Entre 2013 et 2016, Miley CYRUS a sérieusement mué et cette période est celle de ses différentes 'sorties'. Pendant les MTV Awards de 2013 aux côtés de Robin THICKE, une danse un peu trop osée, euphémisme (merci Miley de m'avoir fait découvrir et haïr le twerk en même temps, à jamais), lui a offert le buzz. Tout comme la même année, son album Bangerz et ses singles/clips détonnants ; heureusement que Bruce 'le Boss' SPRINGSTEEN l'avait précédée d'un an sur le chantier et d'une toute autre façon pour parler de boule de démolition. Ensuite, l'album totalement décalé en mémoire de ses animaux morts qui aurait pu flinguer sa carrière, et en parallèle toutes ses convictions révélées comme sa pansexualité, son soutien sans faille aux LGBT+... Quand Younger Now sort en 2017, on croit dès la pochette que toute cette agitation va continuer sans changement. En réalité, il s'agit d'un grand bol d'air frais.

Peu de musiciens : un batteur (Stacy Jones, le même depuis les débuts de CYRUS, également directeur musical), un bassiste, deux guitaristes, quelques cordes et cuivres de-ci de-là, les ajouts supplémentaires venant d'Oren Yoel qui avait contribué à la réalisation de Bangerz et qui prend ici la casquette de producteur. C'est comme si table rase était faite de la parenthèse 2013, même si, avec une pochette aussi inadaptée entre cuir rutilant, posture suggestive et couleurs flashy, on pourrait croire le contraire. Younger Now, album mal-aimé y compris de Miley elle-même qui n'en fera même pas la promotion en tournée, possède ses défenseurs et à raison car c'est son effort le plus sérieux et réussi, dans ses intentions du moins.

L'écriture conjointe de CYRUS et Oren Yoel en intégralité permet aussi de constater le grand pas en avant, nourri des plus ou moins nouvelles convictions de la chanteuse ("Rainbowland", "She's Not Him"), alors que musicalement, on est plutôt dans une volonté rétrograde. Ayant quelque peu critiqué le hip-hop et s'être fait remonter les bretelles, Miley affirme son envie de revenir à la pop-country des débuts, mais avec un regard plus adulte. La chanson-titre part de bruitages pris dans la nature pour imposer des riffs et arpèges de guitares électriques avec une éloquence certaine, une mélodie porteuse mais également une tonalité un rien indé (la réverbération, les bandes inversées). Voilà une manière belle et profonde de débuter un album, qui ne nous laissait rien voir venir.

Autre surprise de taille, "Rainbowland" offre un featuring avec Dolly PARTON, figure de la country immanquable au féminin, qui n'est autre que la marraine de la chanteuse. Lumineux et entraînant, avec sa contrebasse et ses percussions d'abord congrues puis fournies, l'effort se révèle sympathique. D'autres moments plus pop sont à noter comme "Thinkin'", efficace, et "Love Someone" qui ne l'est pas moins, où CYRUS apparaît comme une bonne meneuse, spécialement quand sa voix n'est pas trop modifiée.

L'aspect road-movie de Younger Now fait plaisir à entendre dans une certaine mesure. "Malibu" au rythme folk sautillant constitue le premier single, avec un bon côté festif mais aussi des éléments sonores qui crachent un peu. L'album hésite ainsi parfois entre cette envie de sonner plus mature et élégant mais avec des choix de production étonnants, et des chansons qui peinent à marquer les esprits, malgré cette bonne volonté. "Week Without You", par exemple, garde le versant convivial, mais sans relief.

Les morceaux les plus réussis du disque, passé la première chanson étonnante, demeurent "Bad Mood" et sa nervosité tribale sous-jacente, le tandem "Miss You So Much"/"I Would Die for You" d'une grande fraîcheur, la ballade "She's Not Him" avec des cuivres mieux audibles ainsi que la doucereuse "Inspired", à laquelle participe cette bien connue pedal-steel guitare du grand Paul Franklin, vu auprès de DIRE STRAITS et Shania TWAIN etc. En ce qui concerne cette dernière d'ailleurs, personne ne la dépasse dans son domaine et aux USA en 2017 avec Now! qui signe son grand retour, mais Miley CYRUS nous étonne joliment. Quelques défauts et un manque d'unité dans la réussite n'enlèvent pas l'obligation d'écouter ce disque avant de vraiment affirmer la connaître.