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SYNTHWAVE  |  STUDIO

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BALDOCASTER - Moonrise (2018)
Par CHIPSTOUILLE le 8 Juin 2022          Consultée 997 fois

Avez-vous remarqué ? Levez les yeux au ciel, et regardez bien. La Lune a la même taille que le Soleil. Vous le saviez, je me doute. Mais cela ne vous étonne ou ne vous choque-t-il pas ? Aujourd’hui, nous savons que la Lune et le Soleil n’ont presque rien en commun, si ce n’est qu’il s’agit de deux astres voguant dans l’immensité de l’univers. Pourtant, ils nous apparaissent dans le ciel comme deux entités équivalentes, chacun dominant le jour et la nuit. Cette coïncidence de taille perçue, depuis que j’ai compris ce qu’étaient la Lune et le Soleil, je ne parviens toujours pas à m’y faire. Simple effet de perspective certes, mais il n’y a, d’après ce que j’ai compris des lois universelles de la gravitation, aucune raison particulière à ce que leurs proportions concordent ainsi à nos yeux. Quels que soient la planète et son satellite par ailleurs, cette similitude de perception n’a à ma connaissance pas d’équivalent connu (1).

Moonrise, premier album studio de BALDOCASTER, nous met donc nos astres locaux en vedette. Depuis ses débuts, la Synthwave a dérivé dans bien des directions. L’une de celle-ci pointe vers le ciel, et BALDOCASTER en est l’un de ses meilleurs représentants. Aucun sens narratif précis n’a d’après lui été donné à cet album. Les titres gravitent cependant tous autour du même champ lexical, que l’on retrouve donc sur la pochette. A la façon dont BALDOCASTER semble attacher une importance particulière à ses visuels, on se doute qu’il ne nous dit pas tout. Si les titres sont très évasifs et permettent donc moultes interprétations, la musique nous transporte quant à elle bel et bien dans les cieux. Un conflit de divinités aussi antiques qu’astrologiques a bien lieu ici dans nos oreilles. Un soleil aussi ardent que vénéré perd ici une bataille face au gigantisme statique et nocturne de la Lune, et nous n’en sommes que les témoins impuissants. La pochette de Moonrise existe en deux versions (la seconde étant celle de la version vinyle sortie en 2022), chacune représentant sensiblement la même chose : une pyramide aztèque sur des rochers flottants toisant une Lune aussi gibbeuse que triomphante. Lovecraft ne semble pas bien loin. Sans être sombre, il y a définitivement quelque chose de gargantuesque et de cosmique dans cette musique-là.

Musicalement : synthétiseurs rétro à la fête, rythme très marqué emprunté au rock, de l’arpeggiator en voulez-vous en voilà, et de la réverbération. BALDOCASTER poursuit ici dans l’idée de ses premiers singles, mais démontre désormais, déjà, une maîtrise dans sa capacité à construire un album cohérent de bout en bout. Le rythme est toujours hérité du rock, de la synthwave et, plus précisément, de WAVESHAPER, bien que l’on décèle çà et là déjà des capacités aux variations sans perdre en efficacité. Sur ce premier album, BALDOCASTER s’est allié à son 'buddy' CASPRO à l’occasion du titre "Station X" (ce dernier proposant également un remix de "Here on Earth" en guise de bonus). Lui était sur le point de sortir Memory Drive, où l’on peut déceler une proximité évidente entre les deux compères, qui n’hésitent pas à s’envoyer des fleurs dès que l’occasion se présente en interview. Même énergie, même faculté à composer des mélodies accrocheuses, même capacité à progresser au cours de chaque titre. Si les deux artistes ont depuis dérivé dans deux directions différentes, leurs points de départ semble être ici le même. Leur émulation mutuelle est perceptible sur chacun des deux ouvrages.

On y trouve d’ailleurs également le même défaut. Sur le duo "Moonrise"/"Bloodmoon", ou encore "Station X", BALDOCASTER est encore prisonnier de ce rythme typique de la Synthwave. L’ensemble est compassé dans un beat linéaire marqué par 3 notes successives, similaires et répétées. Le beat se trouve en général sur la 3ème note ou lui succède, afin ainsi de marquer le temps. Façon de faire qui pullule dans les premières sorties de PERTURBATOR, le gros de la production de WAVESHAPER, de WE ARE MAGONIA ou de DANCE WITH THE DEAD. KAVINSKY semble être celui qui a mis le feu aux poudres (cf. "Wayfarer" sur l’E.P 1986). CARPENTER BRUT a échappé de peu à cette malédiction ("L.A. Venice Bitch 80’s" et ses 7 notes n’est franchement pas passée loin). Tous les artistes de Synthwave sont-ils condamnés à devoir opérer pareille manœuvre, alors qu’aucune contrainte stylistique ne semble pourtant les y obliger ?

Toutefois, on remarque déjà dans ce premier album que ce cloisonnement rythmique n’est chez BALDOCASTER pas un systématisme, cf. "Ritual" qui se défait même du beat. BALDOCASTER est en outre animé de la volonté de faire varier les 3 notes de sa section rythmique. Variations qui s’avèrent donc des plus heureuses tout au long de ce premier essai.

Cette façon de faire, qui va disparaître dès War Rig (2) et Solare, a donc imprégné le style de BALDOCASTER à ses débuts. Si cela nous empêche très certainement de lui décerner ici la palme de l’originalité, cela fait pourtant de Moonrise son album le plus efficace sorti à ce jour. Le style plus envolé, éthéré et bourré de réverbérations et d’échos divers que l’artiste va adopter par la suite (dont "Moonrise" par ailleurs, le titre, nous donne déjà un avant-goût), va gagner en richesse ce qu’il va perdre en puissance. Notez cependant que le dernier E.P en date, Ident (2022), semble vouloir renouer avec ce punch. S’il annonce le style du futur 4ème album de BALDOCASTER, comme les E.P Solare et Cult of Saturn l’avaient fait pour les précédents, on peut parier que Moonrise sera alors potentiellement surpassé. Mais nous ne sommes pour le moment que dans des suppositions.

Reste une collection de morceaux dont la simplicité et la lisibilité des multiples lignes mélodiques n’ont d’égale que son efficacité. Les deux plus grandes réussites de cet album se nomment "Temple of the Sun" et "Solar Power", qui irradient tous les deux d’une fureur redoutable secondée par une ligne mélodique véloce et imparable. Une iridescence que "Sputnik", "Blood Moon" et surtout "Eclipse" parent de par leur façon presque empruntée à la Trance d’user et d’abuser de l’arpeggiator tout en altérant la sonorité produite au cours du temps. La conclusion, "Here on Earth", annonce déjà le côté planant, le mid-tempo et les polyphonies sublimes des livrées suivantes.

BALDOCASTER nous donne à nouveau, des années après Charles TRENET, rendez-vous avec le Soleil et la Lune. Deux astres qui semblent ainsi lutter dans notre ciel afin de capter au mieux notre attention. Ce qui nous offre d’ailleurs en de rares occasions un spectacle plus encore troublant : des éclipses totales de Soleil (3). Qu’une planète soit dotée d’une seule lune, il semble que cela soit rarissime. Qu’elle gravite autour d’une seule étoile, ce n’est pas automatique non plus. Alors que deux astres pareillement esseulés dans la voûte céleste nous paraissent si similaires et finissent par se faire si parfaitement de l’ombre, quelle pouvait être la probabilité ? Mieux, quelles étaient les chances pour que des êtres conscients puissent être spectateurs d’une telle rivalité ? Dieu ne joue pas aux dés, disait Einstein. Les Eclipses totales dont nous sommes peut-être (probablement ?) les seuls témoins dans l’univers, en seraient-elles la preuve ? Ou peut-être que cette coïncidence, de laquelle résulte un dosage précis d’intensité lumineuse et de force des marées, fait également partie des conditions de l’apparition de la vie ? En tout cas, s’il ne joue pas aux dés, alors Dieu a un sens sacrément aiguisé de la mise en scène ! BALDOCASTER de même. Moonrise est, malgré ses petits défauts de jeunesse, une incontestable réussite.

(1) Ou le serait de manière bien moins impressionnante ! Je ne suis pas certain que Phobos et Deimos soient visibles depuis le sol de Mars, tellement leurs dimensions sont ridicules en comparaison de notre Lune. Il s'agit qui plus est de "patatoïdes". La troisième planète du système solaire à disposer de satellites est Jupiter. Deux problèmes : vu la densité et l’épaisseur de sa couche gazeuse, le soleil n’y apparait probablement pas depuis sa surface. Si jamais c’était le cas, il y apparaitrait de toutes façons comme étant bien plus petit que depuis la Terre ! Même problème, mais pire, pour les 3 planètes suivantes. Pour les fans de Pluton, cette planète naine dispose également (entre autres) d'un satellite de taille respectable : Charon. Mais ils sont tellement éloignés du Soleil que ce dernier n'y apparait plus que comme un point lumineux perdu dans l'obscurité infinie.
(2) Rappelons que malgré une sortie tardive en 2022, son enregistrement s’est déroulé en parallèle de la sortie de Moonrise, sur la seconde moitié de 2018.
(3) Les distances Terre-Lune et Terre-Soleil n’étant pas constantes, toutes les éclipses ne sont pas partielles ou totales. Il y a également des éclipses de type annulaire. Dans un tel cas, la Lune ne recouvre pas entièrement le soleil, ce qui laisse un anneau lumineux autour d’elle. La prochaine éclipse de ce type visible depuis la France métropolitaine est prévue pour 2059. Pour la prochaine éclipse totale, il faudra attendre 2081. Pour les plus pressés, le phénomène devrait pouvoir être visible depuis l’Espagne en 2026 (si vous loupez la date, méfiez-vous, après il faut voyager en Antarctique, en Australie, en Alaska, etc.).

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- David Paul Hill


- version Digitale (av 04/2022)
1. Sputnik
2. Station X (feat. Caspro)
3. Temple Of The Sun
4. Moonrise
5. Blood Moon
6. Ritual
7. Solar Power
8. Eclipse
9. Here On Earth
- bonus Tracks
10. Blood Moon (stilz Remix)
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12. Here On Earth (caspro Remix)

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11. Time Paradox Ii (feat. Maxx Beta)
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