Voilà le deuxième opus du retour des patrons de Jacksonville, les tauliers du coin : LYNYRD SKYNYRD avait entamé un come back gagnant deux ans auparavant et voici le groupe déjà de retour pour la suite émouvante de leurs aventures. La guitar army est en place, le vieux Gary ROSSINGTON, l’indien Ricky Medlocke et l’outlaw Hughie Thomasson sont là pour porter la bonne parole du southern rock. Rarement la guitare aura tenu une aussi belle place dans un groupe ! Qui plus est, cette photo de couverture bien américaine avait eu le bon goût de me mettre en appétit pour attaquer le dixième opus de nos gaillards, alors en pleine forme.

Dès l’introduction, "Workin" impose une idée : celle que Ricky Medlocke a désormais pris le pouvoir chez les cadors du sudiste : ce rythme haché scandé, c’est du BLACKFOOT en puissance ! Les arpèges, l’attaque, tout est du pur pied noir ici ! Mais oui, messieurs dames, jusqu’au bridge et aux solos de guitare. Quel plaisir d’entendre cette invocation des mânes des grands anciens avec une petite pointe amérindienne bienvenue! Johnny y ajoute un super chant. La plus lente "Full Moon Night" semble aussi tout droit sortie de la gratte du grand indien. Les aspects hard-rock sont bien en place, les rythmiques puissantes et reconnaissables entre mille, et un nouveau solo made in the man himself.

Et ça continue, voyez donc la rythmique sans concession de "Preacher Man". Le savoir-faire de Rick nous éloigne des considérations AOR, il s’agit de southern rock, pas le moindre doute et c’est bien agréable. Ce refrain d’une clarté absolue est déjà un classique dès la première année. Hughie et Ricky s’échangent les solos et c’est la grande jouissance pour tous les amateurs de gratte. On reconnaît de nouveau les progressions rythmiques chères à Medlocke sur  "Gone Fishin" ainsi que sa propension à pondre des bridges sur mesure. Bien qu'elle soit plus light, "Mean Streets" conserve la même qualité. La jolie ligne de piano de Billy Powell drive ce titre aux consonances plus classiques.

Lorsqu’on a produit le classique "Tuesday’s Gone", les mid slows et autres chansons d’amour ne vous sont pas inconnues. Alors laissez-moi vous présenter "Tomorrow’s Goodbye", un titre aux accents romantiques évidents. Bien sûr, l’orchestration est présente avec ses cordes un brin sirupeuses, mais la mélodie est belle et le refrain chanté par Johnny Van Zant a fort belle allure. "Rough Around The Edges" rappelle quelque peu le "Diary Of A Workingman" sur le Marauder de BLACKFOOT, le plus grand album de southern rock de l’histoire à mon sens, un très joli titre qui mérite une oreille attentive.

Deux chansons ont été composées avec l’aide de Jim Peterik, le leader de SURVIVOR et grand spécialiste de l’AOR : l’éponyme "Edge Of Forever" est bien agressive et n’a rien de bien soft rock, c’est du hard southern sans le moindre doute. "Throught It All" possède une forte identité poppy grâce à son refrain magique. Ce titre m’avait à l’époque interpellé pour la facilité avec laquelle son refrain s’impose aux mémoires. J’ai eu envie de le réécouter d'emblée. C’est à ce genre de réaction qu’on sait qu’un titre est fort, d’autant que les grattes déchirent tout ici.

Le côté fun de "Money Back Guarantee" à la tonalité rock’n’roll me séduit toutefois moins. "FLA" penche plus vers un Hard rock’n’roll à la MOLLY HATCHET, mais pour ce genre de musique, je préfère la voix rocailleuse du regretté Dannye Joe BROWN. Ca dépote, cela dit, pas de doute ! Gary parvient à sortir un joli solo, mais les deux snipers ne sont pas en reste. Enfin, le duo gratte piano me paraît sortir de la gratte de "Flame" THOMASSON, alors "GWTGG" est sympa mais la rythmique n’a pas ma préférence.

Pour moi, cet opus est véritablement celui où toutes les composantes du groupe se donnent à fond et proposent des performances excellentes : des compositions toniques, des solos endiablés, un chanteur charismatique et à la voix brillante, une section rythmique encore entière – alors que le mad hatter Leon Wilkeson participe ici à son dernier LYNYRD SKYNYRD avant son décès, la malédiction court toujours ! Ce sera donc un 4 étoiles car l’ensemble a vraiment belle allure et m’a valu un joli nombre d’heures d’écoutes.