Pour comprendre le changement radical que Tetsu INOUE opère avec Waterloo Terminal et Psycho-Acoustic, il faut remonter quelques années en arrière. Installé aux États-Unis depuis 1986, il découvre la scène expérimentale new-yorkaise et fait la connaissance de John ZORN qui le signe sur Tadzik en 1998. Il travaille également avec deux compatriotes, Kato HIDEKI et Ikue MORI, dont le disque Death Ambient, enregistré en compagnie du guitariste Fred FRITH, constitue une influence évidente et avouée. À partir de là, l'artiste japonais délaisse complètement l'ambient atmosphérique qui faisait sa marque de fabrique jusqu'à World Receiver, pour se concentrer sur une musique plus déstructurée et abrupte.

Sur Psycho-Acoustic, Tetsu INOUE continue d'explorer les possibilités offertes par l'outil informatique. L'album ne se compose en effet que de sons générés par ordinateur, patiemment triés et assemblés durant des milliers d'heures de travail, d'après ce qu'on peut en lire sur le site du label Tadzik. Ce dernier nous le présente également comme la musique électronique la plus intéressante depuis la période classique de STOCKHAUSEN et XENAKIS, remarque plus qu'excessive, mais après tout ce n'est que du marketing. À l'instar de Waterloo Terminal, on se retrouve ici face à une foultitude de glitchs et autres petites bizarreries électroniques s'enchaînant de manière apparemment aléatoire, sans rythmes, exception faite de "Tom & Tone", enregistré avec Ikue MORI aux percussions.

Contre toute-attente, Psycho-Acoustic n'est pas aussi hermétique qu'il pourrait le laisser croire. En jouant le jeu jusqu'au bout, on se laisse graduellement hypnotiser par ses morceaux étranges, toujours à l'affût d'une nouvelle micro-structure qui apparaît aussi vite qu'elle s'évanouit. Images furtives, signaux déformés, formes abstraites, cette musique n'évoque rien de connu. Notre Japonais imagine ici une nouvelle langue, celle des machines, comme si subitement consoles et ordinateurs avaient abandonné les suites de 0 et de 1 pour s'essayer à la communication orale. On n'y comprend évidemment rien, mais cela ne nous empêche pas d'être intrigué.
Néanmoins, il faut bien reconnaître qu'il s'agit tout de même là d'une œuvre exigeante et ardue, à réserver sans doute en premier lieu aux inconditionnels du glitch et aux complétistes endurcis de Tetsu INOUE.

Note réelle : 2,5/5