Recherche avancée       Liste groupes



      
MUSIQUE SACRéE  |  OEUVRE

L' auteur
Acheter Cet Album
 



Edvard GRIEG - Opus 74 - 4 Psaumes En Norvégiens (1905)
Par ERWIN le 1er Janvier 2023          Consultée 587 fois

1905, Edvard GRIEG est au crépuscule de sa vie. Son statut de plus grand compositeur norvégien est évident, il est statufié de son vivant et restera a jamais comme le plus grand représentant du Romantisme nationaliste de son pays. Des milliers de jeunes gens jouent ses mélodies au piano et mêmes s’il ne manque pas de détracteurs, il voit arriver la mort avec une humeur paisible, du fond de son repaire troll de Troldhaugen. Il ne l’assume pas dans ses mémoires, mais quoi de plus naturel que de se rapprocher d’un élan mystique a l’heure de la comparution ? Pour tout artiste même le plus athée, la rencontre avec le créateur suprême prend forcément des allures de rendez-vous transcendant.

Alors notre artiste norvégien s’est mis en devoir de reprendre quelques thèmes sacrés baroques de la musique de son pays, sur un premier travail de classification opéré par son maître Lindeman, puis d’en tirer des versions définitives. Piocher dans le répertoire national est pour lui tout à fait naturel, après tout n’avait-il pas songé tout jeune à rentrer dans les ordres ? En tout cas, j’aime à imaginer le petit compositeur au crépuscule de sa vie, dans sa petite cabane au bord du fjord, passer de sa fenêtre à son piano en arrangeant ses vieilles mélodies, comme un ultime tour de gloire, tout de quiétude et de félicité. Pour ce travail liturgique, GRIEG choisit de ne travailler que les voix, un choeur assorti d’un baryton pour les parties solo.

Il y a encore un aspect baroque assez puissant qui s’échappe de "Hvad est du dog skjön", le traitement du choeur s’approche considérablement de la position des cordes dans les oeuvres du compositeur. Le coté sacré s’impose avec ferveur et la douceur habituelle des complaintes du natif de Bergen. L’ensemble s’impose comme une illumination et la coda est empreinte de volupté.

Malgré une époque de composition sensiblement égale "Guds Sön har gjort mig fri" sonne plus moderne. Elle est aussi plus dynamique et cette ode à la liberté – plus précisement à la lutte pour la liberté – est dominée par les voix masculines qui tonnent telles les puissantes et interminables cascades des fjords. Le choeur de la cathédrale d’Oslo achevant ici une belle partition en adjoignant les voix féminines , ce qui donne un étonnant look et une emphase presque américaine, rien d’étonnant puisque DVORAK a proposé cette évolution depuis plus de dix ans déjà.

Le baryton Hakan Hagegård se voit chargé de beaucoup de portions solistes sur la très tempérée "Jesus Kristus er opfaren", un calme olympien se dégage de cet ensemble d’où nulle angoisse ne paraît surgir. Le recueillement y est total, en fait un pur Kyrie eleison qui ne laisse aucune place au doute. Ici c’est le royaume de la foi, celui des croyants et ou ne règnent que les voix angéliques des élus d’un dieu qu’on aimerait voir rayonner de cette manière sur le monde.

Les biographes de GRIEG voient dans la pièce "I Himmelen" une accession a la maturité pleine et entière de l’humain face à son destin, comme si le compositeur acceptait totalement la fin qui s’approche. Edvard évoque la « paix ultime » dans son journal de vieillesse. Nulle part ailleurs dans ses œuvres on ne décèle une telle tranquillité et on peut sans peine comparer ce destin à la plupart de ceux de ses pairs, tous chargés de douleurs de peine et de souffrance.

Edvard GRIEG termine ici son immense carrière de compositeur, se tournant avec confiance et calme vers l’au delà, c’est la toute première fois qu’il le fait vraiment, mais quel meilleur moment pour le faire… Bien sur, cela reste un travail méconnu si on le compare avec ceux de FAURE à la même époque. C’est modeste mais aussi à la hauteur de l’oeuvre du norvégien, ce choix d’avoir pris un simple choeur en lieu et place d’une ensemble plus structuré mais aussi plus emphatique… pas de péché d’orgueil pour Edvard GRIEG qui règne a jamais sur la musique scandinave. Je reste sur un trois car l’oeuvre est courte et parfois un peu rustique, mais c’est un joli trois.

A lire aussi en MUSIQUE CLASSIQUE par ERWIN :


Edvard GRIEG
Opus 46 - Peer Gynt Suite N°1 (sir Thomas Beecham) (1888)
Quelques instants de bonheur




Edvard GRIEG
Opus 64 - Les Danses Symphoniques (1897)
Danses à Bergen


Marquez et partagez





 
   ERWIN

 
  N/A



Non disponible


1. Hvad Est Du Dog Skjön
2. Guds Sön Har Gjort Mig Fri
3. Jesus Kristus Er Opfaren
4. I Himmelen



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod