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Tetsu INOUE - Inland (2007)
Par JOVIAL le 13 Octobre 2024          Consultée 238 fois

Où se trouve Tetsu Inoue ?

Cette question, personne n'est aujourd'hui en mesure d'y répondre. Et si vous l'êtes, vous devez probablement être un intime de l'artiste nippon. Car l'intéressé n'a plus donné signe de vie depuis la sortie d'Inland en 2007. Une rumeur tenace affirme qu'il serait retourné au Japon où il aurait trouvé la mort lors du tsunami de 2011. Une autre fait de lui un jōhatsu, un 'évaporé', un disparu volontaire, vivant désormais loin des siens. Cela semble l'hypothèse la plus convaincante, Tetsu INOUE ayant toujours été un homme très discret, n'accordant que peu d'interviews, ne se produisant que rarement en live et ne donnant que très peu d'informations au sujet de sa vie privée – on ne connaît d'ailleurs à l'heure actuelle ni son âge ni son lieu exact de naissance. En 2019, certains avaient cru à son retour en découvrant sur Facebook la pochette d'Upon the Inhalation of Tomorrow, nouvel album dont on attend toujours de voir la couleur aujourd'hui, autant que de savoir qui pouvait réellement se cacher derrière cette publication.

Inland est le dernier disque de Tetsu INOUE, publié sur le label Fax en mai 2007, le premier depuis Slow and Low douze ans plus tôt (1). Tout cela ressemble fort à un retour aux sources, ce qu'un rapide coup d'œil à l'objet en lui-même vient promptement nous confirmer. Les titres évoquent la spiritualité bouddhiste zen ("Wabi", "Zen"), la nature ("Kaze", "Tree and Me", "Symphony H20") et la contemplation ("Mini Moon"). Le titre de l'album est peut-être quant à lui une référence à la mer intérieure de Seto, parfois nommée 'Inland Sea' en anglais et bordant l'île de Kyūshū dont l'artiste est originaire. Après s'être passionné pour les nouvelles technologies et les paysages urbains, il semble aussi que Tetsu soit désormais à la recherche d'une nouvelle retraite, un 'inland' caché, loin de la Ville, de ses excès et de ses tristesses. Voilà qui n'est pas sans rappeler Ambiant Otaku et Organic Cloud, ses deux premières œuvres, odes électroniques dédiées au recueillement et à la méditation.

Mais Inland ne boxe plus tellement dans la même catégorie. De l'ambient, toujours, et le plus pur qui soit même, mais évitant soigneusement la moindre répétition. Comme avec Yolo, Tetsu s'affranchit des loops, laissant sa musique évoluer sans avoir recours à un motif de base. Pour autant, sa musique n'en demeure pas moins faussement statique. Un souffle fragile nous guide à travers le rideau de brume, faisant lentement vibrer les particules, révélant aussi de subtiles nuances au fur et à mesure de l'écoute. La mesure est idéale, ces atmosphères vaporeuses restant suffisamment légères pour ne pas nous étouffer, mais assez denses pour nous garder concentré jusqu'aux dernières secondes d'"Overlook". Les textures sont également très travaillées, aériennes, parfois froides et dans le même temps toujours extraordinairement douces et réconfortantes. Fascinant contraste que Tetsu INOUE développe et enrichit au gré des huit morceaux qui composent son album, visions d'une vallée paisible, refuge idéal des grands fatigués du monde. Vous connaissez certainement ces images du parc Jigokudani dans les montagnes d'Honshū, où les macaques japonais viennent échapper à la neige en se baignant dans les sources chaudes. Ce disque est notre Jigokudani, repli secret et serein, dissimulé par les vapeurs d'eau bouillante.

Avec le recul, on ne peut s'empêcher de considérer Inland comme un testament. Tetsu INOUE ne révolutionne pas foncièrement l'ambient, mais livre toutefois ici un des albums les plus aboutis et importants du genre. Bouclant la boucle, il conclut en nous offrant une œuvre gigantesque, le couronnement d'une carrière dédiée à l'expérimentation et au refus d'une musique électronique trop facile. Est-ce pour cette raison qu'il disparut peu de temps après la sortie de cet ultime effort ? Considérait-il avoir finalement tout dit ? On ne le saura sans doute jamais. Qu'importe ! Où qu'il se trouve, et plutôt que de lui reprocher son 'évaporation', disons-lui simplement une chose : merci.

(1) En réalité, si Tetsu INOUE a cessé de publier ses albums solo sur Fax +49-69/450464 à partir de 1996, il continue tout de même d'enregistrer pour le label allemand, notamment en compagnie de Pete NAMLOOK. Sa dernière collaboration, le quatrième 2350 Broadway, sort d'ailleurs quelques mois avant Inland.

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- Tetsu Inoue (tout)


1. Mini Moon
2. Tree And Me
3. Zen
4. Kaze
5. Peak
6. Symphony H2o
7. Wabi
8. Overlook



             



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