Paul Gregory continue d’assurer la portion visuelle des œuvres de MOLLY HATCHET. Cette fois, le monde viking semble être visé avec ce bateau incendié comme lors d’un enterrement à la gloire d'un Einherjer. Les spécialistes du genre vont cela dit râler devant le casque porté par l’officiant. Peu importe, on sait depuis toujours que l’exactitude historique n’est pas la tasse de thé – le godet de whisky ? - des membres du groupe, seule l’émotion doit importer ! Quelques années après son arrivée, Bobby Ingram a clairement pris la main, puisqu’on le retrouve déjà derrière la console de production de ce neuvième album.

La postérité ne sera peut-être pas d’accord avec moi, mais j’avoue être particulièrement fan des grandes compositions épiques souvent issues de l’imagination de Bobby Ingram. Ainsi "Mississippi Moon Dog" est pour moi un parfait exemple de southern rock dans sa version la plus aboutie, c’est excellent non ? Je serais curieux d’avoir l’opinion des vieux fans de southern-rock là-dessus. Je sais que mon estimé collègue Bayou – grand spécialiste parmi les fans – n’était pas un afficionado du groupe, qu’il voyait comme trop métallisé, mais ce n’est pas lui faire injure que d’être en désaccord.

Nous passons du coq à l’âne avec l’éponyme "Silent Reign of Heroes", ou retentissent cornemuses écossaises lors de l’intro. Le riff est cependant fort beau, chargé en émotions et sans se dépareiller de l’appartenance au rock sudiste. Même les "Oh oh oh" du refrain me semblent judicieux, les grattes sont nucléaires rien que ça ! Intro crépusculaire, ambiance mortifère, "Saddle Tramp" nous replonge la tronche dans l’eau de vie du southern-rock de noble extraction. Epique de bout en bout, les guitares y déchirent l’espace-temps avec puissance. On remarque le break en forme de chevauchée comme il se doit. Les titres longs composés par Bobby Ingram portent souvent le sceau culturel du sud profond.

Les impressionnantes partie des guitare rythmique de "World of Trouble" nous rapprochent carrément du Heavy Metal. Ca dépote beaucoup, et Phil chante de manière assurée. "Miss Saturday Night" est un rock’n’roll steady plein de slide, là pour mettre une ambiance gaie et insouciante. La wah-wah débordante de "Junk Yard Dawg" sonne sympa même si le refrain sonne carrément AC/DC, la référence en termes de blues-rock n'a rien de déshonorant. Petit blues-rock un brin crasseux, "Dead And Gone" porte le sous-titre de "Redneck Song" et cela n’étonne personne ! Bien sûr, "Blue Thunder" traîne une ambiance AOR de haute volée, lorgnant carrément vers le hard-rock par instant, mais tout ceci reste de la belle ouvrage avec un piano vivifiant.

Le power slow "Just Remember" n’est pas vilain, même si l’appartenance au southern-rock semble là encore un peu lointaine. Et enfin, comme pour le dernier opus, on s’interroge sur la présence de "Fall of The Peacemakers" en ces lieux. Ce nouveau groupe doit-il s’approprier en studio les classiques passés de la grande MOLLY ? Comme pour "Dreams I’ll Never See", la version est acoustique. L’analyse est d’ailleurs, peu ou prou, la même. Le procédé peut choquer, car le titre n‘a nul besoin d’une nouvelle postérité et les nouveaux fans du groupe peuvent tout de même ouvrir internet pour lire l’histoire des mecs de Jacksonville en écoutant leurs classiques !

Bon voilà, difficile de noter cet album comme un grand du MOLLY HATCHET tant la postérité, notamment les grands spécialistes, trouve tout ceci confus et presque embarrassant. Mais, il me semble que les titres longs et épiques composés par Bobby Ingram sont d’excellente qualité. Ou alors c’est mon goût qu’est tout pourri les gars ! Besoin de vous sur le sujet ; toujours est-il qu’à mon sens ce neuvième opus des bandidos de MOLLY HATCHET se porte fort bien et mérite au moins le 3,5 sur l’échelle de notation. Ayant mis l’avant-dernier à 3, je choisis de mettre celui-ci à 4, tout ceci est interchangeable !