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Wilson PICKETT - In Philadelphia (1970)
Par LE KINGBEE le 27 Mars 2024          Consultée 286 fois

En 1970, celui qu’on surnomme "The Wicked" (le Pervers) parce qu’il a pour habitude de pincer ou claquer les fesses des secrétaires dans les bureaux d’Atlantic, cumulait 4 Numéro Un depuis ses débuts en 1964. Hormis Right On, publié lui aussi en 1970, tous ses albums se sont classés entre la 3ème et la 15ème place des charts R&B, Wilson PICKETT aura connu une décennie couronnée de succès. Oui mais voilà, les modes changent, les tendances évoluent et tout finit par avoir une fin. Son précédent album n’ayant obtenu qu’une honorable 36ème place dans les classements, le chanteur décide subitement de quitter les studios du Sud profond (Memphis et Muscle Shoals) où il enregistrait depuis ses débuts pour rejoindre Philadelphie, pensant sans doute que l’herbe y est plus verte.

Probablement attiré par la réussite commerciale des producteurs Kenny Gamble et Leon Huff, deux pionniers du Philly Soul, et la sonorité du studio Sigma Sound (il s’agit en fait des anciens studios de Cameo/Parway racheté par Joe Tarsia) Pickett pose ses guêtres à Philadelphie le 14 janvier 1970 et enregistre dans la foulée 9 titres. Contrairement à ce que le titre ou la pochette pourraient laisser penser, il s’agit bien d’un disque studio. Une interrogation vient à l’esprit : le titre aurait-il un lien avec le Philadelphia Plan lancé par le Président Nixon, un décret destiné à instaurer une discrimination positive au bénéfice de la population noire de la ville. Il s’agissait d’inciter les patrons des diverses entreprises à embaucher de la main d’œuvre issue de la population afro-américaines et d’ethnies minoritaires.

Si Joe Tarcia officie derrière les consoles, il est l’un des rare à la maitriser, Gamble & Huff n’ont pas trainé, les deux complices non contents de produire le disque apportent aussi trois compo, quatre autres provenant d’auteurs compositeurs attitrés, les deux dernières provenant de l’imagination du pianiste Gene Dozier (aucun lien avec Lamont Dozier). Pour épauler le chanteur, on a fait appel à une équipe maison comprenant arrangeurs et sessionmen parmi lesquels le bassiste Ronnie Baker (ex Stylistics), les guitaristes Norman Harris (ex Jerry Butler et membre fondateur du MFSB), Roland Chambers (ex Intruders), le batteur Earl Young (ex Trammps), le pianiste Lenny Pakula (ex Labelle) et l’organiste Thom Bell (ex JACKSON 5) et le vibraphoniste Vince Montana (ex Chubby Checker, Dusty SPRINGFIELD), soit la crème des musiciens de la ville tournant dans le giron de Gamble & Huff depuis le lancement des labels Neptune et Excel/Gamble tombés depuis en faillite.

Le disque démarre sur les chapeaux de roue avec "Run Joey Run", Pickett s’enflamme dès les premières notes poussé par les guitares et les cuivres tandis que les choristes ne cessent de relancer la dynamo d’un chanteur qui n’attend que cela vociférant à plusieurs reprises en fin de morceau. Le ton baisse nettement d’un cran avec "Help The Needy", une ballade dans laquelle le chanteur implore qu’on vienne en aide envers une classe sociale qui s’agrandit, celle des pauvres et des laissés pour compte. Si Pickett se montre aussi pleurnichard que démonstratif, il n’y a aucune trace de message politique ici alors que la Soul proposait un tournant quant à ses charges contre les inégalités et discriminations de tout ordre. Le titre sera repris par le guitariste Robert Ward. Une ambiance typique au Philadelphia Sound, à la limite de la Soul floridienne, se détache sur "Come Right Here" alors que l’intro de piano nous orientait vers un mélange de Soul et de Gospel. Les congas, les cuivres et la guitare de Norman Harris impulsent un décor plein se soleil.

Retour au bon vieux Funk avec "Bumble Bee (Sting Me)", Pickett se montre vindicatif alors que la gratte d’Harris tente de dénouer le nœud par l’entremise de délicats pizzicatos. Un titre entrainant d’autant qu’il ne s’éternise pas (135 secondes) à l’images des plages précédentes. Si les claviers et le vibraphone entament une intro bien pétaradante sur « Days Go By » *, s’ensuit un doux fumet de guitare et de cordes qui n’ont d’autre but que d’exhorter le chanteur à se muer en chat écorché. Le rythme monte en gamme avec "International Playboy", titre dans lequel Pickett laisser parler sa puissance. Si Buster Poindexter (alias David Johansen ex New York Dolls) en fera vingt ans plus tard une version dansante pleine de peps et d’humour, Carl Carlton prendra un autre chemin avec une version Disco Funk sans grand intérêt hormis le fait de remplir le tiroir-caisse du label Casablanca. Dernier titre avec "Ain’t No Doubt About It" ** qui vient s’inscrire dans une Soul classique mais qui n’a pas la rudesse ni l’intensité des anciennes productions captées à Memphis ou dans les studios de Rick Hall.

Terminons ce panorama avec les deux cartons, loin du papier maché, qui vont caracoler dans les charts : "Get Me Back On Time, Engine Number 9" en ouverture de face B diffuse en deux partie un pur brûlot de Funk ; la version single couplée avec « International Playboy » grimpera sur la 14ème marche des classements R&B. Cette petite pépite de Funk incandescent sera reprise par le guitariste Jimmy JOHNSON dans une version Blues Funk tirée du meilleur tonneau. Mais c’est sur le thème de l’amour que le "Wicked" connaitra, comme bien souvent, son plus gros succès avec "Don't Let The Green Grass Fool You", une douce ballade qui accèdera à la seconde place des charts R&B et la 17ème des classements Pop. Si ce personnage colérique a connu une vie amoureuse complexe et violente due à ses addictions à l’alcool et à la coke, il pouvait facilement séduire par le biais d’un sourire et d’un chant parfois exacerbé parfois poussé à la limite et des paroles dignes d’un bonimenteur patenté. On se laisse encore prendre par l’onctueuse mélodie et le texte : Girl try to remember when we didn't have no shoes - We stuck together just me and you - It took a long time to get what we got today - Baby, I'm tellin' you don't let The green grass fool you.

Si certains titres furent enregistrés en une seule prise directe, Joe Tarcia parvient à adoucir quelque peu le répertoire du chanteur par l’entremise de sa console en incorporant cuivres et violonades. Malgré le succès du disque, Pickett ne renouvèlera pas l’aventure, les deux producteurs s’étant réserver de lucratifs droits d’édition., tel le corbeau de la fable, le chanteur jugeât qu’on ne l’y reprendrai plus. Un excellent album de Soul 70’s malgré certains textes qui paraissent aujourd’hui très datés.


*Titre homonyme à ceux de Keith Urban et The Offspring.
**Titre homonyme à ceux de Jodie Marie, The Sylvers et Jamie Wood.

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   LE KINGBEE

 
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- Wilson Pickett (chant)
- Norman Harris (guitare)
- Roland Chambers (guitare)
- Bobby Eli (guitare)
- Ronnie Baker (basse)
- Earl Young (batterie)
- Thom Bell (orgue)
- Gene Dozier (piano)
- Lenny Pakula (piano)
- Vince Montana (vibraphone, percussions)
- Sam Reed (saxophone)
- Don Renaldo (orchestre à cordes)


1. Run Joey Run
2. Help The Needy
3. Come Right Here
4. Bumble Bee (sting Me)
5. Don't Let The Green Grass Fool You
6. (part I) Get Me Back On Time, Engine Number 9
7. (part Ii) Get Me Back On Time, Engine Number 9
8. Days Go By
9. International Playboy
10. Ain't No Doubt About It



             



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