’en 2015, l’année qu’a choisie l’artiste pour dévoiler un EP inspiré des films d’exploration spatiale : Dark Jovian. Pour la première fois, l’éther se voyait accorder le premier rôle.

Dans la droite ligne de ce court format très réussi, Amon TOBIN remet le couvert au printemps 2019 avec Fear in a Handful of Dust, qui fait la synthèse entre les récentes échappées intersidérales et les albums précédents. A ce titre, on a un peu de mal à comprendre pourquoi Dark Jovian est classé comme EP, et le nouvel album comme LP. Les deux font environ 40 minutes. J’ai un collègue à la compta que ça empêche de dormir. Si demain, il saute à la gorge d’un auditeur ou gifle une collègue de la com’ qui s’est permis de mettre un smiley dans le tableur bilan de la boîte, on saura d’où vient le malaise. Les gens accordent trop d’importance à la musique, en général.

De Dark Jovian, il reste l’espace. Et d’ISAM alors ? Un certain raffinement sonore, certes, mais les morceaux sont plus épurés qu’en 2011. Amon TOBIN semble avoir renoncé à placer la moitié des sons captables par l’oreille humaine sur un seul album. Les mélodies sont plus évidentes, aussi. Il suffit de se pencher sur le titre d’introduction, « On a Hilltop Sat the Moon », pour s’en convaincre. Les notes cristallines s’échappent en chapelets de la machine, soutenues par des nappes vaporeuses. Dans la même veine, « Pale Forms Run by » et « Milk Millionaire » rappellent que le Brésilien est un mélodiste hors pair.

Le contraste avec des pièces massives comme « Heart of the Sun » et « Dark as Dogs » n’en est que plus saisissant, comme si un astronaute flottant paisiblement au bout de son cordon se retrouvait pris dans l’explosion d’une étoile. Qui finit par prendre le dessus ? Est-ce la technique grinçante, cliquetante, sifflante de l’Homme (« Freeformed »), qui exécute sa danse mécanique dans l’infini ? Ou bien est-ce l’espace lui-même, sa froide indifférence qui s’exprime par un crescendo de basses qui sature le spectre sonore (« Dark as Dogs ») ?

Fear in a Handful of Dust aurait pu rester écartelé entre ces deux entités, ne jamais trouver le point d’équilibre entre la machine à bruits et un milieu qui, par essence, ne propage pas le son. Si le propre des génies est de montrer la synthèse possible entre deux phénomènes que l’on pensait irréconciliables, alors Amon TOBIN a réalisé un authentique coup de maître sur « Velvet Owl ». Il y a tout sur ce titre. Il y a l’espace, à perte de vue, mystérieux, et la petite machine de l’Homme qui s’approche d’un objet céleste en tournoyant. La mélodie fragile du vaisseau s’arrime à la fournaise bruitiste d’une planète trop proche de son étoile. La mélodie aurait pu s’y noyer, mais elle s’en extirpe et finit par tinter en harmonie avec le désordre environnant. On ne conquiert pas l’espace, on ne peut que le rencontrer.

Cette vérité simple a peut-être été mise en musique par Amon TOBIN. Ou peut-être a-t-il simplement bidouillé des sons et suivi les injonctions de son immense talent. Dans un cas comme dans l’autre, il donne un aperçu de l’infini à ceux qui ne passeront jamais les sélections des programmes spatiaux, mais qui ne peuvent s’empêcher de lever les yeux vers les astres. On me dit qu’ils sont nombreux.

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   SASKATCHEWAN

 
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- Amon Tobin (tout)


1. On A Hilltop Sat The Moon
2. Vipers Follow You
3. Freeformed
4. Pale Forms Run By
5. Heart Of The Sun
6. Velvet Owl
7. Fooling Alright
8. Milk Millionaire
9. Three Different Hat Sizes
10. Dark As Dogs



             



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