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1975 Song For America
  Masque
1976 Leftoverture
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1979 Monolith
1980 Audio-visions
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- Style : Rush, Styx, Ayreon, Journey, Genesis, Yes, Boston
- Membre : Steve Walsh , Deep Purple

KANSAS - Leftoverture (1976)
Par LONG JOHN SILVER le 6 Février 2020          Consultée 2934 fois

1976 est une année cruciale pour KANSAS, si le groupe tourne beaucoup, il a échoué jusqu’à présent à s’imposer définitivement dans le paysage du rock US, c’est un bel outsider mais cela ne suffit pas à sa maison de disque qui exige du groupe d’obtenir un authentique carton commercial. Cependant celui-ci obtient en retour de ne pas enregistrer son nouvel album dans l’urgence, afin d’assurer sa mise dans ce qui constitue un véritable quitte ou double imposé par Kirshner. Leftoverture voit ses séances s’étaler depuis la fin 1975 jusque sur une majeure partie de l’année 1976. Pour une sortie en octobre. Son titre est un jeu de mots formé par "leftover" (reste, ou surplus souvent utilisé concernant un repas) et "overture" (ouverture musicale), soulignant le penchant symphonique de la musique mais pointant avec ironie la situation délicate du groupe en utilisant le terme "reste", ce qu’il convient de finir. La pochette reprend le lettrage choisi pour Song For America, afin d’en faire un élément identitaire caractéristique et son illustration nous replonge dans la Renaissance comme le fit celle de Masque. Le compositeur assis à sa table semble bien soucieux au moment où il pose ses notes sur une partition. Un long parchemin qui s’étale en dos de couverture dévoile les 8 titres d’un opus qui compte près de trois quarts d’heure de musique. Sans oublier ses textes imprimés sur la pochette intérieure, porteurs de questions existentielles.

Dans pareille situation, Jeff Glixman – désormais producteur attitré – opère des choix drastiques, confiant l’entièreté de la composition au seul Kerry Livgren. Steve Walsh, voyant recalées ses contributions, est réduit au rôle de simple coauteur sur trois titres, dont l’un est signé par tout le collectif ("Magnum Opus"). Comment conserver son intégrité artistique, allier musique complexe et succès commercial sans compromission ? Le groupe QUEEN vient d’offrir un exemple flagrant de réussite en publiant, fin 1975, "Bohemian Rhapsody", titre à tiroirs dépassant les six minutes. Un carton commercial, figurant dans un album extrêmement ambitieux, A Night At The Opera, lui permettant d’accéder au firmament du Rock. Or KANSAS réalise une prouesse similaire avec Leftoverture, se permettant de ne rien céder sur la complexité de ses compos (et même de l’assumer davantage) tout en dégainant un hit-single au sein d’un album hyper ambitieux. Ambitieux mais nullement mégalo et encore moins prétentieux. Car KANSAS fonctionne en tribu, ne propulse pas un personnage scénique à la Freddie Mercury dont la posture mégalo fit le miel créatif de QUEEN*.

Ainsi l’album ouvre avec "Carry On Wayward Son", qui se trouve être la suite de "The Pinacle", la dernière chanson du précédent effort. Pour la première fois en quatre disques, le groupe assume son identité d’emblée, évite de nous distraire en balançant un morceau a priori (plus) accessible, rentre tout de suite dans le vif. "Carry On Wayward Son" est un titre complexe, dépassant les cinq minutes, tout en ruptures, parfois lourd comme du Heavy Metal, parfois aérien. Le titre commence par des voix harmonisées a capella (tiens, tiens) avant d’envoyer son riff principal où l’on note que les pêches de l’orgue tombent à l’envers, provoquant un sentiment étrange de déséquilibre. Pour la petite histoire, KANSAS reprend ici une astuce déjà entendue sur "like A Rolling Stone", la chanson fleuve signée Bob DYLAN**. Kerry Livgren signe là le premier véritable hit du groupe, la chanson atteint finalement la 11e place des charts US et est devenue depuis incontournable sur les compiles consacrées au groupe, de même les radios continuent de la diffuser un peu partout dans le monde. Mission accomplie pour KANSAS vis à vis de son label, cependant on aurait bien tort de limiter Leftoverture à ce wonder hit qui a marqué son époque et les générations suivantes.

Car Leftoverture est un authentique chef d’œuvre du Prog Rock sympho, regorgeant de mélodies immédiates, de breaks acrobatiques, d’emphase roborative. Aussi fascinant qu’un feu d’artifice lors d’une célébration grandiose. On pourrait écrire une thèse sur presque tous ses morceaux, l’album contient bien un ou deux fillers mais même ceux-ci ne sauraient constituer des points faibles. "What’s On My Mind", "Opus Insert" et "Question Of My Childhood" sont moins connus que les autres titres du disque pourtant ils sont tous d’un niveau plus que respectable, notamment les deux premiers cités. Ce sont également les morceaux les plus courts du disque or ils contiennent leur lot de montagnes russes, cela sur un temps record. L’efficacité, sans (aucun) doute. Le moment le plus étendu clôt l’ensemble (plus de huit minutes), il s’agit de "Magnum Opus" (appellation non usurpée) qui nous emmène dans des circonvolutions époustouflantes de maîtrise technique collective. "Miracles Out Of Nowhere", qui clôt la première partie, dure deux minutes de moins, Steinhardt et Walsh s’y succèdent au micro puis nous délivrent des harmonies absolument envoûtantes, aussitôt entêtantes. "Cheyenne Anthem" expose sa dramaturgie sur son intro : guitare acoustique et voix après quelques notes au synthé analogique. Peu d’éléments pourtant on ressent déjà qu’on entre dans l’emphase. Un procédé qu’un certain Arjen Lucassen (AYREON) a parfaitement assimilé. Et puis il y’a "The Wall", probablement la plus belle chanson de Leftoverture, qui reprend le principe de l’exposition façon ballade à la KING CRIMSON sur son premier album. Une totale réussite, composée par le duo Livgren/Walsh, dont la mélodie imparable soutient un texte poétique du meilleur effet. On se pose des tas de questions mystico/existentielles chez KANSAS, on ressent la fragilité de ces hommes qui ont le courage de l’exposer et de ne surtout pas la fuir. Beau à en pleurer. "The moment is a masterpiece, the weight of indecision’s in the air" : Vivons l’instant, ceux qui n’ont pas saisi le message bouffent déjà des pissenlits par la racine.

KANSAS a pris son temps (même si aujourd'hui c’est très relatif) or il a superbement bien fait. Leftoverture est bel et bien un chef d’œuvre qui connût le bonheur d’être multiplatiné, la sincérité du propos faisant mouche, la classe éblouissante des musiciens se révélant enfin à la multitude. KANSAS fait désormais partie des plus grands, maintenant et pour un moment encore, même si –on l’apprendrait par la suite- : "Nothing lasts forever but the earth and sky".

* Il est bien précisé qu’on parle ici du personnage public Mercury, pas de l’homme en privé qui vécut certes de façon extravagante.
** Partie à l’orgue jouée par Al Kooper tentant de suivre une grille qu’il ne connaissait pas, d’où le décalage, et que DYLAN choisit de conserver

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Steve Walsh (chant, claviers)
- Kerry Livgren (guitare, claviers)
- Robby Steinhardt (violon, chant)
- Phil Ehart (batterie)
- Rich Williams (guitare)
- Dave Hope (basse)
- +
- Toye Larocca, Cherryl Norman (voix sur 7)


1. Carry On Wayward Son
2. The Wall
3. What's On My Mind
4. Miracles Out Of Nowhere
5. Opus Insert
6. Questions Of My Childhood
7. Cheyenne Anthem
8. Magnum Opus
- - A. Father Padilla Meets The Perfect Gnat
- - B. Howling At The Moon
- - C. Man Overboard
- - D. Industry On Parade
- - E. Release The Beavers
- - F. Gnat Attack



             



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