Trois longues années après la révélation de la théorie hybride, Chester, Mike et les autres LINKIN PARK décident d’ensevelir le monde sous les décibels en fusion du Nu metal. Il faut dire que l’album a rapidement été sur les tablettes, mais il a mis un an a être enregistré. C’est qu’il faut convaincre les critiques de tous poils et ne pas tomber dans une forme de facilité, et ce deuxième album se présente comme un piège évident pour les co leaders du Nu Metal. Bien sûr, leur facilité naturelle et l’association Chester Bonnington, Mike SHINODA semble inexpugnable pour pondre des hits et des hymnes.

Alors, comme pour tous les groupes majeurs, cinq singles ! Ce n’est pas une sinécure ! Mike lance le flow sur "Somewhere I Belong", mais le morceau me semble anodin dans sa construction, il est pourtant celui qui mène la charge dans les charts. Une forme d’hystérie embraye sur "Faint", un riff sympa et une ambiance stridente qui jouxte la psychiatrie en secteur fermée, l’efficacité selon les Californiens. C’est le deuxième single qui va atteindre la 48ème place du billboard, mais la première du secondaire modern rock. On repart sur des données très pop avec "Numb". La potion semble désormais éprouvée, avec un Chester qui domine les débats et un Mike qui en sous-main tend la composition pour en faire un must. C’est le 3ème single de l’opus et probablement le plus connu de LINKIN PARK, il va camper la bagatelle de 9 semaines à la tête du billboard modern rock, 10ème du hot. Les voix de Chester et de Mike se mêlent sur "From The Inside". Malgré la qualité du dialogue et de la composition en général, aucun des billboards n’est atteint. "Breaking The Habit" est le 5ème et dernier single sorti de cette livraison. Le chant de Chester est doux, presque pop, et la vibration générale est plutôt alternative. Premier du moderne et du mainstream, il parvient à la 20ème place du hot, une jolie performance.

L’importance des singles est certes prédominante, mais c’est sur le remplissage qu’on va voir si nous avons un grand disque entre les mains. "Don’t Stay" sonne tellement facile, tellement efficace qu’on a le plus grand mal à faire preuve d’objectivité en l’évoquant. Le chant de Chester est léger, suivent les circonvolutions de Mike tout au long du titre, le refrain arrache la tête, comme il convient. Voilà le Nu Metal à son plus haut niveau, comme s’il avait toujours existé. Mike lance l’exotique "Nobody’s Listening" sur un joli flow accompagné d’une flûte bienvenue. Chester prend le relais sur la puissance des guitares distorsionnées. Des percussions très stylisées débutent "Session", avec des synthétiseurs qui posent une ambiance calme opposée. La dichotomie est tranchée par les nombreux effets de scratch qui donnent une forte identité moderniste à ce titre.

Je ne suis pas totalement conquis par les constructions de "Lying From You", même si on assiste à un joli débordement de puissance. "Hit The Floor" dépote bien, mais manque un brin d’originalité pour me convaincre réellement. Les couplets de "Easier To Run" nous éloignent des éléments metal, seul le joli refrain nous y ramène. Une impression de laisser aller, Mike rappe le bridge sur les synthés. On n'est pas si loin que ça des p'tits copains du pop punk de OFFSPRING sur "Figure.09", de jolis riff sans concession. L’ensemble n’est pas pas sans défaut, même si la mode d’alors donne au groupe une forme d’invincibilité et de toute puissance.

Evidemment, l’album s’est vendu quelques semis remorques, 22 millions d’unités c’est de quoi faire rêver toute une palanquée de rock stars en herbe ou déjà matures. Il convient donc de s’incliner devant ce chiffre gigantesque et porter aux nues la réussite des singles de cette livraison, une des majeures de cette année 2003. La complémentarité des deux créateurs Chester et Mike porte vraiment les fruits de la réussite. LIMP BIZKIT et KORN n’ont qu’à bien se tenir, LINKIN PARK tient la corde.