Il fallait s’y attendre, l’album au mouton noir a conduit le groupe vers un pandemonium personnel dont le duo infernal n’a jamais réellement pu se sortir pendant plusieurs années. Le groupe se sépare en 95 après quelques concerts en Amérique du sud, sans que l’on en sache vraiment les raisons. Eux mêmes le savent-ils seulement ? C’est improbable. Il nous faudra donc attendre sept longues années pour voir The CULT renaître de ses cendres, avec le brun et le blond toujours aussi antagonistes mais efficaces lorsqu’ils ont décidé d’allier leurs forces. Ian parvient à sortir un album solo et de nombreux compiles a succès sont produites. Mais c’est compter sans la grinta du duo qui s’adjoint les services de Matt Sorum ex GUNS N ROSES à la batterie et c’est reparti sous la houlette d’Atco pour un septième album !

Le single "Rise" surprend par sa rythmique à la PANTERA, l’ambiance est agressive tout en ne se départissant pas du style propre au groupe que nous retrouvons ici en pleine bourre, quel plaisir ! Billy tronçonne des riffs de dingue et Ian semble en pleine forme, la production de Bob Rock est dantesque. Deux titres seront aussi utilisés en promo : on retrouve la propension qu’à le groupe de jouer en mode rouleau compresseur sur "Breathe", très alternative mais au refrain pop qui sonne un brin Devin TOWNSEND, on entend cette influence sur plusieurs titres ici. Toujours ce son cristallin sur "True Believers", le titre a quelques cotés emphatiques auxquels le groupe n’est pas étranger, mais ça reste de la bonne came bien fichue avec beaucoup d’originalité.

La passion envers le mentor Andy Warhol revient comme souvent et après l’ode à "Edie" Sedgwick en 89 sur Sonic temple, voila que c’est au tour de Nico d’avoir son hommage, "Nico" nous fait plonger d’emblée dans les licks de guitare dont Billy a le secret, ceux la même qu’il a appris à Johnny MARR des SMITH il y a plusieurs décennies. C’est beau à couper le souffle ! Le refrain est transcendant avec ce "The Secret That You Hide" absolument dantesque. Ce morceau concourt immanquablement au meilleur titre du CULT pour votre serviteur qui l’a très souvent en tête, une somptueuse ode à la chanteuse américaine, que je recommande vivement. Et puis ceux qui connaissent mes goûts savent fort bien que le riff de "American Gothic" est taillé pour moi, le titre me plaît donc particulièrement avec son avalanche d’influences tous azimuths.

Le talent est bien là, le refrain claque dans la tronche de "My Bridges Burn" est là pour le prouver. Les rythmiques de Billy sont devenus des modèles du genre, quel écart avec les eighties, le plus bel exemple de transition entre deux styles de musique antagonistes que je connaisse. "Take The Power" nous replonge dans les effluves de l’opus Love avec son mix d’influences, cette fusion dont le CULT est un magnifique représentant, le chant linéaire de Ian débouche sur un refrain qui déchire remarquablement. "War" est un autre titre sous amphétamines, avec quelques digressions cold wave et ce son si spécifique. Toujours de la belle ouvrage, "Ashes And Ghosts" ouvre a la sensibilité sur un refrain clair et lumineux, nous retenons le charmant refrain de "Speed Of Light". "The Saint" développe beaucoup de puissance mais le refrain tombe un brin à l’eau, dommage, enfin, "Shape The Sky" passe bien mais ne se retient pas des masses.

Un bel album du retour ! Le son est a nouveau celui du CULT, et c’est un véritable plaisir de le retrouver en si bonne forme. A mon goût l’album évolue sur une base de 3.5 étoiles, j’en retiens la fabuleuse présence de "Nico", qui pour moi représente à merveille les capacités de composition du duo des frères ennemis. Je reste sur un 3 sans doute un brin sévère, mais il reste un gap pour atteindre ici la note supérieure.