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Wilson PICKETT - Right On (1970)
Par LE KINGBEE le 16 Octobre 2022          Consultée 754 fois

Surnommé The Wicked Pickett (Pickett le pervers) par le personnel féminin des bureaux d’Atlantic, Wilson PICKETT est renvoyé en studio afin d’enregistrer son 10ème album. Sans en avoir l’air, cela fait plus d’un an que le chanteur n’a pas vu son nom dans les différents hit-parades américains. Pour Atlantic, il est grand temps de voir si son poulain est toujours aligné sur les bonnes comètes, celles de l’argent, de l’art et des classements, en général de bons indicateurs de vente.

PICKETT n’est pas dupe, il constate que les modes et les mouvances changent, aussi le bonhomme décide-t-il d’élargir son auditoire en piochant dans le marché du Rock et de la Pop. Atlantic l’expédie à Miami au Criteria Recording Studios pour une première session durant laquelle il enregistre cinq titres. Une seconde session a lieu le 19 novembre avec cinq autres titres à la clef. Pour compléter l’album, PICKETT décide d'ajouter une reprise de "Hey Joe" gravée le 20 mai dans les Studios FAME à Muscle Shoals. Afin de correspondre aux critères et au format du moment, Atlantic farfouille dans ses fonds de tiroirs et ajoute "Woman Likes To Hear That", un inusité de George Jackson.

Preuve de ce changement de tendances, la pochette dorsale issue d’une photographie de Jim Cummins, photographe journaliste afro-américain auteur de nombreuses pochettes pour les labels Atlantic, Cotillion et Hi Records, nous dévoile un PICKETT barbu. Autre preuve d’une évolution, PICKETT compose ou coécrit quatre des douze titres, dont deux placés en ouverture.
"Groovy Little Woman" lorgne sur le Funk de James BROWN. Du Funk, il en est encore question avec "Funky War", sauf que l’orchestration fait preuve d'un manque de souplesse, malgré les vociférations du chanteur. On apprendra plus tard que c’était les Cold Grits, un petit ensemble mixte ayant enregistré une poignée de singles pour Atco, qui accompagnait le chanteur lors de la première session d’aout.
"She Said Yes", une douce balade co-écrite avec Graham Nash et Don Covay, se révèle plus convaincante, les bons sentiments se mêlant habilement à une sonorité groovy pleine de douceur. Mais c’est le fulgurant "This Old Town" ● avec les grattes de Jimmy Johnson et Eddie Hinton qui décroche le tableau d’honneur.

Wilson PICKETT constitue le reste de son répertoire entre des reprises Pop Rock et des covers issues de l'église. Tout ceci peut laisser préfigurer un album éclectique, mais c’est au contraire un disque bancal dont il est question ici, d’autant plus que certains arrangements et l’orchestration paraissent disparates selon les morceaux.
Rétrospectivement, la Soul est à une époque charnière : Diana ROSS se lance dans une carrière solo annoncée en grande pompe par la Motown, les JACKSON FIVE emmenés par la voix juvénile de Michael JACKSON décrochent leur premier Number One, tandis que sur les pistes de danse, le Popcorn a les faveurs du public. Conscient de ces changements, Wilson PICKETT reprend "Sugar, Sugar", grand succès des Archies, groupe fictif lancé par l’émission d’animation The Archie Show. Compo d’Andy Kim et Jeff Barry, la chanson demeure le parfait prototype de la Pop Bubble-gum. Il n’est pas sûr que les paroles produisent aujourd’hui le même effet qu’en cette fin des sixties, paraissant plus consternantes qu’amusantes : Sugar - Oh, honey, honey - You are my candy girl - And you got me wanting you. Numéro Un aux States et en Angleterre, la chanson se voit reprise à toutes les sauces : Bob MARLEY en fait une version Reggae tandis que Kurt Russell, tout jeune acteur de l’écurie Disney ou Tom JONES la reprennent nonchalamment. Chez nous autres, Claude FRANCOIS chante "Douce Candy", une adaptation d’Ann Gregory, tandis que MARTIN CIRCUS transforme la chanson en "Monnaie, Monnaie". Toujours est-il qu’on a du mal à s’imaginer dans quel état d’esprit était l’orchestre de base de Muscle Shoals en accompagnant le chanteur.
Autre ancien Numéro Un, "You Keep Me Hangin’ On" avait fait le bonheur des SUPREMES, mais c’était trois ans plus tôt. Parfait exemple d’une Soul variétoche à la Motown, le titre connaît de nombreuses reprises ; tous les cinq ans, d’habiles repreneurs tentent de flirter sur le succès de la version d’origine, procédé consistant à se faire de l’argent facile (Rod STEWART, Kim WILDE, Hermes House Band, Reba McEntire, Phil COLLINS ou Michael Bolton). Dans l’Hexagone, Sylvie Vartan et Claude FRANCOIS en délivrent deux adaptations aussi différentes que discutables. Wilson PICKETT a beau mettre le paquet, se montrant larmoyant comme jamais, il ne se révèle à aucun moment concluant. Compo de Swamp Dogg et Gary US Bonds, "It’s Still Good", enregistré sans succès par The Magnificent Men, rare groupe blanc à s’être produit à l’Apollo, résume à lui seul l’exubérance dont peut faire preuve PICKETT. Un titre à la coloration funky porté par des braillements plus proches de l’invective que du chant. Probablement capté lors d’un précédent passage dans les studios de FAME Records, "Woman Likes To Hear That", une compo de George Jackson, pourrait s’inscrire dans un disque de Joe Tex. Dernière reprise bien dans l’ère du temps avec "Hey Joe", œuvre du guitariste Folk Billy Roberts mise en boite par de nombreux combos de Garage ou de Rock Psy et futur hit hendrixien. Ce titre dynamique à la sauce Soul témoigne d’un besoin de reconnaissance ou d’ouverture, mais n’apporte pas grand-chose, comme on pouvait s’y attendre.

En fait, c’est dans la relecture de chants religieux que Wilson PICKETT reste le plus performant, rien de plus normal quand on sait qu’il a fait ses gammes au sein des Songs Of Zion avant de poursuivre au sein des Spiritual Five et des Violonaires puis de chanter de la musique profane en intégrant les Falcons.
Ce changement de cap ou de voie (celle de Dieu ?) débute avec "Sweet Inspiration", création profane du tandem Spooner Oldham/Dan Penn enregistrée par les SWEET INSPIRATIONS dans une veine plus spirituelle que païenne. Bien évidemment, Wilson met plus d’entrain, trop peut-être. Une version bien plus contagieuse que celles de Jackie DeShannon, Rita Coolidge ou Vonda Shepard dans la série Ally McBeal. La frontière entre la musique du diable et de l’église est parfois plus tenue qu’il n’y paraît, la preuve avec "Lord Pity Us All", une compo de DR. JOHN jamais chantée par son créateur. La chanson la plus représentative de ce parallèle entre la musique du Diable et les louanges consacrées au Seigneur sert de clôture à l’album avec "Steal Away "*, un spiritual traditionnel enregistré sur cylindre dès 1902 par le Dinwiddie Colored Quartet et repris plus tard par le Fisk University Male Quartette et les Cotton Pickers Quartette. Bien évidemment, le titre tombera dans l’escarcelle d’anciens adeptes du Seigneur (Dionne Warwick, Sam COOKE, Brook Benton) passés entre-temps dans les mailles de la musique du Diable, plus rémunératrice. Après nous avoir délivré un baratin d’une cinquantaine de secondes sur les raisons de cette reprise, PICKETT nous assène un spiritual particulièrement incitatif. Pour un peu, on n’en avalerait une hostie d’un coup. Une version bien plus enjouée et communicative que celle du countryman Red Foley.

Album édité sans grande promotion, Right On a le tort de sortir entre Hey Jude et Wilson Pickett In Philadelphia, deux album mis en boîte sous la direction des producteurs Kenny Gamble et Leon Huff, et qui allaient rebattre les cartes. Les reprises Pop ou Rock sonnent presque toutes un ton au-dessous des originaux. Si une mièvrerie comme "Sugar Sugar" pouvait amuser ou du moins faire sourire via les Archies, Wilson passe à côté de la plaque en se montrant trop rigide. Idem pour la reprise de "Hey Joe" qui n’apporte pas grand-chose, même si on se dit qu’on entendra bien pire. Quant aux deux titres Funky, c’est une impression de réchauffé qui nous titille les narines et les oreilles. Au moment de faire les comptes, le résultat se révèle bien maigrichon avec seulement un petit tiers des douze pistes, ce qui fait trop peu pour atteindre la moyenne.


●Titre homonyme à celui de Nanci Griffith.
*Titre homonyme à celui de Jimmy Hugues.

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- Wilson Pickett (chant)
- Jimmy Johnson (guitare 1-3-5-7-8-11)
- Eddie Hinton (guitare 1-3-5-7-8)
- Jim O'rourke (guitare 2-4-6-10-12)
- David Hood (basse 1-3-5-7-8-11)
- Harold Coward (basse 2-4-6-10-12)
- Roger Hawkins (batterie 1-3-5-7-8-11)
- Tubby Ziegler (batterie 2-4-6-10-12)
- Barry Beckett (piano, orgue 1-3-5-7-8-11)
- Billy Carter (claviers 2-4-6-10-12)


1. Groovy Little Woman
2. Funky Way
3. Sugar Sugar
4. Sweet Inspiration
5. This Old Town
6. You Keep Me Hangin' On
7. Lord Pity Us All
8. It's Still Good
9. Woman Likes To Hear That
10. She Said Yes
11. Hey Joe
12. Steal Away



             



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