"Il prend racine sur la plage, attrapant au hasard un des fruits tropicaux disposés sur l'assiette. Il avait perdu la notion du temps, ne sachant plus du tout s'il assistait au lever ou au coucher de soleil. Comme si elle lisait dans ses pensées, elle lui souffla à l'oreille : 'Ce n'est rien que la lumière vive du soleil'." (extrait du press-kit de Sheer Sunlight)

Comme chaque année maintenant, Gilles SNOWCAT nous propose son single d'été, cette fois sous forme de chanson unique. Seule et nimbée de soleil sur l'océan, apparemment nourrie de fortes doses de café vietnamien, mais les autorités locales auraient retrouvé une bouteille de Rhum Agricole traînant près du studio, selon eux à moitié pleine, selon l'intéressé à moitié vide !

Une seule chanson donc pour en profiter, une pochette déjà éloquente et heureusement pas aussi troublée que celle de Radiation (ou Radiat10n) de MARILLION, tout comme la musique d'ailleurs. Reste à savoir si Gilles SNOWCAT est prêt ou non à reprendre le talent vacant laissé par un Brian Wilson qui vient de décréter vouloir se reposer pour de bon (et partager son véritable 'endless summer' avec Melinda, sa sauveuse).

En tout cas, c'est un arpège de guitare bien californien par le sieur Patrick Deltenre (compatriote belge plutôt spécialisé dans le jazz mais revenu ici à ses premières amours blues-rock) qui nous accueille, avec ce petit grain aussi frais que kitschounet, ciment de la musique des îles. Et pour cause, dès la deuxième citation du thème, un rythme typiquement zouk s'installe !

On pourrait dire que ça aussi, c'est fort de café (vietnamien, guadeloupéen ou même danois, si c'est ce cher Assad qui le prépare comme dans les géniales Enquêtes du Département V) ; pourtant, rien de rebutant, car on connait bien les accointances du Chat des Neiges avec le reggae. C'est la même mer (pas franchement côté Japon, certes), et le plaisir se trouve vite 'personnalisé' grâce à ses petites harmonies de l'espace au clavier-string machine ! Un autre point commun – et un bon - avec les BEACH BOYS qui, a leur apogée créative, aimaient beaucoup cela également.

La basse du Duke Quarcoo, bien héritière d'un certain Jaco PASTORIUS, résonne royalement, goulue et métallique, tandis que s'installent la voix traînante et vacancière de mister SNOWCAT et les chœurs fins qui l'accompagnent pour la mélodie véritable, à savoir hetpampa l'habitué et surtout Lucy Tasker (également journaliste, clarinettiste/saxophoniste mais pas ici). La chanson est poppy-détente telle qu'on pouvait l'attendre, pas sans surprise grâce une petite modulation et un refrain en accalmie.

Sympa sans aller vraiment plus loin, la chanson contient surtout de bons éléments en termes d'exécution, comme également le tandem Octave Komlan (percussionniste togolais qui fait pulser les congas)/Máté Jancsovics (batterie-loops, des groupes hongrois PUNNANY MASSIF et BSW LIVE). Il y a encore cette coda-récréation instrumentale avec de nouveau les cordes-claviers et un joli duo soliste guitare wha-wha/clavinette (par le principal intéressé qui tient toujours son verre dans l'autre main). On peut seulement espérer que SNOWCAT fasse d'autres choses non-moins abouties (plus, même, c'est mieux) avec cette forme d'équipe qui lui sied bien !