Si certains ont été choqués de la tournure que prenait la carrière de Miley CYRUS depuis la sortie de Bangerz, son premier projet réalisé hors du moule Disney, personne n’était prêt en 2015 pour l’album Miley Cyrus & Her Dead Petz qu’elle auto-publie. Touchée par la mort de son chien Floyd, Miley pense un album qui parlera d’amour et de mort sur fond de pop expérimentale, un brin déjanté et psychédélique.

Le projet s’ouvre sur "Dooo It", un titre aux sonorités trap mêlés aux nombreux éléments électroniques pour créer une atmosphère trippante qui annonce bien le côté peace & love fumeuse de joints de Miley (Sing about peace, being high and free/So if you don’t give a fuck, sing along with me/Yeah I smoke pot, yeah I love peace). Vous l’aurez compris aux thèmes, c’est un album un peu triste sur les bords malgré les paillettes de la pochette et la chanteuse nous offre plusieurs jolies ballades comme "I Get So Scared", "Karen Don’t Be Sad", "Fweaky", "Tiger Dreams" ou encore sur les notes basiques de piano sur "Pablow The Blowfish", un hommage vegan à son amour de poisson. Non, je ne rigole pas et d’ailleurs c’est sans aucun doute l’une des performances les plus vulnérables de la chanteuse, en larmes en repensant à ce cher Pablow.

Une petite pointe d’optimisme arrive avec la ballade "The Floyd Song (Sunrise)", toute en mélancolie pour son chien bien-aimé sur une instrumentation douce et brumeuse pour capturer l’essence de son chagrin. La suite se pare d’un climat sonore clairement plus expérimental sur "Something About Space Dude" ou "Milky Milky Milk", mais pas forcément réussi. Miley décrit la dépression sur le beat pop psychédélique de "Space Boots", probablement la piste la plus accessible de cet album peu conventionnel. La vibe sombre et robotique de "Fucking Fucked Up" fait office d’introduction à "BB Talk", un titre entre pop et hiphop sur la complexité des interactions humaines.

Miley, qui rappelons-le est bien occupée à briser les chaînes Disney, joue la carte de la sexualité ultra-débridée sur "Bang Me Box" ou sur "Slab Of Butter (Scorpion)" en featuring avec Sarah BARTHEL du groupe PHANTOGRAM pour l’une des chansons aux sonorités les plus rock de l’album. L’interlude "I’m So Drunk" n’apporte pas grand chose avant de passer à "I Forgive Yiew" qui se laisse écouter, mais de là à dire que c’est bon ? Pas sûr… La suite n’est pas mieux avec "Lighter" et ses synthés 80s qui ne peuvent rien faire pour rattraper l’écriture franchement faible. Pareil pour "Tangerine" en duo avec le rappeur Big SEAN, insuffisante à tous les niveaux, à l’inverse de "1 Sun" où il se passe beaucoup trop de choses.

"Evil Is But A Shadow" revient du côté psychédélique de la force avec des teintes pop-rock, tout comme "Cyrus Skies" où la chanteuse saura faire transparaître des émotions fortes sur un beat épuré. Si vous êtes assez déchiré, vous réussirez peut-être à apprécier l’instru "Miley Tibetan Bowlzzz" sur laquelle la chanteuse fait quelques vocalises, puis ; enfin, enfin, enfin ; on termine sur la ballade au piano tristounet "Twinkle Song" où Miley donne tout et crie son incompréhension.

Ouais, la descente est rude pour Miley même si elle est accompagné sur cet album par les producteurs qui lui ont servi le tubesque Bangerz ainsi que le groupe de rock The FLAMING LIPS. En même temps, le projet réunit 23 chansons sur plus d’une heure et demie d’écoute et le temps se fait sérieusement long, vous pourrez donc passer une majorité des titres sans manquer grand chose. Les productions sont vraiment fucking fucked up et la performance vocale de la chanteuse et l’écriture mériteraient d’être plus travaillées.

Même s’il y a vraiment de quoi critiquer l’oeuvre, il faut quand même avouer que Miley a une sacrée paire de couilles nommées Ambition et Courage et que c’est exactement ces éléments qu’elle utilise pour prendre le virage le plus serré de tout son parcours en sortant ce disque qui aurait justement le potentiel de détruire sa carrière. C’est pour cette volonté qu’a Miley à prendre le contrôle de sa liberté créative et cette bravoure à expérimenter qu’on lui accordera un petit 2,5.