Bien sur, étant donné le colossal succès du précédent album, tous les feux sont au vert pour la galloise Bonnie TYLER en ces mid eighties, pour dominer les charts du monde entier. Les gros moyens sont donc à l’oeuvre pour donner une suite cohérente et atomiser le monde de la musique. Jim Steinman est à la console. Voyez les noms dans les crédits des songs et les musiciens qui l’accompagnent : Bittan, Weinberg, Bullock. C’est le très haut du panier ! Ajoutons que malgré une carrière de dix ans, Bonnie reste à 35 ans tout à fait capable de séduire le public des eighties. Nous nageons en tout cas dans le soft rock et l’AOR sur cet album, sans doute son plus mainstream jusqu’à présent.

Et on part très fort avec le premier single "Holding Out For A Hero", une des quatre compositions amenés par Steinman pour cet opus. Le rythme est limpide, les choeurs judicieux, les orchestrations au top, la dynamique magnifique et la voix de Bonnie y donne toute sa mesure. Le refrain ne laisse personne indifférent bien sur, c’est un thème célèbre et mondialement connu. Le titre est cependant connu depuis deux ans lorsque sort l’album puisqu’il est dans la BO du film Footloose, un succès qui atteint la 2eme place dans son pays natal. La vidéo est dans la droite ligne de celle de "Total Eclipse Of The Heart", comme toutes celles qui suivront ! Le deuxième single, toujours composé par Steinman, est "Loving You‘s A Dirty Job, But Somebody’s Gotta Do It" – ah ses titres à rallonge ! - , ses choeurs soul, son ambiance smooth, chantée en duo avec le grand Todd RUNDGREN. Un mi tempo aux allures fantomatiques, très proche des thèmes opera rock qu’aime à composer Jim et que MEAT LOAF reprendra logiquement plus tard.

C’est bien sur le célèbre DESMOND CHILD qui est aux manettes sur "If You Were A Woman And I Was A Man" dont le refrain n’est ignoré de personne, pas plus que ce beat de synthé répétitif… Les fans de Hard rock ne seront pas sans remarquer l’extrême ressemblance existant avec le méga hit de BON JOVI "You Give Love A Bad Name" que j’ai toujours personnellement trouvé naze, ceci expliquant sans doute cela. Les résultats sont décevants aux states – 77eme – mais bon en France-6eme -, et chez nous, le titre est un classique de Miss TYLER. Souvenons nous que Steinman avait demandé à CHILD un mix de Tina TURNER, de SPRINGSTEEN de U2 et d’HALL & OATES… Le diable s’est bien débrouillé non ? "Band Of Gold" est une repris de la motown, un succès de Freda PAYNE remis au goût du jour pour en faire un hit de Bonnie. L’instant est sympa, très éloigné de l’originale, plus dance dont il atteint la 18eme place des charts. Pas le moment le plus mémorable de Bonnie mais très chouette tout de même.

Nous restons dans les ténors de l’AOR avec le duo Bryan ADAMS et Jim Valance qui amènent "No Way To Treat A Lady" en guise de cinquième single. On en a bouffé de la Bonnie TYLER en 86 ! Le titre est bien dans l’air du temps mais ne se signale par aucune qualité fabuleuse, juste un titre honnête pour faire le buzz. "Rebel Without A Clue" est le sixième single… ça commence à faire beaucoup ! De l’AOR dans le texte. Pas la meilleure chanson de Steinman, mais toujours écoutable avec un jolie refrain à la clef. On en termine avec "Lovers Again", 2eme contribution de DESMOND CHILD, un mid slow de belle tenue mais un brin convenu. Pas un de ses trois derniers singles ne va charter, comme quoi il faut savoir s’arrêter à moment donné quand on ne s’appelle pas Michael JACKSON !

"Ravishing" est en définitive le seul titre du lot à ne pas être sorti en single au final, théoriquement, on est en droit de s‘attendre à une bouse… Quelle n’est pas notre surprise quand on constate que le titre en question est de l’AOR du meilleur tonneau, avec de superbes couplets magnifiquement emballés dans une production hors pair, avec grosse grattes et orchestrations typées eighties bien sur mais bénéficiant de l’indubitable savoir faire du grand Jim Steinman. Très agréable.

La conclusion s’impose d’elle même, Bonnie TYLER est au sommet de la pop music en 1986, à ce titre, il est inconcevable de mettre moins de quatre à cet album, même si quelques pistes sont un peu en deçà. Les singles assurent les cachous et s’enfilent comme des perles, et jusqu’au 4eme, tous sont parvenus à nos oreilles ce qui est un gage de stabilité. La voix de Bonnie me semble avoir encore gagné en maturité. La critique est pourtant dure pour cet album et les ventes ne matcheront pas celle du précédent, mais depuis la France, difficile de faire de cet album autre chose qu’une suite logique. Mais peut-être que je me trompe ?