Pierre-Mathieu Vilmet, dont le passé est plutôt sombre, est aujourd'hui une des références du reggae français. Ses premières accroches au monde du reggae se font dans sa ville natale qu'est Paris, au début des 80s’ ; il évolue alors sous le nom de Peter Breda. Après diverses errances peu recommandables, il fait la connaissance de rastaman alors qu'il fait escale dans les Caraïbes. Cette rencontre décisive est l'occasion de le remettre un peu dans le droit chemin. Rentré à Paris à la fin des années 80, ce n'est qu'à partir des années 90 qu'il commence à se faire connaître. Après deux premiers albums passés un peu inaperçus et Kingston Karma, qui l'a véritablement propulsé vers le succès, Pierpoljak sort en 2000 Je fais c'que j'veux, toujours sous le label Barclay, album sans aucun doute le plus personnel de sa carrière.

Pierpoljak est un artiste un peu oublié aujourd'hui, pourtant vous avez sûrement déjà entendu « Dépareillé », premier single de l'album. Les basses vibrent, la guitare assène inlassablement des coups secs et celui que se fait appeler « Pekah » porte fièrement ses dreads ainsi qu'une barbe de 3 semaines ; oui, à l'époque Pierpoljak faisait du reggae. Les paroles sont évocatrices : il raconte son manque de repère, la confusion concernant ses origines, son envie de découvrir qui il est... Le second single « Maman » qui a rencontré un très fort succès à l'époque est une chanson bien écrite et tout à fait personnelle.

Cet album est vraiment un moment de bonne humeur. Prenez « Tout là-haut », morceau énergique dont le chant est renforcé par des chœurs lors des refrains et enrichi de temps à autres par des cuivres. Ça bouge et le sourire monte aux lèvres immédiatement. Idem pour le second titre, « Levez-vous » dont les paroles invitent gentiment l'auditeur à faire valoir ses convictions : « battez-vous jusqu'à votre dernier souffle ». Autre très bon morceau, il s'agit de « Né dans les rues de Paris ». Sur fond d'accordéon, il fait référence à ses années laborieuses passées dans la capitale. « Monsieur Gros Gras Grand » emprunte un ton plus grave pour dénoncer les embrouilles liées au business de l'industrie du disque.
L'instrumental se fait plutôt discret du côté basse/batterie et c'est dommage car une basse plus présente aurait pu ajouter un côté plus roots, plus jamaïcain, à la musique. « Lingwa » présente tout de même une ligne de basse intéressante et une ambiance proche du pur reggae jamaïcain à la Black Uhuru (notez que sur Kingston Karma il collabore avec le célèbre duo Sly & Robbie).

La variété est finalement peu présente sur cet album, contrairement à ses dernières productions qui en sont fortement teintées. On a bien un album de reggae, certes plutôt facile d'accès, mais influencé par des artistes jamaïcains tels que Burning Spear ou Dennis Brown et par les productions du fameux Studio One. Il travaille une fois de plus avec le producteur Clive Hunt, véritable légende dans le monde du reggae, ayant collaboré avec un nombre impressionnant d'artistes.

« Je fais c'que j'veux » est l'album qu'il faut retenir dans la discographie de Pierpoljak. Si l'album précédent intitulé « Kingston Karma » était de qualité, lui semble un poil meilleur car plus mature. Certains titres comme « Ils ne m'auront jamais », aux accents de gospel, et quelques refrains sont plutôt moyens, il faut avouer que la vue d'ensemble est très convaincante. Étrangement, plus tard Pekah fait tomber les dreads et la barbe, et sa musique laisse place à de la variétoche bien loin de ses influences premières...