Ça y est, maintenant qu'il a été un peu secoué et au vu de l'excellent accueil réservé à son dernier single "Tiny Little Ice Cubes" par les plumes les plus fines et influenceresses du monde, ce cher Gilles SNOWCAT est bien reparti pour nous abreuver de sa créativité. Et quoi de mieux que la période précédant les fêtes pour remettre le couvert, sans attendre ?

Cela dit, le chapon ou la dinde ne sont pas encore prêts, et comme on a eu droit aux petits glaçons des cocktails encore à temps pour l'été, le musicien officie toujours au bar. Les tables ne sont pas dressées, mais les tabourets oui. Or les plateaux de boissons sont prêts et pleins, mais les serveurs traînent, sans doute à force d'exhiber leurs fucking tatouages et faire du gringue sans vergogne aux clientes qui s'ennuyaient sur leur smartphone face à un gentil et généreux cavalier qui tendait à les amener sur un terrain de discussion culturel, intéressant du moins.

"Staff Wanted", c'est donc l'invective du barman qui court sans bouger après ses troupes de biceps cassés, à qui le client bafoué pourrait fort bien réclamer une part de retenue sur salaire (ce qui satisferait le taulier également), pour punition un peu gratuite mais bien méritée, non sans avoir prétexté à son invitée une pause urgente pour mieux se barrer en douce et la laisser tout payer. Et Joyeux Noël ! Cela pourrait aussi rappeler une comédie bien américaine appelée Waiting/Service Non Compris, avec tout de même moins de tumulte dans un service des plus relâchés.

Un très bon morceau héritier de la pop-punk british fin des années 70, où le trio Snowcat/S. Bournier/Hetpampa, respectivement chant-claviers/batterie-choeurs/guitares-basse-prog-choeurs, bref l'équipe gagnante établie désormais, fait preuve d'une excellente énergie. Lew ELLYN ainsi que la famille Bournier se joignent au clairon vocal criant 'staff wanted' dans la petite reprise courte du morceau, après que celui-ci a été interrompu par un orgue Hammond solo employé de manière foraine.

Entretemps, il y a aussi eu "Daily Struggle", ballade où l'on entend tout aussi bien le chant grave et rauque de SNOWCAT, mais cette fois sur de beaux accords feutrés, nappes et clavecin électronique très fin d'années 70, programmation harpe aussi. Et puis pour ne pas toujours donner le sentiment du morceau calme après le plus enlevé, la batterie réverbérée et puissante de Sebastien Bournier (qui écrit seul la chanson, déjà présente sur son projet ESSE - A Frenchy Moody Evening, 2021) vient créer la surprise, des choeurs au mellotron se substituent aux normaux. De la belle ouvrage encore, et qui nous laisse espérer le meilleur pour la suite.

C'est en fait un peu moins le cas, puisque les deux derniers titres sont instrumentaux et relativement courts, même s'ils demeurent fort plaisants. "Club Christmas" est parcouru d'un bon groove, décontracté et nocturne, avec des petits bongos sympas, un pédalier basse mélodique et baveux, un clavecin électronique grisant. Le dernier titre, "Team New Year", reprend le même arrangement mais en plus reggae, avec davantage de piano et en opposant mieux la contribution baroque synthétique avec un Clavinet funky.

Sans être percutant tout le long (seuls les deux premiers titres le sont), c'est un single honnête. D'autant plus que SNOWCAT avoue sa flemme légendaire en tentant de s'en remettre à une IA et en laissant ainsi ChatGPT lui faire son livret, en répondant à ses questions. Tout ça pour une réponse et demie sur cinq de juste mais un partage fort rigolo de la part de l'artiste, forcément sceptique de base envers ces joujoux-là.

Ah, et dernier point positif : ce single dure le temps parfait pour la cuisson du riz !
Joyeux Noël à tout le monde, sauf aux Coréens déshumanisateurs et aux barbus tatoués (serveurs ou non, tiens).