Un EP n'est pas un véritable album, à ce que l'on dit souvent. Il sert à patienter entre deux oeuvres d'importance, on peut y mettre un peu ce que l'on veut parfois sans souci de cohérence... Miley CYRUS toutefois, malgré sa fougue et sa bonne volonté (quoi que l'on pense de son appartenance à DISNEY, à sa musique elle-même), est encore loin d'être une artiste surprenante. Ce demi-disque, The Time of Our Lives (2009) lui, arrive à l'être... sans l'être !

Sept chansons (huit pour la version internationale), une moitié d'heure en tout, un album qu'il convient d'avoir ne serait-ce que pour sa pochette – avec la suivante, Can't Be Tamed (2010), d'un point de vue look, Miley est vraiment dans ses meilleures années -, mais pas que ! Par rapport à Breakout, la production fait un peu moins pagaille puisque, même en l'absence du tandem Rock Mafia (qui revient l'année suivante), elle est tour à tour l'oeuvre de Dr. Luke (Kelly CLARKSON, PINK, Avril LAVIGNE, Katy PERRY) et d'un certain John Shanks, 'homme de la situation'.

En revanche, si on n'atteint le 3/5, ce n'est que de justesse, grâce aussi à "The Climb" ajouté sur l'édition internationale ! The Time of Our Lives reste bancal dans sa construction et sa qualité. Certes, Miley CYRUS pense plutôt pop-rock que simplement rock, mais tout de même, quand on sait que les moments 'à guitares' et nerveux sont eux-mêmes concernés, c'est quelque peu regrettable.

"Kicking and Screaming" ouvrait néanmoins l'ensemble sous les meilleurs auspices avec son efficacité, son univers incisif parfaitement taillé pour la jeune Miley. Shanks, à la tête de l'équipe nashvillienne et à la réalisation de ce titre, s'occupe hélas aussi du plus discutable "Talk is Cheap", un brin trop poussif. Le son cotonneux n'aide pas, guère plus que la voix de CYRUS trop bien doublée et dont le timbre huileux ressort comme jamais, accordé toutefois à l'accent de patate chaude américain. Titre rock bubblegum, sympathique mais loin d'être mémorable malgré un bon refrain.

On apprécie mieux les fournées un brin novatrices de Dr. Luke aux manettes, à savoir "Party in the U.S.A.", funky et californien en diable, batterie claquante et bien balancée comme le tout, ainsi que le morceau-éponyme "The Time of Our Lives", single pop-rock à l'ancienne lorgnant vers le disco ou du moins les paillettes, inspiré et qui va comme un gant à notre chanteuse ! À noter, respectivement pour l'écriture de ces deux morceaux, la patte de deux chanteuses-stars qui sont JESSIE J sur le premier et KE$HA (ainsi que sa fidèle maman) sur le second.

La fin de l'album est dominée par les ballades et pas toujours du meilleur effet. "Before the Storm", enregistrée live en compagnie de JONES BROTHERS, par exemple, est très passe-partout même si le sucre et la sève country-pop n'y sont pas désagréables. "Obsession", douceur sous les étoiles et tout ce qu'il y a de plus classique, réussit son coup elle par contre, de même que "The Climb" dans une certaine mesure, d'abord grâce à son intro piano-voix et son retour progressif au son rock. Il est possible que même notre Archangel esthète les valide, mais le meilleur est encore à venir !

La chanson qu'il convient de retenir dans cet ensemble menu, sans aucune contestation, c'est "When I Look at You". Et là, c'est grâce à tout le monde, chanteuse, compositeurs dont la chanteuse Hillary LINDSEY avec celui qui n'est autre que le producteur également. Ce n'est pas pour rien si John Shanks est arrivé si loin en termes de succès et de collaborations dans le monde pop-country, aux côtés de chanteuses d'envergure telles Melissa ETHERIDGE, Stevie NICKS, Sheryl CROW, Michelle BRANCH etc !

Voici une power-ballade en or, superbement écrite, jouée ; le genre d'habitude si propice aux excès mais pas du tout ici, ni dans la voix, ni dans les arrangements même quand ça se muscle. Soul en fond, folk dans la forme, passionnée et passionnante jusque dans ses fins arpèges et sa phrase ultime ("You appear just like a dream to me"), la bien nommée "When I Look at You" est un miracle que je n'hésite pas une seule seconde à qualifier de meilleure chanson de Miley CYRUS. Mieux que ça : non pas 'le slow de 2009', chose qu'il est sans mal, mais bien de toute la décennie, si ce n'est plus. Une classe peu croisée dans la pop depuis, fiou ! Les années 90... Une époque où l'on avait encore pu grandir sans Internet, sans smartphone, sans que des filles valeureuses, plus ouvertes aux écrans qu'aux sentiments réels, ne repoussent la gentillesse en balançant à la gueule "Si tu veux rencontrer l'âme sœur, inscris-toi sur un site de rencontres"...