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PIERPOLJAK - La Roue Tourne Igo (2020)
Par NESTOR le 26 Septembre 2020          Consultée 1640 fois

Une production assez rare et une série en cours de cinq albums de très haut niveau : c’est peu dire que ce nouvel album de Mister PK était attendu. Cependant, pour une fois, cette attente est plus qu’excusable, PIERPOLJAK ayant passé quelques temps à l’hôtel des gros verrous. Un quatrième séjour qui imprègne fortement ce disque, à tel point que la quasi-totalité des titres évoquent de près ou de loin la prison ou la privation de liberté. Il n’y a guère que le titre d’ouverture, "Triomphe de l’amour", "Les anges aux dents cassées" et "Trash com" qui s’affranchissent totalement de cette thématique en abordant les sujets de la souffrance animale ou de la défiance face à notre système politique.

Autre caractéristique de La roue tourne igo : avec cet album, PIERPOLJAK propose un disque clairement ancré dans le reggae. Lui qui évoluait ces derniers temps, avec beaucoup de réussite d’ailleurs, aux confins de la variété et du reggae a recentré son propos sur son style d’origine. Il en résulte un album un peu plus rugueux, direct et homogène, à l’image de son titre, récolté sur le mur de sa cellule. Ainsi, "Clarks aux pieds" magnifié par la participation de l’ex RAGGASONIC, Daddy MORY s’impose comme un hymne reggae contagieux. Il en va de même de l’autre collaboration avec l’es SAÏAN SUPA CREW, Sir Samuel : "Gueuler c’est pas la peine". Deux titres très convaincants et qui apportent une forte touche Reggae à cet album.

Au delà de la musique, sa plume est toujours aussi riche même si sa pensée se fait parfois un peu schizophrénique. On va ainsi retrouver cette farouche soif de liberté et de singularité, si caractéristique du bonhomme, qui côtoie une valorisation surprenante d’une certaine docilité et de la conformité. Le refus de la conformité dont PIERPOLJAK est coutumier s’accommode en effet assez mal de cette ode aux Clarks (cf ci-dessous), qui sont présentés comme l’uniforme indispensable à tout Reggae freak. Il manque là peut-être un peu de dérision, d’ironie et de recul.

Il en va de même avec cette présentation parfois un peu idéalisée de la vie en prison et des valeurs qui s’y développe, qui tranche avec le caractère farouchement indépendant et marginal de mister PK.
Cet arrière-goût de chambrée militaire : "ah le Service, c’était pas si mal finalement…" est assez surprenant de la part d’un PIERPOLJAK qui nous a habitué à plus de sensibilité et de discernement. Et on aurait aimé un peu moins de facilité dans ses textes et ses analyses. Un peu plus de profondeur dans l’expressions des sentiments.

C'est comme si le bonhomme agissait comme un lion en cage : plus par rage que par raison. Il n’y a pas non plus de quoi en faire un plat, mais le bonhomme nous a livré dans un passé très récent de telles perles, en parvenant à se montrer si juste et touchant dans ses textes que ce constat s’impose. Qui aime ben châtie bien ! Mais, passé cette petite réserve, on prend du plaisir à le suivre dans ses histoires qui, certainement une conséquence de son passage en cabane, sont constellées de mots et d’expressions tirés de l’argot (igo, pénave, narvalo, bédave…)

Et nous avons là un solide album de Reggae. Qui, s’il ne parvient pas à rejoindre ses augustes devanciers au panthéon de la musique, n’en demeure pas moins un disque qui saura séduire un large public. Gageons que la vie reprenne un cours plus calme pour PIERPOLJAK et qu'il nous revienne vite avec un album plus apaisé et plus riche.


* Les Clarks, sont des chaussures très populaires auprès des fans de Reggae jamaïcains (pléonasme ?).
On ne compte plus le nombre de chansons qui vantent la marque anglaise : "Put Me Clarks On" de Barrington LEVY,
"Clarks", de Vybz KARTEL, "Clarks Booty" de LITTLE JOHN, "Clarks Pon Foot" de JAHVILLANI. Et désormais "Clarks aux pieds" de PIERPOLJAK.
Cet engouement est tel que le DJ jamaïcain Dennis ALCAPONE déclare : "J'ai grandi avec l'idée que si tu ne portes pas de Clarks, c'est que tu n'as rien à dire." Outre leur côté confortable et la variété des couleurs proposés, le fait que ces chaussures soient assez chères était censé valoriser l’image de la personne qui les portait. Le fait que ces accessoires de mode chers, soient portés même par des pauvres développait également l’idée que leurs détenteurs étaient un peu des voyous, la chaussure devenant l’apanage des Rudes Boys.
Dennis ALCAPONE évoque une intervention de la Police lors d’une soirée à l’occasion de laquelle les fêtards sont séparés en deux groupes : ceux qui portent des Clarks d’un côté et les autres en face. Les premiers, considérés comme des voyous par la Police, sont ensuite tabassés par les policiers qui font le lien entre détention de ce type de chaussure et canaillerie.

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- Pierre-mathieu Vilmet (chant)
- Marc Jouanneaux
- Matthieu Bost
- Thomas Broussard (guitare)
- Jimmy Zaccardelli (claviers)
- Thomas Cirade (basse)


1. Triomphe De L'amour
2. Clarks Aux Pieds (avec Daddy Mory)
3. Jeu De Con
4. Beber
5. Les Anges Aux Dents Cassées
6. Igo
7. 2min40
8. Trash Com
9. Pénave
10. Gueuler C'est Pas La Peine (avec Sir Samuel)
11. 7 Ans De Malheur



             



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