Brandi CARLILE est indissociable du format EP, puisqu'elle a publié plus de morceaux sous ce format qu'en albums. Certains, constitués de démos ou de version alternatives de ses morceaux, revêtent un intérêt mineur même s'ils peuvent apporter un éclairage nouveau sur la progression de son écriture. D'autres, notamment ceux qui nous permettent de découvrir son répertoire dans un environnement live, se révèlent bien plus précieux, d'autant plus lorsqu'on sait qu'à ce jour, l'Américaine a publié un seul album officiel, qui plus est enregistré en compagnie d'un orchestre symphonique.

Ainsi, cet EP digital proposé par Columbia en septembre 2008 est un petit trésor. Proposant quatre morceaux issus d'un concert donné à Boston le 5 mai 2007 (concert dont est également issu le single "Creep", reprise de RADIOHEAD, diffusé également en 2008), il nous permet de découvrir Brandi sur scène, dans une configuration folk-rock mettant en exergue sa relation avec fusionnelle avec les "Twins" Phil et Tim Hanseroth, qui complètent son groupe ou, selon les dires de la chanteuse, sont devenus des membres de sa famille.

Nous retrouvons ici toutes les facettes qui constituent l'identité de l'association de bienfaiteurs formée par Brandi CARLILE et ses acolytes. "Have You Ever", titre folk dont la beauté intemporelle se pose en référence directe à Cat STEVENS ou DONOVAN, est le premier des titres ici présentés. Il y a dans la voix de Brandi une intimité immédiate créée par ce grain de voix légèrement rugueux, au charme fou. La voix de la chanteuse se pose ici comme une caresse sur ces arpèges délicates et aériennes, rehaussées par les harmonies vocales toutes en nuances des Twins, qui donnent au morceau un goût d'éternité. Il y a eu le Big Bang et, dans son sillage, est né "Have You Ever".

"What Can I Say" voit Brandi piocher dans son premier album, proposant cette valse folk particulièrement réussie, un de ses meilleurs morceaux de jeunesse, ici agrémenté d'un violon pouvant évoquer l'univers d'un Chuck RAGAN. Lorsque débarque "The Story", l'ambiance change puisque la distorsion fait son apparition sur ce morceau-monde, véritable mastodonte de la musique folk-rock contemporaine, qui gagne encore en éclat dans cette version live. Brandi s'arrache et use sa voix comme s'il n'y avait pas de lendemain, en communion avec un public qui accueille comme une offrande cette chanson d'une grâce et d'une authenticité que l'on ne rencontre que rarement au cours de son existence.

Enfin, l'EP s'achève sur une audacieuse reprise du "Folsom Prison Blues" de Johnny CASH, une des inspirations majeures de Brandi CARLILE. L'artiste se balade comme un poisson dans l'eau sur cette ritournelle country énergique, qu'elle interprète avec une respectueuse fidélité. Une version débridée et iconoclaste dont le regretté Johnny serait fier. Brandi fera sienne ce morceau, l'interprétant à de nombreuses reprises au cours de ses différentes tournées, et n'hésitant pas à la bousculer quelques peu pour l'agrémenter, à loisir, d'un long solo de guitare électrique ou d'intéressantes interventions de violoncelle.

Alors en pleine ascension, l'artiste américaine propose ici un EP aux allures de flamboyant CV, qui nous donne à découvrir dans un environnement en public les différentes facettes de sa personnalité, entre rage rock, douceur folk et énergie country. Un EP remarquable et, somme toute, un des indispensables de sa discographie malgré le faible nombre de morceaux présentés.