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BALDOCASTER - Ident (2022)
Par CHIPSTOUILLE le 23 Juin 2022          Consultée 864 fois

Depuis son album Visions, sorte de conclusion à son épopée spatiale et planante empruntée à l’école de Berlin, BALDOCASTER s'est détourné de l’espace. Plus qu’en direction du ciel, son regard s’est depuis déporté vers le passé. En témoigne le titre du single "Memorie". "Stalker" quant à lui était un hommage à Carpenter et Tarkovsky. Certes, il y a eu War Rig, sorti plus tôt en cette année 2022. Sa pochette nous a bien ramené dans le désert d’une planète échouée au cœur d’une galaxie lointaine, très lointaine. C’est vite oublier deux points importants. Premièrement, la musique était tout d’abord inspirée du second Mad Max. Deuxièmement, cet E.P avait été composé dès 2018. Ident vient donc de nous confirmer le changement amorcé sur les précédents singles : BALDOCASTER, sans renier son style, vient de faire demi-tour pour repartir dans une nouvelle direction.

Celle-ci n’est une fois de plus pas très éloignée des poncifs de la Synthwave. Faute de planète lointaine, nous sommes revenus - ou tout du moins est-ce l'impression qui nous envahit à la première écoute - à des classiques du cinéma de genre. Le rythme est appuyé et la production puissante. Mais, une fois de plus, BALDOCASTER a su trouver la petite subtilité pour se distinguer des autres. Vous ne trouverez sur Ident pas plus de sourire Colgate à la Tom Cruise que de grand écart facial 'made in Belgium'. A vrai dire, BALDOCASTER n’est pas tout à fait allé piocher dans le cinéma des années 80 sur cet E.P.

En réalité, le concept de Ident est bien plus télévisuel. L’idée directrice ? L’album nous présente une collection de bandes audio qui auraient été destinées à mettre en musique les cartons d’une chaîne de télévision n’ayant jamais vu le jour. A l’écoute des titres "Ident" I à III, on a envie de se pincer le nez en balançant des slogans désuets : Fantavision présente !, C’est fini pour le direct, à vous les studios !, ou encore le célébrissime : Salut les copains ! C’est parti pour un mercredi après-midi de foliiiiieee !

Bien sûr, BALDOCASTER vient de Railegh en Caroline du Nord, il a donc vécu les années 80 autrement. On oublie donc Dorothée dans les grandes largeurs, tout autant que les grands classiques de la japanimation. Tous les indices coïncident cependant : "No Honor" ? Karate Kid meets Shinobi ! "Moonbase IV" ? C’est Data et Picard qui déboulent sur le plateau de Cosmos 1999 pour un cameo d’anthologie. "Knights of Celia" est une campagne d’AD&D menée à dos de Falcor dans l’univers de Krull ! "Cosmic Horror" place Simon Belmont face à Skeletor dans un duel à mort conté par le Gardien de la crypte, orgue à l’appui.

Pour ceux qui ne parlent pas la métaphore, reprécisons donc que BALDOCASTER fait de la synthwave. Ca sent le synthé cheap, la boîte à rythme, et tout est géré par MAO. On y entend autant KAVINSKY que Jean-Michel JARRE, John CARPENTER (plus que jamais ici), JUSTICE et WAVESHAPER.

Sauf que Ident va bien plus loin que toutes ces influences. J’en veux pour preuve ces fameuses 'bandes audio'. BALDOCASTER a déjà altéré sa production d’artéfacts sonores par le passé. Vieille bande ou souffle du disque vinyle, il était jusque-là difficile de faire la différence. Mais outre cet effet de souffle, vous entendrez la bande décélérer à la fin des titres. Ça et là, quelques traces de vieillissement se font entendre, altérant alors la fréquence du signal sonore. Mieux : tout ceci est utilisé à des fins musicales ! C’est là qu’Ident sort le grand jeu : déformations abusives des notes des "Ident" I à III annonçant d’emblée la coloration rétro, tremblements sur les nappes introductives de "No Honor" exprimant au mieux la crainte mêlée de mystère, épuisement de la bande sur les répétitions de "Moonbase IV" lui permettant de s’offrir quelques modulations au passage (et par la même renouer avec l'école de Berlin durant une grosse minute). C’est très subtil mais néanmoins génial ! Rien de ceci n’est accidentel. C’est là tout le génie de cet E.P plus 80 que les années 80 elles-mêmes. C’est du recyclage de recyclage : un poème sur bande magnétique, sublimé par une ode à l’impression en quadrichromie. Brouemaster Visual Decay fait en effet son grand retour du côté de l'illustration.

L’ensemble se termine en apothéose : "Riders" combine tous les effets, balance une mélodie qui tue et nous fait décoller pour une sortie de piste maîtrisée. Knight, Kamen, Masked, ou ceux de l’arche perdue ? (comment ça "Raiders" ? Les deux doigts coupe-faim? ) On ne sait plus dire de quels 'riders' il s’agit, mais on a assurément décollé dans un véhicule à l'abitacle blindé de boutons rectangulaires et lumineux, à la carrosserie anguleuse et émettant derrière lui une traînée de lumière bleue.

Ident a-t-il un défaut ? Oui, et non des moindres. L’objet télévisuel emblématique qui a fait son apparition dans les foyers dans les années 80 est en effet la télécommande ! L’album est très court, 11 minutes pour 10 morceaux, donc à peine plus d’une en moyenne pour chacun. MADBALL vient de poser une réclamation. Même si les 3 "Ident" contrebalancent cette moyenne en passant chacun sous la barre des 20 secondes, les autres titres peinent donc à installer leurs ambiances pourtant marquées. Si on les considère tous un à un, il y a de quoi être déçu. Ceux-ci développent rarement plus d’une idée et se terminent donc de façon grossière, effet de bande magnétique oblige.

Mais si l’on considère l’E.P dans son ensemble, le tout revêt une logique imparable. Ident est une petite fresque déroulée zapette en main, hommage à la télévision low-cost des années 80, principalement U.S. Celle qui mélangeait séries rediffusées en boucle et dessins-animés produits pour nous vendre des jouets en plastique. Manimal, G.I Joe, Drunken Master, les monstres aux plantes, Gummies, Snorkies et autres Minipouces sont tous de la partie. Regardez-moi ce regard sur la pochette : c’est l’enfant caché de Ryu Hayabusa et du seigneur des clés. A qui appartiennent ces mains féminines ? Psylocke, Tornade ou Wonder Woman, je ne sais dire. Pour sûr, cet E.P DETIENT LA FORCE TOUTE PUISSANTE ! Comme je vous le disais, BALDOCASTER regarde désormais en direction du passé.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- David Paul Hill


1. Ident I
2. Outsider
3. No Honor
4. Ident Ii
5. Moonbase Iv
6. Knights Of Celia
7. Ident Iii
8. Cosmic Horror
9. Thunderdome
10. Riders



             



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